Rien à faire. Le PJD s'accroche au même discours qui a conduit à la crise gouvernementale peu enviable que vit aujourd'hui le Maroc. Les mêmes rengaines et les mêmes contre-vérités persistent malgré le séisme, consécutif au retrait de l'Istiqlal, qui a frappé le gouvernement Benkirane. Aucun effort d'assagissement alors que la responsabilité politique exige de mettre pied à terre et de bannir les incohérences, les surenchères et les fuites en avant qui ont meublé une année et demi d'exercice gouvernemental. Peu enclins à apporter des réponses aux griefs retenus contre un gouvernement handicapé par une crise de gouvernance certaine, par une faiblesse de gestion criarde et par un manque d'expérience évident, les intervenants Péjidistes sur la scène médiatique continuent à ressasser exactement le même discours, au risque d'acculer à une attitude de réserve leurs éventuels futurs alliés. Dangereux comportement, en effet, au moment où le Chef du gouvernement affronte la rude tâche de reconstruction de la majorité gouvernementale. Quelle assurance apportera son parti à ses interlocuteurs si ses membres continuent à insinuer que l'Histoire politique du Maroc a débuté le 25 novembre 2011, que les précédents responsables gouvernementaux étaient des prévaricateurs, ou à s›attribuer carrément les réalisations des autres, y compris celles du Chef de l'Etat ? Nous avons encore eu droit à ce genre de litanies à l'occasion d›une émission sur France 24 la semaine dernière où le représentant du PJD, résidant en France, a usé du même lexique faisant appel aux crocodiles et autres démons et invité les Marocains à "prendre connaissance des réalisations" du gouvernement Benkirane, sans manquer de les énumérer: La réforme de la Justice, l'installation de l'usine Renault à Tanger et de Bombardier Aéronotique à Nouaceur, l'octroi de la priorité aux entreprises marocaines. Excusez du peu, même si le gouvernement Benkirane n'a absolument rien à voir avec ces réalisations. Le chantier de la réforme de la justice d›abord. Il n'a pas à être présenté, encore moins sa genèse et son promoteur. La seule chose à retenir sur ce dossier est que, depuis l'avènement du gouvernement Benkirane, le processus de réforme n'en finit pas de faire du sur place avec, en sus, une tension sans précédent entre les différents corps de la Justice et le département de tutelle. L'usine Renault à Tanger. S'attribuer cette réalisation équivaut à un hold-up. Le projet qui constitue une tête de pont pour développer la gamme de véhicules "low cost" aux portes de l'Europe, avait été lancé en automne 2007 sous la houlette de SM le Roi. Le seul rôle joué dans ce projet par le gouvernement actuel est d›avoir compté parmi les témoins oculaires de son inauguration par le Souverain et le PDG de Renault. Et l'on peut en dire autant pour l'usine Bombardier, un projet, là encore, qui date. Quant à la priorité aux entreprises nationales dans la réglementation marocaine des marchés publics, il n'y a pas de secret, son décret d›application remonte à février 2007. Cette fâcheuse et peu crédibilisante tendance à s'attribuer les réalisations des autres trouve son explication dans la traversée du désert d›une année et demi où la seule "réalisation" notable a été l'augmentation des prix des carburants "pour veiller aux équilibres macro-économiques", en attendant de réformer la Caisse de compensation (selon quel scénario ?), c'est-à-dire en attendant le pire. Mais gardons-nous, malgré tout, de taxer le gouvernement Benkirane d'anti-social.