La vie a repris son cours jeudi dans la bande de Gaza, au lendemain du cessez-le-feu conclu entre le Hamas et Israël. Les résidants de l'enclave palestinienne ont commencé à nettoyer et à examiner les dégâts causés par huit jours de bombardements. Les voitures sont ressorties en grand nombre dans les rues de Gaza, tandis que des équipes inspectaient les boutiques et les logements affectés par les frappes, commençaient à réparer les fils électriques qui pendaient le long des poteaux et à collecter les déchets qui s'accumulaient dans les rues. Des milliers de Gazaouis ont célébré l'arrêt des combats mercredi soir, tirant des coups de feu en l'air, klaxonnant et brandissant des drapeaux palestiniens, égyptiens ou du Hamas. L'Égypte, appuyée par les États-Unis et l'ONU, a joué un rôle crucial dans la conclusion du cessez-le-feu, à l'issue d'une semaine d'offensive aérienne et maritime destinée à mettre fin aux tirs de roquette en provenance de la bande de Gaza. L'agression israélienne dans la bande de Gaza, qui a commencé le 14 novembre, a fait 161 morts du côté palestinien. Six personnes, soit deux soldats et quatre civils, ont également perdu la vie en Israël. Ce sont les combats les plus meurtriers entre Israël et le Hamas depuis l'opération Plomb durci de 2008-2009, qui avait tué 1400 Palestiniens et 13 Israéliens. «Je sais que certains citoyens espéraient une opération militaire plus importante, et il est possible que cela soit nécessaire. Mais à cette heure, la bonne décision pour l'État d'Israël est de saisir cette occasion de conclure un cessez-le-feu durable», a déclaré le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, mercredi soir. Le Hamas a revendiqué la victoire jeudi, malgré les importantes pertes humaines dans la bande de Gaza. «Les foules qui sont sorties dans la rue cette nuit pour célébrer (la trêve) ont envoyé un message au monde entier, celui que Gaza ne peut essuyer de défaite», a déclaré le porte-parole du mouvement. Le cessez-le-feu semblait tenir jeudi. L'accord de cessez-le-feu prévoit l'ouverture, après 24 heures d'accalmie, de négociations sur les frontières. Le Hamas réclame notamment que le point de passage de Rafah, entre la bande de Gaza et l'Égypte, devienne un important carrefour d'échanges commerciaux. Des questions délicates devront être abordées dans les pourparlers: Israël voudra des garanties contre la contrebande d'armes destinées au Hamas, tandis que celui-ci voudra la levée des restrictions de déplacement et de commerce imposées aux résidants de la bande de Gaza. Israël a mis en place un blocus de la bande de Gaza après la prise de pouvoir des islamistes, en 2007. Un blocus qui continue à asphyxier l'économie et à alimenter le chômage dans la bande de Gaza, qui dépasse les 30 pour cent. Les négociations, qui seront menées sous la houlette égyptienne, s'annoncent difficiles. Le Hamas résistera probablement aux exigences israéliennes de désarmement. Son chef en exil, Khaled Mechaal, a affirmé mercredi soir que le mouvement avait accumulé un important arsenal, en fabriquant ses propres armes et avec le soutien de l'Iran, l'ennemi numéro un d'Israël. Si chaque camp revendique la victoire, elle revient clairement au nouveau président égyptien, l'islamiste Mohamed Morsi. Il s'est imposé sur la scène diplomatique dans ce conflit, mais il doit ménager ses relations avec États-Unis et Israël pour éviter l'isolement. Le cessez-le-feu devrait par ailleurs permettre à Benyamin Netanyahou d'accroître son avance dans les sondages en vue des élections législatives de janvier, et consolider le contrôle du Hamas sur la bande de Gaza. Après plus de cinq ans d'isolement politique, le Hamas a reçu les visites de plusieurs ministres de pays arabo-musulmans ces derniers jours. Plus important encore, Israël et les États-Unis ont entamé des négociations, même indirectes, avec le Hamas, qu'ils considèrent pourtant comme une organisation terroriste. Le président de l'Autorités palestinienne, Mahmoud Abbas, fait quant à lui figure de grand perdant de l'épisode. Seul représentant palestinien reconnu sur la scène internationale, il est resté sur la touche lors du conflit. Après quatre ans d'impasse dans les pourparlers de paix avec Israël, il tentera de reprendre la main à la fin du mois en demandant le statut d'État non membre de l'ONU pour la Palestine.