Peut-il y avoir création à la télévision ? La télévision peut-elle prétendre à un statut artistique propre ? Cette question est apparue dès que la télévision a commencé d'exister en dehors des expériences de laboratoires. Depuis, la technique n'a pas cessé de progresser, la diffusion de croitre. En tant qu'objet de consommation, la télévision ne semble pas poser de problèmes. La question du 8ème art reste entière. On sait que la notion d'art télévisuel est généralement liée à celle de la spécificité télévisuelle: celle-ci s'est incarnée tour à tour dans le direct, les dramatiques, les grands reportages, les effets spéciaux, etc... en attendant les prochaines trouvailles et certaines des ingénieurs éléctroniques. « Le rêve de tout critique, c'est de pouvoir définir un art par sa technique», déclarait un jour Roland Barthes à propos du cinéma. C'est aussi, sans doute, le rêve du technicien lui-même. Mais, il semble bien que la clef technique demeure insuffisante pour rendre compte d'un art dans sa totalité. On a fréquemment mis en lumière les parts qui reviennent à l'image et surtout au son dans l'expression télévisuelle pour la différencier de l'expression cinématographique. On a également insister sur les différences d'attitudes des spectateurs devant ces deux modes d'expression. Autrement dit, de la même façon que la télévision s'est créée, d'abord contre le cinéma, la critique a surtout fait porter son analyse sur cette opposition. Il est d'ailleurs rare que la télévision soit considérée comme un objet autonome de réflexion. On préfère le plus souvent l'aborder par le biais d'une comparaison: cinéma et télévision, théatre et télévision,etc...En fait, si l'on s'efforce de considérer la télévision en tant que moyen de masse, on constate aisément que deux contingences président à son élaboration: celui qui surgit au niveau de la fabrication du produit télévisuel et celui qui surgit au niveau de la consommation. Ces contingents se font jour au niveau de la production et sont d'ordre administratif et financier. Les chaines de télévision, publiques et privées, quels que soient leurs impératifs et leur idéologie, deviennent rapidement d'énormes machines administratives. Avant d'accéder à un semblant de mise en oeuvre, le moindre projet doit se frayer son chemin dans un maquis de procédures, donc de censures avouées et inavouées. De plus, les nécessités de la rentabilité suscitent des presssions financières qui vont se conjuguer aux pression administratives. Le public de la télévisioin se caractérise aussi bien par sa boulimie que par son attachement à la moralité. C'est surtout un public familial qui absorbe parfois sans la moindre trève des heures d'images et de sons. Tout ce qui, tant au niveau de la culture qu'au niveau de la moralité, s'écarte du juste milieu, du médiocre, est jugé sévèrement. Les téléspectateurs manifestent souvent leur mécontentement, rarement leur satisfaction.