Les Etats-Unis ont répliqué lundi à Julian Assange qui les accuse de mener une "chasse aux sorcières" contre son site WikiLeaks, rappelant que l'Australien au coeur d'un casse-tête juridique international était avant tout accusé de viol en Suède. Réfugié depuis deux mois à l'ambassade d'Equateur à Londres, M. Assange s'en est pris dimanche aux Etats-Unis, demandant au président Barack Obama de "mettre fin à la chasse aux sorcières" contre lui et WikiLeaks. Il n'a en revanche pas fait allusion aux raisons pour lesquelles le Royaume-Uni veut l'extrader vers la Suède, alors qu'il doit répondre à la justice de ce pays sur des accusations de viol et d'agression sexuelle portées par deux femmes. Profitant de l'immunité diplomatique du bâtiment de l'ambassade équatorienne, le fondateur de WikiLeaks --auteur d'un coup d'éclat mondial en 2010 en publiant des centaines de milliers de télégrammes diplomatiques américains-- a défendu la "justice" et la liberté de la presse et bravé Washington qu'il a exhorté à faire "les bons choix". Réagissant pour la première fois, le département d'Etat a jugé lundi que M. Assange "profèrait toutes sortes d'affirmations gratuites sur nous alors qu'en fait son cas avec le gouvernement du Royaume-Uni porte sur son éventuelle comparution devant la justice suédoise pour quelque chose qui n'a rien à voir avec WikiLeaks mais qui concerne des accusations de comportement sexuel déviant". "Il tente clairement de détourner l'attention de la véritable question qui est de savoir s'il va être traduit en justice en Suède", a insisté la porte-parole de la diplomatie américaine, Victoria Nuland, répétant que "cette affaire n'avait rien à voir" avec les Etats-Unis, mais "concernait le Royaume-Uni, la Suède et maintenant l'Equateur". M. Assange redoute, une fois en Suède, d'être extradé vers les Etats-Unis. Là, il pourrait répondre d'accusations d'espionnage pour avoir diffusé les câbles diplomatiques, voire encourir la peine de mort, selon ses partisans. Porte de sortie diplomatique M. Assange, 41 ans, est le protagoniste d'un feuilleton diplomatico-juridique. Après lui avoir accordé l'"asile diplomatique" le 16 août, le gouvernement équatorien a dit lundi préférer pour l'instant négocier avec les Britanniques pour les inciter à laisser partir M. Assange vers Quito, plutôt que de contraindre Londres via la saisine de la Cour Internationale de Justice (CIJ) de La Haye. Mais il est hors de question de laisser l'Australien sortir libre de Grande-Bretagne, a rétorqué le Foreign Office, tout en assurant être déterminé à chercher une porte de sortie diplomatique à l'affaire. Bien que la justice britannique ait donné son feu vert à l'extradition réclamée par la Suède, le ministre des Affaires étrangères William Hague a publiquement exclu que la police entre dans la chancellerie équatorienne pour interpeller M. Assange. Le président équatorien de gauche Rafael Correa avait affirmé vendredi que le cyber-activiste pouvait y "rester indéfiniment", invoquant la notion d'"asile diplomatique" contenue dans une convention de décembre 1954 de l'Organisation des Etats américains (OEA). Un "concept" que le département d'Etat a dit "ne pas reconnaître". Dans cet imbroglio de droit international, le cyber-activiste australien et l'Equateur ont reçu le soutien de l'Union des nations sud-américaines (Unasur), pendant qu'un millier de partisans du président équatorien étaient rassemblés à Quito pour exiger de Londres un sauf-conduit pour l'exil de M. Assange vers l'Equateur. Au même moment, une poignée de manifestants étaient installés devant le consulat britannique à New York "jusqu'à ce que Julian Assange puisse quitter l'ambassade" d'Equateur à Londres, selon l'un d'eux.