C'est la qualité qui colle le plus à Nabyl Lahlou. Il fait de sa dignité sa raison d'être. Devant les attaques personnelles, il réagit avec énergie. Face aux critiques négatives à propos de ses pièces ou ses films, il riposte. Confronté à l'injustice sociale, il crie son amertume. Toujours mu par sa dignité. On ne connaît ou presque pas d'artistes ou d'intellectuels marocains qui ont marqué des positions aussi franches pour signifier leur désapprobation. Nabyl Lahlou, s'il est franc jusqu'à l'agacement, c'est qu'il est sincère dans ses sentiments. Ses prises de position, flagrantes mais courageuses, lui ont coûté évidemment cher. C'est le prix à payer. Cela fait de lui un personnage hors normes. Ses détracteurs sont surtout des médiocres, des arrivistes, des parvenus dont il dénonce audacieusement le parcours. Pas question pour lui de courber l'échine pour bénéficier des largesses du système. Nabyl Lahlou est surtout un homme digne qui croit en la justice sociale pour vivre humblement. Il ne sollicite pas, ne quémande pas, au nom de la dignité Courageux, Nabyl Lahlou l'a démontré tout au long de sa carrière, d'homme d'abord, puis d'artiste accompli ensuite. Il s'est formé lui-même dans l'école de la vie. On n'a jamais contesté son statut de metteur en scène, lui, l'auteur de dizaines de pièces puisées dans le théâtre classique. Même sans afflux public, il se reproduit et produit le théâtre de son choix, hautain, élitiste, avant-gardiste. Il n'est jamais tombé dans le "théâtre de vulgarisation" car il n'est pas capable d'en faire. Personnage distingué, il devient une "bête" des médias Les écrits de et sur Nabyl Lahlou comptent par kilos, de quoi alimenter plusieurs livres. Cela prouve au moins une chose: Nabyl Lahlou est très sollicité par la presse, de tout bord. Ses prises de position, souvent singulières, lui profitent largement. Ses volte-faces ne passent pas inaperçues. On se souvient encore quand il quitta subitement un plateau lors d'une émission enregistrée en direct suite à une désapprobation avec l'animatrice jugée insolente, voire méprisante. Ce fut l'unique cas dans les annales de la télévision marocaine et seul Nabyl Lahlou pouvait oser, à juste titre d'ailleurs. Nabyl Lahlou n'a pas reçu de formation de cinéaste. Et pourtant, sa filmographie compte plusieurs films de long métrage, documentaires et de fiction, cinéma et télévision. La plupart de ses films ont reçu les subventions du fonds d'aide. La plupart de ses films ont été primés ici et ailleurs. Comme tous les cinéastes, il arrive qu'on lui refuse des projets. Cependant, en qualité de réalisateur sur de son statut, il exige les justifications nécessaires. Ce n'est que la réclamation d'un droit clairement notifié dans les textes. Nabyl Lahlou use de ce droit, il n'en abuse nullement S'il se sent lésé, Nabyl Lahlou crie haut et fort justice. Pour lui, les textes protègent les citoyens et il faut profiter de cette forme de "démocratie" pour rétablir les droits aux citoyens démunis. Alors, il ne recule devant rien. Les responsables sont là pour se pencher sur les problèmes des Marocains. Ils sont nommés ou élus pour s'acquitter de cette noble mission. Il en découle des dizaines de lettres, communiqués, mises au point, droits de réponses, écrits dans un français impeccable, que Nabyl Lahlou envoie à toutes les instances où il dénonce les dérapages, exige le respect des lois en vigueur, appelle au respect des textes, incite à l'application des règlements. Et si cet arsenal de lois existe, c'est pour être appliqué. Directeurs, ministres et premiers ministres ont été souvent des cibles privilégiées les incitant tout simplement à assumer leurs responsabilités en âme et conscience. Les dignitaires ne l'effraient pas, au contraire, ils l'exciten Peut-on imaginer un Maroc sans Nabyl Lahlou? Difficilement. L'homme bénéficie d'une grande popularité acquise au fil des années. On a toujours besoin d'avis contraires pour pouvoir se corriger et surtout avancer dans le bon sens et seuls les incapables et les médiocres s'en passent. Nabyl Lahlou, loin d'être un trublion, incarne cette conscience collective érigée en héros éternel comme dans la légende, et si présente dans ses pièce.