La zone euro a subi le contrecoup de la crise de la dette au deuxième trimestre et fait un premier pas vers la récession, qui touche déjà de plein fouet les pays du sud de l'Europe et pourrait s'étendre au-delà. Selon une première estimation publiée mardi par l'office européen de statistiques Eurostat, le Produit intérieur brut de la zone euro a reculé de 0,2% au deuxième trimestre après avoir stagné au trimestre précédent (0%). En comparaison avec le même trimestre de l'année précédente, le PIB a enregistré une baisse de 0,4% dans la zone euro. Ces chiffres étaient attendus mais révèlent d'énormes disparités entre pays. «C'est l'histoire de deux régions», souligne Martin van Vliet, économiste pour la banque néerlandaise ING. En résumé, «les économies du Nord échappent toujours à la récession tandis que les pays du Sud s'y enfoncent», comme l'Espagne (-0,4% au deuxième trimestre), l'Italie (-0,7%), le Portugal (-1,2%) et Chypre (-0,8%). La situation la plus préoccupante est celle de la Grèce qui traverse sa cinquième année de récession et dont le PIB s'est contracté de 6,2% au deuxième trimestre 2012, après une contraction de 6,5% au premier trimestre. Au même moment, l'économie allemande a crû de 0,3% malgré un léger ralentissement, celle des Pays-Bas et de l'Autriche a progressé de 0,2%. En France, l'activité a stagné pour le troisième mois consécutif (0,0%), permettant une nouvelle fois au pays d'échapper à la récession. Point négatif: l'économie s'est fortement dégradée en Belgique (-0,6% au deuxième trimestre) et en Finlande (-1,0%), deux pays jusqu'ici résistants, signe que la crise de la dette continue de s'étendre au sein de la zone euro. «Le tableau d'ensemble n'a pas changé: le manque de croissance dans la zone euro et la profonde récession des pays de la périphérie (les plus faibles de la zone euro, NDLR) entravent les efforts de consolidation budgétaire et font durer la crise de la dette», estime Jonathan Loynes, de Capital Economics. La situation a peu de chances de s'améliorer à court terme: les analystes s'attendent tous à un nouveau recul du PIB au troisième trimestre, autour de -0,2%/-0,3%, qui signerait officiellement l'entrée de la zone euro en récession. Pour l'Union monétaire, ce serait la deuxième fois en trois ans, après être revenue à la croissance au troisième trimestre 2009. Une période de récession se définit par deux trimestres consécutifs pendant lesquels le PIB se replie. La zone euro l'a jusqu'ici évitée de justesse car elle avait enregistré un recul de son PIB au quatrième trimestre (-0,3%) mais avait ensuite vu son activité stagner au premier trimestre 2012. «Même si le ralentissement de l'inflation et une certaine accalmie des tensions sur le marché de la dette permettent à l'économie de la zone euro de se stabiliser au quatrième trimestre, l'activité devrait se contracter de 0,5% sur l'ensemble de l'année 2012», avance Howard Archer de IHS Global Insight. Seules lueurs d'espoir, selon l'économiste: la baisse des prix du pétrole et le repli de l'euro pourraient favoriser la consommation et stimuler la compétitivité de la zone euro, mais pas assez pour inverser la tendance. Dans l'ensemble de l'UE, le PIB s'est replié de 0,2% au deuxième trimestre par rapport au trimestre précédent et par rapport à la même période un an plus tôt. La zone euro et l'Union européenne restent nettement à la traîne des Etats-Unis et du Japon. Au deuxième trimestre, le PIB américain a lui progressé de 0,4% (après +0,5% au premier trimestre) et celui du Japon de 0,3% (après +1,3% en début d'année).