Après le Haut Commissariat au Plan (HCP), le Centre Marocain de Conjoncture (CMC) fait, lui-aussi, une simulation d'impact de la hausse des prix des produits pétroliers sur l'économie marocaine. Une hausse qui a été fixée à 20% pour l'essence, à 14% pour le gasoil et à 26% pour le fuel industriel. Pour le CMC, cette hausse des prix des carburants «au taux moyen de 13,5%», la plus forte augmentation enregistrée, en une seule fois, depuis plusieurs années, devrait avoir un impact significatif sur les prix à la production. A court terme, elle aura des conséquences néfastes sur les principales branches d'activité : transport, électricité, industries manufacturières et construction. En dehors des activités de raffinage où le pétrole représente la principale matière première avec 89% de la valeur de la production, la part du pétrole raffiné en tant que consommation intermédiaire se situe aux environs de 21% de la valeur de la production de la branche des transports, de 8% pour la branche de l'électricité et eau, de 5,6% des industries extractives. Pour le secteur industriel, les produits pétroliers interviennent pour des parts se situant autour de 2% de la valeur de la production. Les activités relevant du secteur primaire ont, quant à elles, des coefficients d'inputs en produits pétroliers variant entre 2% pour la branche de l'agriculture et 12% pour le secteur des pêches. La branche du bâtiment et des travaux publics au même titre que l'ensemble des activités tertiaires ont des consommations intermédiaires de produits pétroliers assez comparables avec des coefficients d'inputs par rapport à la valeur de la production variant entre 2 et 4%. Ceci dit, la hausse des prix des carburants devrait augmenter les coûts de production des principales branches d'activités, grandes consommatrices des produits pétroliers. Ainsi, le surcroît de hausse des prix au niveau de la consommation finale devrait s'établir autour de 1,4 point comparativement à la tendance moyenne, ce qui porterait le taux d'inflation prévisionnel variant de 3,5 à 4%. Cette estimation suppose évidemment une répercussion mécanique des hausses des prix à la production sur la consommation finale. Or, poursuit le CMC, la répercussion des fluctuations des prix de la production sur la demande finale n'est pas toujours immédiate et prend généralement en considération la dynamique des marchés et le comportement de la demande. Le Centre souligne aussi que cette hausse des prix des carburants peut avoir une influence sensible sur la dynamique de demande tant interne qu'externe. Le CMC appelle enfin à ce qu'une approche plus anticipative soit mise en place pour atténuer les tensions perceptibles tant au niveau des marchés que des acteurs, et partant prévenir un retour à la spirale inflationniste. Comme déjà soulevé, le HCP avait, lui-aussi, réalisé une simulation d'impact de la hausse des prix des carburants sur l'économie. Une évolution qui devrait, selon le Haut Commissariat au Plan, « accroître les prix intérieurs, réduire le pouvoir d'achat et affecter la consommation des ménages. Elle se traduirait aussi par une baisse de l'investissement, de l'emploi et de la croissance ». Elle devrait, toutefois, avoir un effet positif sur le budget de l'Etat, en enregistrant une amélioration du solde budgétaire, allant de 0,20% du PIB en 2012 à 0,75% du PIB en 2017. Le solde commercial devrait également observer un progrès de 0,81% du PIB en 2013-2014 et de 0,59% du PIB en 2017. En somme, selon le CMC et le HCP, cette hausse des prix des carburants aura un sérieux impact sur l'économie marocaine.