L'agriculture marocaine présente des enjeux sociaux économiques énormes et son importance n'est plus à démontrer, tant en termes de création de valeur ajoutée ou d'opportunités d'emplois qu'en termes de stabilité macroéconomique moyennant celle de la balance commerciale. Et c'est, d'ailleurs, ce que met en exergue la nouvelle stratégie agricole déclinée en Plan Maroc Vert et articulée autour de deux piliers. L'un consacré au développement d'une agriculture à haute valeur ajoutée et à haut rendement et l'autre destinée à l'agriculture qualifiée de petite et/ou solidaire hautement productive. Or, dans les deux cas de figure et à des degrés plus ou moins prononcés, un environnement porteur fait encore défaut dont une certaine fragilité d'une partie du tissu des acteurs concernés, un faible encadrement, une problématique complexe du foncier, une raréfaction des ressources en eau... Sans oublier, bien entendu, des aléas climatiques qui ne concernent plus que la rareté de précipitations pluviométriques et/ou sécheresse mais englobent bien d'autres risques et sinistres engendrés par des phénomènes tels que le gel, la grêle, les vents violents ou la simple élévation de température. Comme c'est d'ailleurs le cas cette année dans de nombreuses régions du Royaume. Il est vrai que les précipitations de la semaine dernière ont été abondantes et généralisées. En témoigne à cet effet la retenue des barrages. Toujours est-il que, dans bien des régions, ces pluies ont été accompagnées par une gelée qualifiée de consistante sur les reliefs, l'Est, le Saïss et les plaines à l'Ouest de l'Atlas et des températures minimales qui, des fois, oscillaient entre -05 et -01 degrés sur les reliefs et les hauts plateaux. Des chutes de flocons de neige ont été également enregistrées sur le Haut et le Moyen Atlas et le Rif. Cette chute de température inquiète les agriculteurs et les petits fellahs. Et nombreux d'entre eux ont encore frais dans la mémoire le désastre causé par la grêle au niveau des champs de pomme de terres dans le Gharb. Le même scénario est à craindre au niveau des cultures maraîchères suite à une baisse continue des températures. Ce qui renvoie automatiquement à l'assurance agricole multirisque qui a vu le jour lors de la campagne agricole précédente, à la suite d'une convention entre l'État et la Mutuelle agricole marocaine d'assurance. Du côté du département de l'Agriculture, l'on se veut rassurant. Cette multirisque agricole se poursuivra cette année et connaîtra quelques améliorations. Ce qui fait que durant la campagne agricole en cours, ce système qui couvrirait cette année 500.000 ha au niveau national, pour atteindre 1 million d'hectares de surfaces agricoles assurées à l'horizon 2015, devra assurer en plus des cultures céréalières (blé tendre, blé dur et orge) et légumineuses (maïs, lentille, pois chiche, petits pois et haricots), les cultures arboricoles, contre les risques climatiques liés à la sécheresse, la grêle, l'excès d'eau, les vents violents dont la vitesse est au-delà des 80 km/h, le gel ainsi que les vents de sable. Une initiative fort louable dans la mesure où elle aura, entre autres, à garantir la stabilité financière des agriculteurs et améliorer le soutien de l'Etat en matière de gestion de risques agricoles. Or, d'aucuns n'ignorent que le cycle de production au niveau des assurances est inversé. Il s'agit de payer d'abord et de consommer après. Et il serait vivement souhaitable, au profit des agriculteurs éventuellement sinistrés, de raccourcir les délais séparant la survenue du sinistre et le dédommagement des dégâts qu'il a effectivement causés. Une manière de mieux sécuriser l'investissement agricole et assurer sa pérennité.