Le Caire et Khartoum ont engagé mercredi des consultations après la décision de l'Ethiopie d'entamer une déviation sur le Nil Bleu en vue de la construction d'un important barrage hydro-électrique susceptible d'avoir des conséquences majeures pour l'Egypte et le Soudan, situés en aval. Le ministre soudanais des ressources hydrauliques et de l'irrigation, Oussama Abdallah al-Hassan est arrivé dans la journée au Caire pour une visite destinée à discuter de ce dossier avec les autorités égyptiennes, a indiqué l'agence gouvernementale égyptienne Mena. Parallèlement, l'ambassadeur d'Ethiopie au Caire, Mohamed Idriss, a eu des entretiens avec de hauts responsables du ministère des Affaires étrangères égyptien, a ajouté l'agence. Les autorités égyptiennes ont souligné qu'elles attendaient le rapport «dans quelques jours» d'une commission tripartie Egypte-Soudan-Ethiopie sur l'impact de ce projet pour prendre une position. Plusieurs officiels ont en attendant estimé que la décision éthiopienne était essentiellement technique, et ne modifiait pas le débit des eaux du Nil, fleuve vital pour l'Egypte comme pour le Soudan. Le conseiller du président Mohamed Morsi pour les affaires internationales, Essam Haddad, a assuré que la décision d'Addis Abeba «n'avait pas d'impact direct sur la part de l'Egypte sur les eaux du Nil». La nervosité des autorités égyptiennes s'est toutefois traduite mercredi par une réunion du gouvernement du Premier ministre Hicham Qandil sur ce sujet. Le gouvernement a rappelé que le Caire était opposé «à tout projet qui pourrait affecter le débit du fleuve en aval» et que «divers scénarios» étaient envisagés en fonction du rapport que rendra la commission tripartite. Le Nil Bleu rejoint le Nil Blanc à Khartoum pour former le Nil, qui traverse le Soudan puis l'Egypte avant de se jeter dans la Méditerranée. L'Ethiopie a entamé une déviation du Nil Bleu sur 500 mètres, en vue de la construction d'un important barrage hydro-électrique dénommé «Grande renaissance», un projet de 4,2 milliards de dollars (3,2 mds EUR), ont indiqué des officiels éthiopiens. Dans un communiqué, le ministère soudanais des Affaires étrangères a cependant affirmé mercredi que le projet «ne nuit pas au Soudan». Les travaux pour la première phase du barrage - d'une capacité de 700 megawatts - devraient durer trois ans. Le barrage devrait au final avoir une capacité de 6.000 megawatts. Une fois achevé, l'ouvrage devrait s'étendre sur 1780 m, pour une hauteur de 145 m. L'Egypte considère que ses «droits historiques» sur le Nil sont garantis par deux traités datant de 1929 et 1959 lui accordant ainsi qu'au Soudan des droits sur 87% au total du débit du fleuve, et un droit de véto sur tout projet en amont que le Caire jugerait contraire à ses intérêts. Ces accords sont toutefois contesté par la majorité des autres pays du bassin du Nil, dont l'Ethiopie, qui ont conclu un traité distinct en 2010 leur permettant de développer des projets sur le fleuve sans avoir à solliciter l'accord du Caire.