D'abord entendons nous bien. Jeudi dernier, 18 juillet, personne ne pouvait penser que l'A.G. de la FRMF ne se tiendrait pas. Tout avait été préparé, les textes rédigés et imprimés, les différents bilans préparés (et quatre ans de rapports, on peut penser que cela en fait de la paperasse), les convocations étaient lancées, les salles de réunions louées, les repas et buffets (pour plus de 300 personnes !) commandés, les arrhes avancées. La fine fleur du bureau d'Ali Fassi Fihri, président du foot, candidat à sa propre succession, était depuis plusieurs jours à pied d'œuvre à Skhirat lieu de l'A.G. et mettait les derniers ajustements à ce qui devait être l'événement de la semaine. Il le sera, mais pas pour les mêmes raisons que celles escomptées par les organisateurs. Vers 17h 30, la principale collaboratrice de Ali Fassi Fihri, Nawal Khalifa reçoit un S.M.S. Il provient du président « Arrêtez tout, il n'y aura pas d'assemblée. Elle est reportée, je ne désire plus être candidat, je me retire. On va préparer un communiqué en ce sens pour informer l'opinion publique ». Rares sont les intimes qui ont pu contacter le président afin d'en savoir plus. Les autres se perdent en conjonctures. Certains parlent de nouvelle grave, d'autres qualifient cela de « sommet de la plaisanterie » mais tous décident qu'il est urgent d'attendre et tous rentrent chez eux pour un f'tour plein de questions et d'inquiétudes. Vers 21 heures le communiqué est prêt. C'est Ali Fassi Fihri lui- même qui l'a rédigé. Il est laconique, impersonnel, peu clair pour tous ceux qui ne sont pas au fait des choses juridiques du sport. Mais à 23 heures, il est mis en ligne sur le site officiel de la fédé, et durant toute la journée de vendredi et tout le week-end ce sont les termes du communiqué qui seront repris, lus et relus sur les ondes. Les journaux, quant à eux, week-end oblige , ont été pris de court et n'ont pu approfondir la chose. Très vite, d'ailleurs, la voix populi oublie tout cela (amendements, statuts, conformité des lois, etc...) pour ne plus se focaliser que sur l'essentiel à ses yeux : Qui remplacera Ali Fassi Fihri ? Dans notre espace public où l'on aime bien personnaliser les problèmes au lieu de réfléchir au fond des choses, on a pris l'habitude d'avoir des têtes de gondole pour s'abstenir de réfléchir. Exemple : Si ça ne marche pas au WAC, c'est la faute de Akram, un échec des Lions de l'Atlas, c'est Taoussi qui est qualifié d'incompétent, et tout à l'avenant. Ainsi, dans la douce torpeur du Ramadan, les cafés se mettent à moudre les noms de celui-ci ou de celui-là. On parle de retour de Moncef Belkhayat, ex-ministre de la J. et S. pour présider la FRMF, on lance, et ça c'est le jackpot, le nom de Faouzi Lakjâa, président de la R.S. Berkane et dès lors tout le monde se dit, mais c'est bien sûr, ça sera lui... On vous dira pourquoi plus loin... Pendant ce temps, silence radio à la FRMF dont les membres paraissent s'être désintégrés dans la nature. Mais que s'est-il passé ? Précisons tout de suite que reporter une A.G. est du ressort du ministère de la J et S, et cela rentre dans ses compétences. C'est le ministre qui a la tutelle sur toutes les fédérations qui ont, juridiquement, besoin de sa délégation de pouvoirs, pour gérer la chose sportive. Or, en ce qui concerne la FRMF, celle-ci est tellement forte que les ministres des Sports, lui ont toujours manifesté une attention des plus prudentes. Quant à Ouzzine empêtré dans bien des problèmes, on le voyait mal, du jour au lendemain, devenir une sorte de Superman, capable d'un coup de crayon d'envoyer balader président et fédération de foot. On savait que les relations n'étaient pas au beau fixe entre les deux entités mais que le différent, si différent il y a, attende jusqu'à la veille d'une A.G pour éclater cela paraît fort de café. « Ceux qui savent » ont tout de suite la réponse. « Ali Fassi Fihri a été lâché par ses soutiens en haut lieu, le pouvoir sur le foot, change de mains, si le gars de Berkane se pointe à la présidence c'est qu'il est soutenu par un fort parti politique à la tête duquel on trouve un homme des plus influents ». Et voilà, c'est parti, ... les plus folles rumeurs battent la campagne. C'est désormais de cela que l'on va parler et c'est de cette supposée guère des clans et lutte des chefs que les commentateurs vont faire leur beurre. Pourtant... pourtant tout cela était si prévisible que cela en devient comique. Il y a 6 mois (180 jours !!!) à L'Opinion Sport était publié un article intitulé « Pourquoi l'A.G. du foot ne pourra pas se tenir ». Article critiqué par des gars du foot mais jamais contredit, au point qu'on s'est dit : « Bah peut-être qu'on a tort » et on est passé à autre chose. On n'ose penser que les arguments développés dans cet article ont mis autant de temps pour interpeller les uns et les autres. Et ce à quelques minutes de l'A.G. Non, il doit y avoir autre chose. Une autre chose qui se situe entre la lassitude d'Ali Fassi Fihri à être toujours pris pour cible, alors qu'il se disait reboosté et prêt à remplier. Ceux qui l'ont vu lors du f'tour officiel donné en l'honneur de Juan Carlos par S.M. le Roi Mohammed VI peuvent en témoigner. Oublié Gerets et son salaire, les tribulations des équipes nationales, l'affaire KAC-RBM, les questions du Parlement parfois trop insistantes, non Ali Fassi Fihri était re-boosté et dopé au Devoir National. Et, puis jeudi, patatras. On casse tout et on passe à autre chose. Est-ce un vrai départ, on une feinte à la Ahizoune qui annonçait partir de la FRMA pour mieux rester ! Le coup de force du ministre augure t-il d'une nouvelle ère ou bien restera-t-il sans suite comme un coup de boule d'un ministre qui parti pour partir (Ah, ce remaniement) a voulu faire le malin en tirant un baroud d'honneur ? On ne sait... mais l'essentiel, le plus important de tout cela, n'est-il pas que les vrais « proprios » du foot sont les clubs et que ceux-ci n'ont pas encore dit leur mot. Alors qu'ils le disent. C'est le moment ou jamais.