Après trois mois de déluge, d'inondation et de gadoue, la météo britannique envisage le retour à un été "plus typiquement anglais" à l'approche des JO de Londres, une prévision modérément rassurante pour les athlètes et organisateurs. "Des épisodes pluvieux sont probables, mais les conditions ne devraient pas être aussi mauvaises qu'au début de l'été": le propos du service météorologique national (Met Office) est d'une extrême prudence. Son annonce d'un retour à la normale saisonnière s'accompagne d'un avertissement euphémique. "Une longue période chaude et ensoleillée est peu probable". Le Royaume-Uni émerge d'un printemps pourri. Avril et juin ont établi des nouveaux records de pluviométrie depuis l'apparition des relevés en 1910. De quoi alimenter le sujet de conversation favori dans un pays qui se distingue par le nombre de ses chaînes et sites internet météos. L'an dernier, le New York Times s'est penché sur le "pluviocabulaire" des Britanniques. Il a recensé 140 mots et idiomes décrivant le phénomène de condensation-précipitation à l'état liquide des nuages vers le sol, communément appelé pluie. Constat : c'est plus que n'en compte le registre réputé richissime des esquimaux pour évoquer la neige dans tous ses états. Dans l'imaginaire britannique, le héros brave les éléments de toutes dénominations. "Les précipitations font de nous ce que nous sommes" expliquait récemment, bravache, Boris Johnson, le maire de Londres. C'est ainsi qu'en juin, les trombes d'eau ayant accompagné les célébrations du jubilé de diamant d'Elizabeth II ont paru galvaniser la foule immense, plutôt que la dissuader. Il est aussi tombé des hallebardes ("des chats et des chiens", en anglais) sur le festival de l'île de Wight, le Godiva Festival de Coventry et le concert de Kylie Minogue à Hyde Park, respectivement bouleversé, écourté et annulé. Tandis que le Grand Prix de Formule 1 de Silverstone s'est couru devant un public réduit pour cause de conditions extrêmes. Les marchands de bottes et fabricants de ponchos en plastique jubilent. Le Caravan and Camping Club consent 25% de réductions aux valeureux vacanciers. Et les patates des Fish and Chips "olympiques" seront majoritairement belges, la boue interdisant la récolte des britanniques. "Trop, c'est trop" a protesté dans un éditorial mi-figue mi raisin le Times, en exigeant "un changement du temps". Plus sérieusement, les hôtes des JO dits "d'été", du 27 juillet au 12 août, ont entrepris la chasse aux esprits frileux ou chagrins. "C'est un grand moment pour notre pays. Ne parlons pas de jeux détrempés, mais de jeux grandioses", a encouragé le Premier ministre David Cameron depuis Kaboul. Selon son secrétaire d'Etat aux Sports, Hugh Robertson, la majorité des sites sont "raisonnablement protégés des intempéries". "C'est d'évidence un défi. Dans le passé, j'ai proposé en plaisantant qu'on mette le pays sous cloche", a rappelé un rien fataliste le patron du comité olympique des JO de Londres, Sebastian Coe. Quant au président du Comité International Olympique (CIO) Jacques Rogge, il "préférerait bien sûr des Jeux sous un franc soleil, mais ne voit rien là de rédhibitoire". Au total, les éléments pourraient légèrement perturber les épreuves de sprint, certains jeux d'équipe, la voile et les sports équestres. Les joueuses de beach volley, traditionnellement en bikinis, ont par avance été autorisées à se couvrir, en cas de ciel ou de températures incléments. Liu Xiang, espoir chinois au 110 m haies, a préféré déserter Londres "trop froid", pour aller parachever son entraînement en Allemagne. Le coureur américain Andrew Wheating, s'est contenté d'un tweet bougon: "Le temps à Londres c'est pire que le film Batman et Robin". Et s'il pleut sur la cérémonie d'ouverture, cela rendra plus réaliste encore le spectacle concocté par le cinéaste Danny Boyle. Il a prévu de transformer la pelouse du grand stade en un coin de campagne anglaise, moutons, vaches, et volailles compris.