Le Forum de la culture à Casablanca (ex- Cathédrale Sacré Cœur) a abrité récemment une exposition collective sur le thème « Droit de rêver » organisée par l'Association « Arts et Métiers » en hommage à l'artiste peintre de renom Hossein Tallal». Cette exposition créative a été marquée par la présentation d'un registre diversifié d'œuvres plastiques, toutes tendances confondues, dont figurent les tableaux de l'artiste Assalih Ghita. Le monde de cette artiste est fait d'interfaces, de va-et-vient entre le fantastique sublime, mais combien maîtrisé, et l'interpellation de la mémoire, de la souvenance. Où trouve-t-on le point du départ, la ligne d'arrivée ? Peut-être nulle part. Vus de loin, les travaux de Ghita se donnent à voir, tel un panorama aux racines lisibles, forment une suite monochrome d'où pointent, de temps en temps, des unités figuratives expressionnistes, conséquence d'une quête approfondie. Sa démarche picturale méticuleuse n'a rien à voir avec une mise en « représentation » du signe traditionnel. Ghita a commencé par dessiner les signes qui hantent son imaginaire. Aujourd'hui les formes qu'elle peint relèvent plus d'une symbolique que d'une sémiotique. C'est bien dans ce répertoire symbolique que l'artiste a puisé ses signes avec toutes leurs charges populaires : tout un amalgame de signes porteurs de signification sinon de langage que seuls les initiés sont à même de déchiffrer. Pourtant Ghita cède quelquefois à l'attrait de la figuration d'éléments pour leur richesse iconographique et symbolique à la fois et la possible adéquation avec son style propre. Elle interroge la forme et interprète la composition à sa manière via un répertoire commun pour une communication sans entrave entre l'œuvre et le regardeur. L'artiste n'hésite pas par la suite à y mettre de son cachet propre. Richesse de la texture, diversité de la forme et rigueur dans le travail de la structure de la toile, tels sont les principes qui sous – tendent l'action créatrice de l'artiste peintre Ghita qui interroge le legs iconographique humain. Il s'agit de rendre cette profonde harmonie entre le fond et la forme. Les œuvres picturales de Ghita exposées récemment au premier Forum National des Arts Plastiques de Casablanca n'ont pas nécessairement une représentation figée des formes et de signes puisées dans sa culture propre ni encore une manière d'emboîter le pas aux grands maîtres de l'art occidental qui ont été séduits par la simplicité de la forme arabo-islamique. Il s'agit plutôt d'un choix consistant qui consiste en une représentation symbolique de l'héritage pictural universel... En effet, la diversité apparaît dans la noblesse du signe maîtrisé et admirablement modelé par l'artiste. Peintre poétesse, qui, tel un sculpteur, juxtapose les traces dans des vers visuels chargés d'émotion et de sensibilité, comme autant d'œuvres esthétiques. La richesse immatérielle, quant à elle, même si à la base elle réside dans toutes les créations de l'esprit, elle se niche particulièrement dans les œuvres jaillies des mains de l'artiste. Les créations ainsi figées sur une toile, invitent au dialogue plus qu'elles ne s'exposent au regard! En honorant le signe, Ghita honore le talent séculaire et affirme, si besoin est, la fierté d'une identité culturelle vécue en tant que composante de la diversité.