Tard dans la nuit du jeudi 1er mai et comme sortis de nulle part, deux camions-remorques chargés de sculptures se sont mis à décharger des œuvres d'art sur la corniche d'El Jadida. Personne parmi les présents n'était au courant de cette agréable « visite surprise », ni de quoi il s'agissait et dans quel cadre elles allaient servir ! Renseignements pris auprès des autorités locales, il s'agissait de sculptures destinées initialement à une exposition sur la corniche de Casablanca, mais dont on vient de changer la direction vers El Jadida, à cause d'un malentendu de dernière minute entre l'artiste et les autorités de la capitale économique. «Ce que je cherche à travers cette exposition, c'est partager ma collection privée d'œuvres avec les habitants de cette magnifique ville, mais aussi et surtout, parvenir à concrétiser le pacte « artiste-ville », que je n'ai pas réussi à faire à Casablanca ». Nous confia sur un ton presqu' amer, le sculpteur tunisien Sahbi Chtioui. Amer, car l'exposition des 32 sculptures, Chtioui, voulait qu'elle soit une fête originale, à même de marquer et par la plus belle des manières, ses 32 ans de vie à Casablanca. En un mot, une fête qui soit un hommage à la mesure de sa ville adoptive. Un objectif non atteint, puisque l'exposition, qui devait se prolonger jusqu'au 10 mai, a été interrompue dès le début par l'artiste, en raison des promesses non tenues du conseil et de la mairie de la ville et concernant notamment la publication d'un catalogue de l'exposition, des affiches et l'encadrement de la manifestation. Et c'est « grâce » à cette incompatibilité d'humeur entre l'artiste et certaines composantes politique de Casablanca, que l'artiste a décidé de changer de ville et à en faire profiter la ville d'El Jadida, qui est toute proche et très visitée par les habitants de toutes les villes avoisinantes y compris des bidaouis. Et parce que le malheur des uns fait le bonheur des autres, notre cité se trouve aujourd'hui en « possession » d'une exposition qui est aussi importante pour les touristes, les passants, la ville, que pour l'artiste Sabhi Chtioui lui-même. Le résultat est là, palpable et le public semble beaucoup apprécier l'idée de voir des sculptures en plein air. « C'est très original comme concept. Je ne regrette nullement ma décision d'avoir opté finalement pour cette magnifique et accueillante ville. Je suis vraiment ému de voir des gens de toutes les catégories d'âges et de toutes les couches sociales prendre des photos avec mes œuvres et moi-même, allant jusqu'à brandir des fois le drapeau marocain. C'est une véritable récompense morale pour mon travail ». L'exposition est le fruit d'un travail d'arrache-pied, mais également de beaucoup de sacrifices. Elle a englouti toutes les économies de l'artiste Sahbi Chtioui, peintre et sculpteur tunisien, vivant au Maroc. Après des études primaires et secondaires à Tunis, ce dernier s'est inscrit à l'école des Beaux-arts de la capitale. Puis, a quitté sa Tunisie natale pour s'installer à Paris où il a reçu une formation académique à l'école des Beaux arts de Montparnasse, qui lui a permis de peaufiner sa passion de toujours : la sculpture. Cet artiste est aussi féru de peinture et de musique. Il n'y a qu'à voir ses œuvres, qui expriment l'univers de l'élégance et d'une musique à la tonalité insaisissable.