Le président syrien Bachar al-Assad a renouvelé l'engagement de son régime à détruire son arsenal chimique et à ne pas faire obstacle à ce processus, dans une interview avec la chaîne vénézuélienne Telesur. «La Syrie s'engage généralement à toutes les conventions qu'elle signe. Elle a remis dernièrement l'inventaire (de son arsenal chimique) à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) et prochainement, des experts se rendront en Syrie pour vérifier l'état des lieux de ces armes», a indiqué M. Assad dans cet entretien réalisé à Damas et diffusé intégralement jeudi par l'agence officielle Sana. «Concernant le gouvernement syrien, il n'y a vraiment pas d'obstacles», a-t-il précisé. Les grandes puissances réunies à New York ont progressé mercredi vers un accord sur plusieurs points cruciaux d'une résolution des Nations unies encadrant le désarmement chimique syrien. Occidentaux et Russes s'opposent sur le recours au chapitre VII pour faire appliquer le programme d'élimination des armes chimiques annoncé le 14 septembre à Genève par Moscou et Washington. Cet accord avait éloigné la menace de frappes militaires contre le régime syrien, accusé d'être à l'origine d'une attaque à l'arme chimique lancée le 21 août près de Damas. M. Assad n'a toutefois pas écarté une intervention armée des Etats-Unis dans son pays. «La possibilité que les Etats-Unis lancent une attaque contre la Syrie est toujours réelle. Soit sous le prétexte des armes chimiques, soit pour d'autres prétextes», a-t-il assuré. «Si on jette un coup d'oeil aux guerres précédentes, aux politiques des Etats-Unis, au moins à partir de la première moitié des années cinquante, on voit qu'il s'agit d'une politique qui passe d'une agression à une autre. Cette politique n'a pas changé et je ne vois pas maintenant de raison particulière pour qu'elle change», a jugé le président syrien. Barack Obama a réclamé mardi une résolution «ferme» du Conseil de sécurité assortie de «conséquences» sur la Syrie depuis la tribune de l'ONU, où les pays occidentaux et la Russie, alliée indéfectible de Damas, s'opposent sur un éventuel recours à la force. «Les Etats-Unis ne peuvent pas avoir recours au Conseil de sécurité comme ils le faisaient dans les années 90, il y a davantage d'équilibre en son sein» aujourd'hui, a encore jugé le président syrien, en allusion à la présence de son allié russe. Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu ont progressé en direction d'un accord sur l'élimination de l'arsenal chimique syrien mais les négociations continuent, ont déclaré mercredi des responsables américain et russe. Cette mise au point est intervenue après des déclarations de diplomates occidentaux selon lesquelles les Etats-Unis, la Russie, la France, la Grande-Bretagne et la Chine s'étaient entendus sur «les fondements» d'une résolution. «Nous sommes plus proches (d'un accord) sur tous les points importants», avait dit l'un d'eux, ajoutant que le projet de résolution pourrait être «prochainement» présenté au Conseil de sécurité. Cet optimisme a été douché par la Russie. «(Les Occidentaux) prennent leurs désirs pour des réalités», a réagi le porte-parole de la délégation russe aux Nations unies. «Ce n'est pas la réalité. Nous continuons à travailler sur le projet de résolution», a-t-il ajouté. Un responsable américain a confirmé peu après que le texte faisait encore l'objet de discussions. «Nous progressons mais ce n'est pas terminé», a-t-il dit à Reuters. Les Occidentaux souhaitent l'adoption d'une résolution contraignante qui exposerait le régime de Bachar al Assad à des sanctions, voire à des frappes militaires, s'il ne coopère pas avec l'Onu pour éliminer son arsenal chimique, mais Moscou et Pékin y sont opposés. Selon les diplomates occidentaux, un rapprochement entre les deux camps a cependant été rendu possible par un entretien entre les chefs de la diplomatie des cinq membres permanents du Conseil de sécurité et le secrétaire-général de l'Onu, Ban Ki-moon. Les cinq permanents doivent aussi se réunir vendredi pour discuter de l'organisation à Genève d'une conférence de paix en Syrie, ont-ils ajouté.