Un activiste islamiste a été tué dimanche par la police à Tunis et plusieurs autres ont été arrêtés dans la capitale et la ville de Sbitla, ont annoncé dimanche des témoins et un responsable du ministère de l'Intérieur. La Tunisie est en proie à une grande instabilité avec une opposition laïque qui veut le départ du gouvernement dirigé par les islamistes modérés d'Ennahda et la dissolution de l'Assemblée nationale constituante (ANC) et des contre-manifestations de soutien au gouvernement. «La police a tué un terroriste et en a arrêté cinq autres», a déclaré dimanche Lotfi Hidouri, un responsable du ministère de l'Intérieur, qui a précisé que l'assaut avait été mené contre une maison du quartier de Karabia, à Tunis, où les activistes entreposaient des armes. Plusieurs témoins ont en outre rapporté que la police avaient arrêté plusieurs salafistes, soupçonnés de liens avec des groupes armées, dans la ville de Sbitla, au nord de Tunis. D'après un témoin, des dizaines de salafistes se sont ensuite rassemblés devant le QG de la police à Sbitla pour protester contre des arrestations. Les policiers ont tiré en l'air pour les disperser. Samedi soir, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté pour soutenir le parti Ennahda au pouvoir. «Aujourd'hui, (l'opposition) veut essayer de l'éteindre en organisant un coup d'Etat», a déclaré à cette occasion Rachid Ghannouchi, chef de file d'Ennahda. «La contre-révolution ne l'emportera pas.» L'opposition s'est de son côté engagée à réunir plus de monde au cours d'une manifestation prévue dimanche soir et prévoit également un rassemblement, mercredi, pour commémorer l'assassinat de Chokri Belaïd, figure de la gauche laïque. Le meurtre de Chokri Belaïd, en février, et celui fin juillet de Mohamed Brahmi, issu du même camp, ont plongé le pays dans sa pire crise politique depuis la chute de l'ancien président Zine Ben Ali en janvier 2011. L'opposition laïque accuse Ennahda d'être lié aux attaques menées par des islamistes radicaux, ou du moins de les tolérer. Le parti dément toute implication et qualifie les deux assassinats d'actes terroristes. Le ministère tunisien de l'Intérieur a annoncé samedi que les forces de sécurité avait déjoué vendredi une tentative d'assassinat visant un homme politique important dans la ville touristique de Sousse. L'armée a, par ailleurs, lancé vendredi une offensive aérienne et terrestre contre les groupes armés islamistes retranchés dans le djebel Châambi, un massif montagneux proche de la frontière algérienne. Lundi dernier, huit soldats tunisiens avaient été tués dans cette région. Dimanche, l'explosion d'une mine dissimulée par des militants islamistes dans ce secteur a fait un mort et sept blessés dans les rangs de l'armée, a-t-on appris auprès de cette institution. Selon Radio-Tataouine, contrôlée par l'Etat, ainsi que d'autres médias tunisiens dimanche, les forces tunisiennes ont tué dix militants au mont Châambi et arrêté trois autres. Les autorités ont refusé de commenter l'information. Cette semaine, les forces de l'ordre ont été visées par une mine et par un attentat à la bombe à Tunis, premières attaques de ce genre dans la capitale. Il n'y a pas eu de blessés. Dimanche, le Premier ministre, Ali Larayedh, issu d'Ennahda, a déclaré à des journalistes qu'un homme soupçonné d'être lié à l'assassinat de Chokri Belaïd avait été intercepté par les forces de l'ordre. «J'invite les terroristes qui sont traqués par les forces de sécurité à se rendre. Il n'y a pas d'avenir dans le terrorisme», a-t-il ajouté devant le ministère de l'Intérieur où une conférence de presse est prévue en fin de soirée.