Le conseil exécutif de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD) a ouvert, lundi à Rabat, les travaux de sa session extraordinaire, après deux jours de préparatifs dominés par la réorientation des objectifs de l'organisation sous régionale. Les discussions des experts, samedi et dimanche, ont tourné autour de la refondation de la CEN-SAD et des pistes de sa réorganisation pour faire face aux nouveaux défis, sur fond d'inquiétudes face aux crises sécuritaires qui secouent la zone sahélo-saharienne. L'accent a été mis sur le besoin de tracer des orientations stratégiques claires et d'établir des mécanismes de coopération concrets, adaptés à la nouvelle donne régionale, souligne-t-on auprès du ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Les pays de la communauté «se rassemblent autour d'un constat commun et d'une vision partagée, animés d'une volonté politique collective d'insuffler une dynamique nouvelle» à la CEN-SAD, ajoute-t-on de même source. Créée en avril 1998 à Tripoli, en Libye, la communauté des Etats sahélo-sahariens regroupe à ce jour 28 Etats de la zone du Sahel et du Sahara. La présidence de l'organisation est assurée par le Tchad qui en avait accueilli la dernière session en 2010. C'est la première rencontre du conseil exécutif de la CEN-SAD à se tenir dans la foulée des évènements qui ont mené à la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali et du colonel Mouammar Kadhafi, un des principaux initiateurs de ce groupement régional. Depuis, la refondation de l'organisation s'est avérée de plus en plus impérieuse, en y intégrant des mécanismes concrets de solidarité qui offrent de meilleures possibilités de gestion de la nouvelle donne régionale. «Jamais notre région n'a été exposée à une convergence aussi aigue de défis simultanés», a affirmé devant la réunion préparatoire du Conseil le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, Nacer Bourita qui met en garde contre l'interconnexion croissante entre les réseaux de trafic en tout genre et les groupes terroristes, créant des espaces de non-droit à l'intérieur de la bande sahélo-saharienne et représentant une menace majeure pour toute la région. Pour le responsable marocain, la Communauté est instamment appelée à apporter des réponses collectives à de nombreux défis : instabilités politiques de grande envergure, crises humanitaire et alimentaire aigues, problèmes écologiques et environnementaux, crise économique... De surcroit, l'espace sahélo-saharien doit, dans certains cas, faire face à des mouvements sécessionnistes et séparatistes qui mettent en péril la stabilité de leur environnement sous régional entier. En tout état de cause, les évolutions sur la scène régionale ces derniers temps renseignent sur l'urgence d'une réévaluation des missions et des objectifs de la CEN-SAD et, partant, d'une réforme globale couvrant aussi bien les champs du partenariat économique et commercial que les domaines politico-sécuritaires. Un premier pas en ce sens a consisté à mettre sur pied un comité exécutif restreint de neuf pays membres chargé de définir et d'examiner les axes de restructuration de l'organisation, précise-on auprès de la Communauté. A l'origine, les objectifs de la CEN-SAD portaient sur la consolidation des liens de partenariat entre ses membres et la promotion du développement durable, dans la perspective d'établir «une union économique basée sur une stratégie de développement complémentaire des plans nationaux de développement». Au volet économique l'idée de la restructuration de cette organisation prône un recentrage sur des politiques sectorielles ciblées et des projets communs à fort impact social. Etant l'un des premiers pays membres à appeler à s'engager dans cette voie, le Maroc a à maintes reprises plaidé pour un processus de coopération «pragmatique» privilégiant les projets à valeur ajoutée réelle dans des domaines aussi variés que la lutte contre la désertification, la sécurité alimentaire, le développement des infrastructures, la promotion des compétences, la lutte contre la criminalité transfrontalière, ou encore la libre circulation des personnes, des biens et des services.