La tribu d'Aït Amou Issa et d'autres tribus zayanes ont vécu le premier jour du mois sacré au rythme du deuil et des protestations. En effet, la nouvelle s'est vite répercutée concernant un jeune homme de 27 ans environ qui aurait été tué par balle, en ce premier jour du ramadan, par des gardes forestiers dans la forêt d'Ajdir. Une attaque vraisemblablement liée à des activités illicites, a annoncé un témoin oculaire. A. Abderrahmane, marié et père d'un enfant de 4 ans, et dont la femme est enceinte de 9 mois environ, aurait été abattu par trois gardes forestiers qui auraient tiré plusieurs coups de feu dans sa direction au moment où il s'apprêtait à s'enfuir. Selon le témoignage d'un de ses acolytes : «Vers 1 heure du matin, nous étions six personnes en train d'abattre clandestinement une cédraie. Soudain, nous avons senti l'arrivée de personnes qui n'ont pas hésité à nous tirer dessus. Nous nous sommes dispersés dans l'obscurité, mais Abderrahmane a été touché par plusieurs balles. Le regretté a succombé à ses blessures sur le lieu de l'attaque ». Alertés, les parents, les amis, les proches du défunt et des sympathisants se sont rendus sur les lieux pour s'enquérir de la situation. Après l'arrivée tardive des autorités locales, des membres des forces auxiliaires et des membres de la gendarmerie royale sur les lieux de l'événement, les parents de la victime, qui les avaient précédés, ont refusé de livrer la dépouille du décédé aux autorités compétentes et ont décidé de marcher pacifiquement à destination de la province de Khénifra en vue d'exprimer leur amertume de ce que supportent les habitants de cette contrée tellement riche par ses potentialités forestières inégalées. Les protestataires dont le nombre dépasse 2000 individus ont marché pendant 5 heures pour arriver devant le siège de la province en passant par la direction des Eaux et Forêts. Durant le trajet qui dépasse les 25 kilomètres, les forces de l'ordre n'ont pas cessé d'entraver et de bloquer les marcheurs, mais la persévérance de ces derniers était décisive. Il est à signaler que le gouverneur de Khénifra s'est mobilisé en personne pour convaincre les protestataires de renoncer à cette marche et de livrer la dépouille du disparu au autorités compétentes pour faire le nécessaire conformément aux instructions du procureur général, mais sans résultat. Une mobilisation massive des forces de l'ordre mobilisées, de Meknès, Béni Mellal, Fès, El Hajeb, Zaouyat Cheikh et Khénifra... a ému les protestataires qui se sont dispersés juste après une intervention musclée de ces forces. Cette intervention a fait des blessés en nombre de part et d'autre, sans parler des arrestations dont le nombre demeure inconnu jusqu'à présent. Après avoir éparpillé les contestataires, le Wali de Meknes-Tafilalt, assisté par le gouverneur de Khénifra, le secrétaire général de la province et d'autres personnalités, a reçu les membres de la famille du regretté auxquels il a présenté ses condoléances, promettant une prise en charge des obsèques. Ensuite, il a déclaré que les auteurs du crime ont été arrêtés sur instruction du procureur général près la cour d'appel de Meknès et qu'ils seront jugés. En somme, le cadavre du trépassé a été admis à la morgue de l'hôpital provincial de Khénifra pour autopsie. Une enquête minutieuse s'impose pour élucider les circonstances de ce crime qui a secoué tous les habitants de la contrée. Enfin, personne ne conteste qu'au moment où la forêt devrait être un levier économique dans cette région montagneuse, il s'avère qu'elle est devenue source de conflits permanents entre les autorités compétentes et les habitants limitrophes.