Le 13 avril 1952, le FC Barcelone effectuait sa première visite au Maroc. La ville de Tétouan avait l'honneur de recevoir le club le plus prestigieux du monde où évoluait pour la première fois le Hongrois Ladislao Kubala pour le compte de la douzième journée du championnat de première division espagnole. Présents au Grand Stade de Tanger, plusieurs sportifs tangérois et tétouanais évoquaient ce glorieux jour du football nordiste. Ils se souviennent bien de la grande exhibition donnée par le Marocain Lahcen Chicha. Les journalistes catalans ont beaucoup parlé du football à la capitale de la colombe blanche et ont rappelé de précieux souvenirs. A vrai dire, ils étaient contents d'apprendre que l'Atlético était champion du Maroc et que ses joueurs se préparaient pour participer à la Champions-League d'Afrique. Le FC Barcelone avait remporté une victoire sur le score de 2-5. Plusieurs années se sont écoulées et le 1er mai 1974, la formation catalane avec les Hollandais Cruyff et Neeskens retournait au Maroc et cette fois-ci pour affronter le WAC de Casablanca. Les amateurs de la balle ronde à la ville du détroit étaient jaloux et ne cessaient de dire : « Pourquoi les autres et pas nous pour accueillir le FC Barcelone ?» C'était la vérité parce que Tanger a toujours compté le plus grand nombre de supporters dans le monde. Actuellement, il y en a à peu près 100.000. Lors d'une conférence de presse, l'ex-président Laporta un amoureux de la cité des Grottes d'Hercule avait promis aux autorités et élus une visite amicale pour jouer mais le stade posait un problème du fait que le Marshane avec ses vieux vestiaires et ses 10.000 places n'était pas en mesure de recevoir une grande équipe de niveau mondial. Il a fallu attendre le 28 juillet 2012 pour voir enfin le rêve des Tangérois devenir réalité. Maintenant avec le Grand Stade de Tanger, tout est possible et le FC Barcelone était bien là applaudi par le tout Tanger. Il y avait certes des Casablancais mais les Tangérois avaient un nombre supérieur. Plus de 25.000 spectateurs étaient au complexe depuis 17 heures et le Ftour était servi par une trentaine de snacks. On prenait la soupe, des sandwiches, des jus, du lait, on mangeait des dattes et des fruits, on buvait du thé et du café. Quant à la presse, elle avait tout ce qu'il fallait dans les buvettes officielles. Même les « tmallahs et les briouates » étaient servis. C'était un honneur pour l'organisation à l'intérieur du stade. Les services de sécurité étaient impeccables et la tribune des journalistes avait des places numérotées. En résumé, tout le monde était mobilisé et se préparait déjà à la prochaine Coupe mondiale des clubs champions 2013 qui aura lieu à Tanger après l'éclatant succès de Super Coupe de France et de Coupe CAF olympique. Lille, Marseille, Atlético de Madrid et maintenant le FC Barcelone étaient émerveillés par le complexe et surtout par la qualité de son gazon. « Vous avez la chance d'avoir l'un des meilleurs stades du monde » nous disaient les confrères espagnols. Dans la salle de conférence, ils étaient curieux de connaître la formation qui disputait son championnat au Grand Stade et les titres qu'elle remportait. En apprenant que l'IRT qui y évoluait était en seconde division, ils ne savaient que penser. Première mi-temps : Comme annoncé sur ces mêmes colonnes, le FC Barcelone a présenté une formation remaniée où manquaient 8 titulaires : Valdès, Piqué, Pujol, Alba, Fabrecas, Xavi, Iniesta, Pedro les internationaux de la sélection d'Espagne championne d'Europe. Mais Messi était bien là en dépit de sa dernière blessure car son éventuelle absence aurait coûté un million d'euros la moitié du montant conclu. Deux millions d'Euros pour les catalans et zéro euro pour le Raja de Casablanca : une grande injustice en football mais l'entraîneur M'hamed Fakhir n'avait qu'une seule idée dans la tête : trouver un adversaire de valeur pour la préparation de l'effectif et c'était l'occasion ou jamais. Pour ce match les Rajaouis étaient de grands messieurs ! Après avoir affronté respectivement l'Atlético de Bilbao et le FC Barcelone le club casablancais a gagné plus que l'argent. Une consolation des nordistes qui étaient représentés par l'enfant prodigue de Fnideq le capitaine rajaoui Amine Rbati. Quelle classe internationale du joueur et la « machine Fakhir » semblait tourner à merveille autour de lui comme du temps du Moghreb Athlétic de Tétouan quand l'entraîneur et l'ex pro de Marseille étaient ensemble. Récital Messi auteur de trois buts tel est le vrai titre de cette mi-temps dominée de bout en bout par le Chilien Alexis avec ses deux buts et ses coéquipiers en super forme. Le Raja de Casablanca était absent et ses joueurs contemplaient les belles actions des Catalans. On dirait qu'ils étaient émerveillés par ce qui se passait sur le terrain. M'hamed Fakhir qui suivait tout le match debout ne pouvait corriger les erreurs en particulier les pertes des ballons des défenseurs et des hommes de la ligne médiane. Aucune tactique, aucun système de jeu, des lacunes à tous les niveaux et surtout une confusion totale. Les journalistes espagnols qui étaient présents à la tribune de presse étaient surpris par la faiblesse technique des Marocains. Tout le monde pensait que n'importe quelle formation du championnat aurait pu faire mieux. On jouait toujours sur Messi et le ballon circulait tantôt à gauche, tantôt à droite semant la panique au sein de la défense. Amine Rbati ne cessait de donner ses directives de capitaine pour calmer ses camarades. Un seul tir au but au Raja et une quinzaine de tirs à Barcelone : c'est le reflet d'une nette supériorité et le score de 0-5 à la pause signifie beaucoup pour les casablancais qui sont loin d'un football simple sans erreurs. Deuxième mi-temps : Même scénario et Messi bien servi par Alexis faisait ce qu'il voulait avec le ballon. Avant de pointe, meneur su jeu, et parfois récupérateur des ballons, il est presque tout le FC Barcelone. Pourtant, on ne peut parler d'actions individualistes car la cohésion dans le jeu montrait bien qu'il s'agissait d'un groupe homogène qui donnait l'exemple d'une grande formation moderne. Toujours Messi, il y avait deux occasions ratées aux 50ème et 55ème minutes alors qu'il se trouvait seul devant le goal. Décevant, très décevant le jeu du Raja et un sixième but était signé Alves qui transformait un juste penalty après une flagrante faute sur Messi à l'intérieur de la surface de réparation. C'était le 0-6 . Délire dans les tribunes et tristesse chez le public rajaoui qui croyait à leur club. Koukou et Moutaouali auraient pu faire s'ils avaient été bien soutenus par leurs ailiers ou leurs demis. Iajour qui était brillant face à l'Atlético de Bilbao n'était que l'ombre de lui-même. Faiblesse aussi du côté du gardien de but qui était très médiocre dans ses interventions. A la 60ème minute, les spectateurs montraient leur mécontentement en sifflant parce que Messi devait quitter le terrain pour être remplacé. Le joueur argentin ne pouvait plus du fait qu'il était en convalescence pour blessure aux entrainements. Il avait besoin d'un repos forcé. Son absence n'avait aucune influence et le onze aligné tournait à merveille créant de nombreuses occasions de but. Cinq minutes plus tard, Alvès, Masherano, Afellay, Adriano, Alexis étaient remplacés et durant la dernière demi-heure il n'y avait que des juniors sur le gazon. A l'heure où le score semblait définitif, les jeunes Sergi et Deulofeu marquaient deux autres buts. A vrai dire, le 0-8 est un score qui était la honte et l'image du football marocain donnait à réfléchir. Perdre devant le FC Barcelone est logique mais avec la huitaine c'est trop. Le grand geste de Lionel Messi Les milliers de spectateurs du Grand Stade de Tanger ont applaudi longuement le grand geste de Messi qui offrait son maillot numéro 10 à un handicapé tangérois qui était sur une chaise roulante. Le pauvre malade pleurait de joie en embrassant le souvenir. Fiche technique Spectateurs : 25.000 billets vendus. Raja de Casablanca : Zakaria-Chtibi-Mabede-El Had-Houbri-Koukou-Rbati-Moutaouali-Iajour-Dine-Karrouchi Entraîneur: M'hamed Fakir FC Barcelona: Pinto-Alvès-Bartra-Sergio-Dos santos-Masherano-Afellay-Adriano-Alexis-Messi-Alcantara. Entraîneur: Tito Vilanova Excellent arbitrage de Jiyed bien asisté de Rouani et Bekkali. Buts : Alexis 22 mn, 42 mn - Messi 34 mn, 37 mn, 45 mn - Alvès 57 mn -Sergi 87 mn - Deulofeu 88 mn. Rachid Madani