C'est sous ce thème que s'est déroulée la « Journée de Printemps », organisée par la Société Marocaine des Maladies de l'Appareil Digestif, une problématique, accentuée par de plus en plus d'allergies alimentaires, se révélant d'année en année. Sachant que la maladie cœliaque est une affection touchant les personnes allergiques à un composant du blé appelé « gluten », entraînant de fortes perturbations de la fonction digestive et poussant à de sérieux troubles de croissance chez les enfants. D'ailleurs, plusieurs bébés nourris artificiellement font ce genre d'intolérances, ce qui pousse parents et médecins à changer le lait (en cas d'allergie au lactose) et la farine du bébé (intolérance au gluten) ou de changer complètement le comportement alimentaire dès la tendre enfance. Et à chercher des substituants, peu disponibles et chers au Maroc. Une tâche difficile aussi bien pour les patients que pour les professionnels de la santé, une prise de conscience de la SMMAD vieille de 36 ans, à son peloton 500 gastro-entérologues, qui a convié, à cet effet, d›éminents spécialistes nationaux et internationaux. Selon Pr N. Kanouni, à défaut de statistiques fiables, entre 0,5 % et 1% de la population marocaine est atteinte de la maladie cœliaque, soit entre 150 000 à 300 000 patients, une maladie peu connue et de surcroît sous-estimée. Médicalement parlant, le système immunitaire de ces sujets génétiquement prédisposés à ces intolérances, se protège en développant des anticorps contre le gluten, réaction inflammatoire qui, à long terme, dégénère vers la destruction progressive de la muqueuse intestinale jusqu›à l›atrophie complète de cette dernière entraînant ainsi une malabsorption responsable de carences alimentaires. « La difficulté du diagnostic de cette maladie est en rapport avec ses multiples facettes et ses manifestations cliniques très hétérogènes qui vont de la maigreur à l'obésité en passant par une anémie, une infertilité, des douleurs et ballonnements abdominaux ainsi qu'une atteinte biologique simulant une atteinte hépatique. Cette difficulté est actuellement en partie contournée par le fait qu'il est recommandé de la rechercher systématiquement devant tout symptôme évocateur d'un colon irritable ou devant une cytolyse inexpliquée ». Faire un bon diagnostic consiste à faire des tests de sang, une endoscopie digestive haute et la réalisation de biopsies multiples du bulbe et du duodénum, à des fins thérapeutiques adéquates. A savoir que le gluten, provoquant ces allergies alimentaires, est un composant alimentaire trouvé dans tout aliment à base de farine de blé : pâtes, pain…..Les sujets malades sont donc obligés d'attaquer un régime sans gluten, dépourvu des denrées suscitées, à l'exception du riz et du maïs, mais sont également confrontés, à vie, à passer au crible fin tous les produits industriels, médicaments et conserves afin d'écarter toute éventualité de tomber sur un contenu « louche » ayant rapport avec le gluten. Et surtout, se méfier des farines de maïs vendues dans le commerce, susceptibles de contenir un rien soi peu de gluten. L'alternative à ce nombre de patients en hausse, c'est l'éducation, l'information, la formation et l'accompagnement des malades, des familles d'enfants prédisposés à la maladie cœliaque, mais aussi des associations, tout en renforçant le réseautage en matière de recueil de bonnes pratiques et d'efficacité de traitement. Faciliter le quotidien à ces malades consiste à conjuguer les efforts, entre pédiatres et spécialistes, surtout en ce qui concerne l'arrêt du régime à l'âge adolescent, une question qui reste épineuse. Sans oublier d'impliquer les industries agroalimentaires, l›office des céréales et les établissements scolaires, d'uniformiser les pratiques thérapeutiques et d'assurer l'équité dans la prise en charge des patients au niveau de tout le Royaume. La recherche scientifique reste avant tout le créneau à développer dans notre pays, selon nos spécificités et nos réalités marocaines. Certes, des avancées remarquables ont été réalisées au niveau international. Des pistes de recherche dans le domaine de la physiopathologie sont actuellement en train d›être testées, en particulier la piste du microbiote et de l›allergie alimentaire. La société marocaine des maladies de l›appareil digestive qui œuvre pour le développement de la spécialité conformément aux standards de qualité internationaux, en prenant ses racines et ses bases de réflexion dans la réalité marocaine, a débattu de cette allergie alimentaire, de ses manifestations cliniques digestives et extra-digestives, de l'intolérance au lactose, du diagnostic et du dépistage de la maladie cœliaque. Mais aussi des nouvelles techniques endoscopiques, du régime sans gluten dans la vraie vie, et de l'industrie et le gluten caché : l'avis de l'agro-industriel marocain.