Par : Mohammed Zainabi PAM, RNI et USFP sont sur la même longueur d'onde. Tous crient au manque de visibilité et en appellent à une définition claire des priorités gouvernementales. Même s'il est occupé par ses préparatifs pour l'élection de nouveaux membres de sa commission administrative, prévue le 12 janvier, l'USFP ne s'empêche pas de critiquer le bilan de l'an I du gouvernement. Driss Lechgar n'a de cesse de rappeler que les réalisations restent bien en deçà des attentes des Marocains. Pour lui, « il est urgent que Benkirane et son équipe se ressaisissent pour s'occuper des vrais problèmes du pays au lieu de verser dans la politique politicienne ». Le même son de cloche se fait entendre auprès du RNI. A l'occasion de la création de ses bureaux régionaux, le parti de la colombe abonde dans le même sens. Son président critique, à chacune de ces sorties, le manque de cohérence de la politique gouvernementale face aux problèmes économiques et sociaux du pays. Salaheddine Mezouar crie à l'envi que les ministres de l'équipe de Benkirane ne font que poursuivre les actions savamment préparées et lancées par leurs prédécesseurs. Le patron du RNI rejoint Lechgar pour demander de la clarté concernant l'agenda gouvernemental. Et ce n'est certainement pas le PAM qui dirait le contraire. Au-delà de son opposition farouche à la méthode Benkirane, le parti du tracteur a été l'un des plus virulents de l'opposition. Ses dirigeants ont été d'ailleurs les premiers à dénoncer le manque de visibilité dans le travail gouvernemental. En somme, les partis de l'opposition ne sont pas prêts de baisser le ton, loin s'en faut, comme le montrent ces réactions. Khalid Achibane, PAM « Après une année au pouvoir, le gouvernement conduit par le PJD a bien montré ses limites. Nous estimons que 2012 a été une année blanche sur le plan économique notamment. Le citoyen, avant même le politicien, est le premier à avoir fait ce constat. Tout le monde attend qu'il y ait enfin des mesures concrètes, loin du verbiage inutile et des déclarations sans lendemain. Malheureusement, nous constatons qu'il y a encore beaucoup de perte de temps. Pourtant, l'économie du pays va mal. Il est plus qu'urgent que les actions correctives nécessaires soient menées. C'est le débat économique qui doit primer aujourd'hui sur celui politique. De même, la priorité doit être donnée au social ». Naïma Farah, RNI « Il y a un flou total quant à l'action gouvernementale. Il n'y a non plus aucune visibilité concernant ses priorités. Nous estimons au sein du RNI que le gouvernement actuel ne fait que poursuivre les actions entreprises par son prédécesseur sans réaliser de résultats concrets. Ce n'est pas sans raison que la crise s'aggrave». Mohamed Talbi, USFP « Il est clair que le gouvernement manque de cohésion. D'où son manque d'efficacité. L'équipe de Benkirane donne l'impression de naviguer à vue, au point que des questions essentielles, comme celles relatives à l'économie du pays, sont reléguées au second plan. Pire, le gouvernement conduit par le PJD a une fâcheuse propension à verser dans un nihilisme à la fois insultant et dangereux. Ce parti ne pourrait continuer à s'ériger en saint en traitant tous ses détracteurs comme des prévaricateurs et en allant même jusqu'à insulter certaines institutions. Aujourd'hui, le gouvernement annonce en grande pompe qu'il veut réformer la Caisse de compensation. Certes, c'est là un travail nécessaire. Mais il ne doit pas être mené en proférant des mensonges aux Marocains en faisant miroiter aux plus pauvres d'entre eux une aide sans leur dire toute la vérité sur le coût de la vie. Celui-ci va exploser et tout le monde en paiera les frais si les avoirs de la Caisse de compensation seraient drastiquement baissés. Je note aussi qu'au lieu d'inscrire le dialogue comme élément moteur de sa démarche, ce gouvernement exacerbe les tensions. J'en donne pour preuve ce qui se passe dans le département de la Justice. En somme, chaque ministre de l'équipe de Benkirane semble vouloir mener sa réforme comme bon il lui semble».