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BAD: Services bancaires et finance islamiques en Afrique du Nord Le montant des actifs conformes à la Chariâ dépasse le trillion de dollars dans le monde
Le développement des services bancaires islamiques freiné par les facteurs politiques nationaux
Les systèmes bancaires et financiers islamiques ont fait l'objet d'un rapport publié dernièrement par la BAD (Banque Africaine de Développement). Ce rapport, réalisé par une équipe d'experts et de conseillers a été consacré plus particulièrement à ces services bancaires et à la finance islamiques en Afrique du Nord, à leur évolution et leurs perspectives d'avenir et et la mesure dans laquelle ils peuvent contribuer au développement économique Le rapport passe en revue l'évolution passée et la situation actuelle des services bancaires islamiques dans les pays classés dans la catégorie des pays d'Afrique du Nord, selon la définition de la Banque africaine de développement (BAD), en l'occurrence l'Égypte, la Libye, la Tunisie, l'Algérie, le Maroc et la Mauritanie. Des banques islamiques interviennent à l'heure actuelle dans l'ensemble de ces pays, hormis la Libye et le Maroc. Toutefois, ces institutions ne représentent qu'une infime partie du volume total des dépôts et de l'actif bancaires. L'Égypte a la plus longue expérience des services bancaires et de la finance islamiques, celle-ci remontant aux années 60. Toutefois, même dans ce pays, cette industrie est nettement moins développée que dans les pays du Conseil de coopération du Golfe (GCC) et en Malaisie. Il existe un besoin considérable de ressources pour le financement des projets en Afrique du Nord, compte tenu du caractère peu développé de l'infrastructure dans la plupart des pays de la région. À ce jour, 24 opérations de financement islamique de projets ont été déjà approuvées en Afrique du Nord, pour un montant total de plus de 2,4 milliards de $ EU. Selon le rapport de la BAD montants totaux des actifs conformes à la Charia sont impressionnants, dépassant le trillion de $ EU et augmentant à un rythme annuel de plus de 10 pour cent, même pendant la crise financière de 2008. Toutefois, la désagrégation de ces chiffres révèle d'importants faiblesses et défis, notamment – et non des moindres – la dépendance excessive des services bancaires et de la finance islamiques vis-à-vis d'un nombre limité de marchés, ainsi que le caractère relativement sous-développé de ceux-ci sur les marchés des pays musulmans plus peuplés. La plus grande banque islamique au monde, en termes d'actifs, est Bank Melli d'Iran, un pays où toutes les banques respectent la Charia en vertu de la Loi sur les services bancaires exempts d'usure de 1983. Cependant, les sanctions imposées à l'Iran par les États-Unis et l'Union européenne ont eu une incidence négative sur le développement du secteur bancaire. Ailleurs, ce sont des facteurs politiques nationaux qui freinent souvent le développement des services bancaires islamiques, en particulier en Afrique du Nord où d'aucuns ont établi un lien entre ces services et les mouvements politiques islamistes interdits. Bien qu'il soit trop tôt pour évaluer l'impact que le pouvoir du monde arabe aura sur la finance islamique, suite au renversement des régimes autocratiques des Présidents Moubarak et Ben Ali, la légitimation des mouvements politiques islamistes en Égypte et en Tunisie pourrait être considérée comme une évolution favorable pour la finance islamique. Un nouveau type de système financier qui créerait des opportunités d'emploi Depuis les années 70, les pays du GCC ont connu le développement le plus rapide de la finance islamique, suite à la création de Dubai Islamic Bank en 1975 et de Kuwait Finance House en 1977. Au cours de la décennie précédente, notamment en 1963, l'Égypte a tenu lieu de laboratoire pour la première expérimentation de la finance islamique moderne, lorsque Mit Ghamr Savings Bank, une coopérative d'épargne et de crédit respectant la Charia dont les membres effectuent des dépôts qard hasan en échange du droit à des prêts à taux nul, a commencé ses opérations. Jusqu'en 1970, plus de 358 000 comptes avaient été ouverts à Mit Ghamr, ce qui témoigne clairement de sa réussite exceptionnelle en matière d'attraction des populations rurales égyptiennes. Les autorités ont mis fin à cette première expérience, car elles préféraient un système bancaire public dans le cadre duquel le financement serait alloué conformément aux priorités de développement du gouvernement plutôt qu'aux initiatives locales qui échappent à tout contrôle et peuvent tenir lieu de centres de pouvoir économique de rechange, en particulier lorsque le processus d'accumulation du capital est influencé par des idéaux islamiques. Les agitations sociales à Bahreïn ont une incidence sur le rôle du pays en tant que place bancaire islamique, notamment le risque d'une importante fuite de capitaux, au cas où les troubles persisteraient. Cette situation aurait des conséquences désastreuses pour l'île, compte tenu des maigres ressources dont elle dispose. Loin de spéculer sur les éventuels scénarios négatifs, le rapport dresse une perspective à plus long terme, traitant de la situation des pays qui sont au cœur du monde arabe et non de celle des pays périphériques. Compte tenu de ce qui précède, le rapport met l'accent sur les pays arabes plus peuplés d'Afrique du Nord, où les services bancaires islamiques ont le plus de chances de se développer, en particulier si au moins une partie des forces populaires libérées milite en faveur d'un nouveau type de système financier qui soutiendrait les efforts d'entreprenariat et créerait des opportunités d'emploi, notamment pour les jeunes dont les besoins ont été souvent négligés par les anciens régimes. Le modèle qui consiste à accroître le rôle de l'État par le truchement de la création d'emplois dans la fonction publique peut encore fonctionner dans les pays du Golfe moins peuplés et riches en ressources pétrolières et gazières. En revanche, il ne peut fonctionner dans un pays tel que l'Égypte dont la population dépasse 84 millions et dont la capacité de mobilisation de recettes fiscales est de plus en plus limitée. De toute évidence, il est impératif de créer un système économique différent dominé par le secteur privé et compétitif au plan international. Un tel système est propice au développement de la finance islamique, car la plupart des banques islamiques efficaces sont des sociétés privées ou des entreprises cotées en bourse qui ont vocation à générer des dividendes pour leurs investisseurs. Il existe une demande du marché avérée pour les services financiers islamiques qui ne nécessitent pas l'intervention de l'État, mais simplement une réglementation leur permettant d'entrer en lice sur un pied d'égalité avec les banques classiques.