Le Syndicat des Aristes Plasticiens Marocains et les « dérapages » relatifs au Musée National d'Art Contemporain de Rabat Le SAPM nous a envoyé un communiqué à propos du futur Musée d'art contemporain que nous publions dans le respect de l'opinion de chacun. Nos pages restent ouvertes à toute autre réaction. « C'est avec une immense satisfaction que le Syndicat des Plasticiens Marocains a reçu la nouvelle de l'imminente inauguration du Musée National d'Art Contemporain à Rabat. En effet, ce projet constitue un véritable chantier civilisationnel et culturel, institué en application des hautes directives de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L'assiste, reflets de la haute et constante sollicitude Royale envers la culture en général et les arts plastiques en particulier ; et de l'engagement du Souverain à les promouvoir en tant que piliers du développement durable et intégré. Néanmoins, autant notre organisation syndicale insiste sur son acception positive et constructive de ce projet exemplaire- qu'elle considère comme étant une devanture culturelle et créatrice du Maroc et de sa mémoire collective-, autant elle tient à souligner les anomalies suivantes et à alerter l'opinion publique: - L'initiative, prise par le chargé de la Fondation Nationale des Musées, consistant en des contacts directs, fondés sur des considérations personnelles, avec certains artistes et certaines institutions privés à l'exclusion d'autres. Il est à rappeler, à ce propos, que les collections privées acquises par les institutions concernées sont mues par de purs choix individuels dictés par le pouvoir discrétionnaire de leur président ; - La demande formulée par le même responsable auprès du Ministère de la Culture afin que ce département lui prête des œuvres puisées dans sa collection artistique. Or, comme le savent parfaitementtous les artistes marocains, l'acquisition des dites œuvres a été initiée par deux membres des cabinets des ex-ministres Mohammed Ben Aïssa et Mohammed El Achâari, acquisition décidée unilatéralement et qui eut pour critères les considérations personnelles et les relations d'amitié ; - L'obstination du responsable cité à poursuivre sa politique individualiste, ignorant, ainsi, le fait que l'acquisition des collections des musées exige la mise en place d'une commission ad hoc composée de représentants de l'ensemble des parties concernées, notamment :un représentant du Ministère de la Culture, un conservateur des musées, un historien de l'art, un représentant de l'Association Nationale des Arts Plastiques, un représentant de l'Association Marocaine des Arts Plastiques et un représentant du Syndicat des Plasticiens Marocains, ainsi que des critiques artistiques de différents courants. Une telle commission demeure, à notre sens, la seule instance crédible, habilitée et responsable, historiquement et éthiquement, du choix des œuvres artistiques méritant de faire partie de la collection du musée national, conformément à la pratique muséale internationale. Notre organisation syndicale, qui a contribué depuis sa création en 1996 à la mise en œuvre de plusieurs acquis, dont le statut de l'artiste, la carte professionnelle d'artiste et la couverture médicale, désapprouve l'orientation viciée empruntée par la Fondation des Musées du Maroc. En effet cette orientation est caractérisée par la mise à l'écart systématique de certains artistes nationaux consacrés, ainsi que par sa limitation à l'exposition d'œuvres issues de collections privées. Ce qui constitue, du point de vue déontologique, un grave dérapage etune atteinte à l'art et aux artistes. Nous soulignons, en outre, que la pratique en vigueur au niveau international exige que les musées n'acceptent d'œuvres offertes. C'est la commission ad hoc, mentionnée ci-dessus,qui demeure seule habilitée à sélectionner les œuvres, acquises ou offertes, méritant de faire partie de la collection des musées et du patrimoine national constitutif de notre mémoire collective. Notre organisation exprime, par le présent communiqué, son engagement à défendre cette position, et revendique, au nom de la responsabilité historique de notre pays: - La révision de l'approche actuelle de la gestion et de la gouvernance du musée ; - L'urgente formation de la commission ad hoc. La mise en vigueur de ces deux dernières recommandations est susceptible d'éviter tout dérapage, actuel et futur, susceptible d'altérer la crédibilité du projet de Musée National d'Art et sa représentativité nationale.