Les politiques macroéconomiques basées sur la demande intérieure montrent leurs limites avec les lourds déficits du budget et du compte courant qui arrivent à des seuils de soutenabilité au-delà desquels se trouvent fondées les craintes de voir se perdre les acquis réalisés durant près de deux décennies après la période d'ajustement structurel, dont la réduction appréciable des taux de pauvreté, et réapparaître les situations économiques et sociales insoutenables que la Maroc a connu en début de cette période. Le Maroc n'en est pas là et ne se trouve pas désarmé face à de telles perspectives. Il a engrangé des expériences en matière de politique macroéconomique et de gestion financière. Il est cependant tenu de réagir sans tarder pour contenir les déficits enregistrés au niveau du budget et du compte courant, réorienter la politique économique vers le rétablissement des équilibres, éliminer les facteurs qui les ont induits et mettre en œuvre ceux à même de renforcer la compétitivité de l'économie nationale et lui permettre de réaliser une croissance forte et durable. Ce ne sont pas là des sujets ou des chantiers de réflexions à explorer mais des impératifs pour contenir le déferlement de la crise. Le gouvernement auquel on ne peut faire grief des déficits enregistrés et surtout de leurs causes exogènes, doit cependant donner un grand coup de volant pour éviter les dérapages sur une route quasi-obstruée par l'amoncellement des charges de compensations socialement inefficaces et économiquement non rentables. Il doit, sans plus arder, initier les réformes de la caisse de compensation et du commerce extérieur qu'il convient d'ériger en chantier national. L'amélioration de l'offre exportable, la compétitivité des produits marocains et la recherche de nouveaux débouchés et de nouvelles parts de marché seraient des piliers dressés dans ce chantier qui en détermineraient la dimension. Nous consacrons notre supplément économique de cette semaine à la question du commerce extérieur, à la lumière du rapport « Analyse des échanges commerciaux du Maroc : principaux déterminants du déficit commercial (1998-2011), réalisé par le Département du Commerce et publié en février 2012. Nous évoquons, dans le cadre de la réflexion à laquelle il peut donner lieu, la question centrale de la compétitivité de l'économie nationale et l'offre exportable, en se référant aux déclarations et recommandations formulées récemment par Bank Al-Maghrib, dans le rapport annuel 2011 de cette institution. Se référant à l'ouvertures de l'économie nationale sur l'extérieur dans le cadre des accords de libre-échange, Bank Al-Maghri estime que « pour tirer davantage profit de cette ouverture extérieure, l'évolution vers un régime de change plus flexible paraît souhaitable. Cette option appellera l'adaptation du cadre de politique monétaire qui pourrait évoluer vers un régime de ciblage d'inflation si les prérequis, dont notamment le maintien de la soutenabilité budgétaire à moyen terme et un système financier solvable et résilient, sont assurés ». Dans un régime de changes, la banque centrale est libérée de la contrainte de soutenir la monnaie nationale, les réserves de changes pouvant faire défaut. Il lui est alors loisible de se focaliser sur la maîtrise des taux d'intérêt en intervenant sur le marché interbancaire, ou la contraction de sa masse monétaire pour réduire l'inflation. Nous avons estimé utile de rappeler dans ce supplément l'importante étude réalisée par le Conseil national du commerce extérieur, en juillet 2001, intitulée « Parité du dirham Evolution et impact sur la compétitivité de l'économie marocaine», en liaison avec les problématiques des déficits budgétaire et celui du compte extérieurs ainsi qu'avec la compétitivité des produits marocains exportés. Les extraits de cette étude sont exposés à titre d'information, étant entendu que cette étude est basée sur des données différentes de celles qui ont cours aujourd'hui. Si la Bank Al-Maghrib souhaite l'instauration d'un régime de change plus flexible, la Direction des prévisions économiques et financières dépendant du ministère des Finances ne manque pas de relever pour sa part, à propos de l'impact des cours des matières importées sur le déficit de la balance commercial, que les hausses des factures à l'export s'explique davantage par un effet change que par un effet prix.