C'est à partir d'entretiens réalisés par le journaliste Will Haygood du "Washington Post" que le scénariste Danny Strong a écrit l'histoire du "Majordome". A l'approche de l'élection de Barack Obama à la présidence, Haygood avait recherché un Afro-Américain ayant travaillé à la Maison Blanche pour témoigner de la période des mouvements du droit civique aux Etats-Unis. Il est tombé sur Eugene Allen, majordome de huit présidents entre les années 50 et 80, qui a servi de base au personnage de Cecil Gaines interprété par Forest Whitaker. La production du film a été arrêtée pendant sept jours par prévention contre l'ouragan Isaac, rétrogradé en tempête tropicale à la Nouvelle Orléans. Durant toute cette période menaçante, "Le Majordome" a été le seul film en tournage dans toute la ville. Depuis 1998, Oprah Winfrey n'a pas joué au cinéma un autre rôle que le sien. Elle partageait alors l'affiche du film d'horreur de Jonathan Demme, "Beloved", avec Danny Glover. Elle change cette fois de registre avec "Le Majordome" dans lequel elle interprète Gloria Gaines, l'épouse de Forest Whitaker. La productrice milliardaire a débuté sa carrière d'actrice en 1985 dans "La Couleur pourpre" de Steven Spielberg, un rôle qui lui a valu une nomination aux Oscars. C'est la deuxième fois que Robin Williams joue un président américain au cinéma. Il avait déjà incarné Theodore Roosevelt dans "La nuit au musée" en 2006. Pour "Le Majordome", il est cette fois le président Eisenhower. "Le Majordome" est la traduction littérale du titre original "The Butler". Cependant, aux Etats-Unis, le film a été contraint de changer de titre pour "Lee Daniels' The Butler" après des différents avec Warner Bros qui a engagé des poursuites judiciaires contre "The Weinstein Company" (qui distribue le film de Lee Daniels). La cause ? Un court-métrage muet de 1916 appartenant aux studios Warner s'appelle déjà "The Butler" et la compagnie craignait la confusion dans l'esprit des spectateurs. Selon l'infatigable Harvey Weinstein, la raison tient plus du chantage. Il témoigne que des représentants de la Warner seraient venus pour lui demander de renoncer à ses droits sur "Le Hobbit : un voyage inattendu" (les Weinstein avaient négocié les droits des romans de Tolkien il y a bien longtemps, ce qui leur rapporte encore aujourd'hui 2.5 % des recettes sur ces films) en échange de quoi la plainte serait retirée... Le couple Kennedy aurait pu ne pas être incarné par Minka Kelly et James Marsden dans "Le Majordome". Le personnage de la première dame a d'abord été proposé à Mila Kunis tandis que le rôle du président est passé entre les mains de Matthew Mc Conaughey qui a finalement abandonné le rôle pour cause d'emploi du temps incompatible. "Le Majordome" est le dernier film produit par Laura Ziskin qui succomba d'un cancer du sein à l'âge de 61 ans, pendant la production du film en juin 2011. Elle avait notamment produit "Pretty Woman" (1990) de Gary Marshall, la trilogie "Spider-Man" (2002, 2004 et 2007) de Sam Raimi ainsi que le reboot "The Amazing Spider-Man" (2012) de Marc Webb. A partir de cette date, c'est la productrice Pam Williams qui a repris le projet pour lui permettre de voir le jour. Lee Daniels retrouve son amie, la chanteuse Mariah Carey, pour la seconde fois dans "Le Majordome". Elle avait déjà joué un rôle important dans son film précédent, "Precious" (2009). La célèbre chanteuse a également joué dans "Tennessee" (2006) d'Aaron Woodley que Daniels avait produit. Grand défenseur de la cause inhérente à la communauté afro-americaine à travers ses films, le réalisateur Lee Daniels a particulièrement tenu à faire partie du projet, poussé par son ancienne productrice de "Precious" (2009), Laura Ziskin. Il explique : "Ce film permet de réfléchir à ce que la communauté noire a vécu, au cours des 50 dernières années, afin que des gens comme moi puissent obtenir le droit de vote. Cela transcende la division entre Noirs et Blancs, et j'y tenais, car au-delà du mouvement des droits civiques, le film parle des rapports entre un père et son fils. "Le Majordome" transcende le conflit entre communautés et dépasse même la seule histoire américaine : c'est un récit universel."Le Majordome tranche radicalement avec le reste de la filmographie de Lee Daniels. Pour le réalisateur, il était important de s'attacher à la véracité historique de la période traitée dans le film : "Je me suis rendu compte assez tôt que mon regard sur le monde n'est pas le même que celui de la plupart des gens. Il n'y a aucune scène à caractère sexuel, très peu d'injures ou de propos grossiers, et encore moins de violence, alors que nous traitons d'une période historique extrêmement violente. En tant que cinéaste, je devais donc faire preuve de retenue, et j'en suis très fier", explique alors Daniels. La production du "Majordome" a été mouvementée. Alors qu'elle en était encore à ses débuts, la productrice principale, Laura Ziskin, succomba de son cancer laissant le réalisateur Lee Daniels seul. Cependant, avant de partir, la productrice avait parlé du projet à deux fondateurs d'une chaîne de télé afro-américaine. Le projet s'est relancé et la nouvelle équipe a décidé de démarcher de nombreux producteurs indépendants, si bien que des investisseurs externes à l'industrie du cinéma ont décidé de financer le film, tel un miliardaire ukrainien ou l'ancien joueur de la NBA, Michael Finley. Résumé du film Le jeune Cecil Gaines, en quête d'un avenir meilleur, fuit, en 1926, le Sud des États-Unis, en proie à la tyrannie ségrégationniste. Tout en devenant un homme, il acquiert les compétences inestimables qui lui permettent d'atteindre une fonction très convoitée : majordome de la Maison-Blanche. C'est là que Cecil devient, durant sept présidences, un témoin privilégié de son temps et des tractations qui ont lieu au sein du Bureau Ovale. À la maison, sa femme, Gloria, élève leurs deux fils, et la famille jouit d'une existence confortable grâce au poste de Cecil. Pourtant, son engagement suscite des tensions dans son couple : Gloria s'éloigne de lui et les disputes avec l'un de ses fils, particulièrement anticonformiste, sont incessantes. À travers le regard de Cecil Gaines, le film retrace l'évolution de la vie politique américaine et des relations entre communautés. De l'assassinat du président Kennedy et de Martin Luther King au mouvement des «Black Panthers», de la guerre du Vietnam au scandale du Watergate, Cecil vit ces événements de l'intérieur, mais aussi en père de famille...