ALM : Depuis quelques semaines, vous avez rencontré le ministre de la culture, quelles étaient les questions abordées lors de cette rencontre ? Abdellatif Zine : Le ministre de la culture a été très ouvert à nos propositions. On a soulevé un ensemble de questions portant sur la révision de la loi sur le statut de l'artiste. On a également abordé le problème de la carte d'artiste. En effet, le ministère va en revoir la conception et les conditions d'octroi, à savoir qui va proposer ladite carte et à qui elle sera proposée, parce que je trouve qu'il y a un amalgame dans les manières d'accorder cette carte. Il y a nécessité d'instaurer un cadre juridique clair organisant les relations entre les différents intervenants, à savoir les ventes aux enchères, les experts, les galeristes et autres intermédiaires ; il faut qu'il y ait une commission pour le choix des artistes devant exposer au Maroc et à l'étranger, une commission pour l'acquisition des œuvres destinées au musée, une commission pour la Cité des arts (jusqu'à présent, c'est le ministère de la culture qui décide). Les ateliers de la Cité des arts doivent normalement profiter à des artistes émergents et non pas à ceux déjà reconnus sur la place ; de même que ce n'est pas un lieu pour les écrivains, mais plutôt pour les arts plastiques dans leur acception générale. Dans cet ordre de réflexion, nous avons décidé d'organiser une journée d'études placée sous le thème «Marché de l'art, libertés, droits, régulations», qui se tiendra le 27 septembre à Mohammédia. Cette rencontre connaîtra la participation et l'intervention de plusieurs personnalités marocaines et françaises issues du monde de l'art et de la culture, dont des représentants de l'UNESCO. Vous êtes à la tête du Syndicat des artistes plasticiens marocains et de l'Association nationale des arts plastiques, quelles sont les actions entreprises pour promouvoir davantage l'art plastique au Maroc ? L'ANAP a 26 ans d'existence et le Syndicat en a 16. Et nous avons toujours agi avec les moyens de bord. Nous comptons organiser le 8 mars 2013 à Casablanca, Journée internationale de la Femme, la 2ème édition du Salon national d'art contemporain et ce sera l'occasion pour rendre hommage à des artistes femmes. Cette fois ce sera à feue Meryem Meziane. Notre association entame également des actions de sensibilisation des étudiants et des écoliers à la pratique des arts plastiques. Quel avenir pour le marché de l'art ? J'envisage un bel avenir pour le marché de l'art au Maroc. Celui de l'art arabe est en pleine expansion, il s'explique autant par une ouverture nouvelle aux acteurs d'origines variées que par le biais d'opérations financières spectaculaires. En quatre ans, le marché arabe a augmenté de 50%. Le chiffre d'affaires de Christie's Moyen-Orient représente depuis 2006 plus de 175 millions de dollars et comptera chaque année sur 3O% de nouveaux clients dans la région. Les estimations annoncent que ce marché va connaître une progression encore plus forte au cours des cinq prochaines années, car son potentiel est énorme malgré son jeune âge. Peut-on avoir une idée sur le nombre des artistes plasticiens professionnels au Maroc ? Vous savez, chaque année il y a des talents qui font parler d'eux et il est difficile de donner un chiffre exact. Cela prouve tout simplement que la créativité au Maroc à ce sujet est prospère.