Nicolas Sarkozy a provoqué à distance jeudi son principal adversaire pour l'élection présidentielle, François Hollande, et ironisé sur la fébrilité qui gagne selon lui le camp socialiste. Le candidat du PS s'est, pour sa part, efforcé jeudi soir de démontrer que des sondages moins favorables et les coups portés par son principal adversaire ne sauraient le faire dévier de son objectif d'aller «jusqu'au bout» de la campagne présidentielle. Le chef de l'Etat, que certains sondages placent au premier tour devant le candidat socialiste, après avoir été pendant des semaines à la traîne, a multiplié les attaques contre François Hollande à chaque étape d'un déplacement dans la Marne. «Dites-moi, j'ai l'impression qu'il y a des candidats qui s'énervent, il ne doit pas faire bon pour tout le monde», a déclaré le président-candidat en arrivant à l'usine «Le Bronze industriel» de Suippes. «C'était impressionnant, le masque. Deux jours de mauvais sondages et c'est comme ça. Qu'est-ce que j'aurais dû dire, moi ?» a-t-il ajouté un peu plus tard dans un aparté avec des journalistes au milieu de la visite de l'usine. Selon le sondage quotidien Ifop-Fiducial pour Paris Match, Nicolas Sarkozy devance d'un point et demi François Hollande dans les intention de vote au premier tour (28% contre 26,5%). Pour le second tour, le candidat socialiste est crédité de son score le plus faible avec 53,5% d'intentions de vote (-0,5%) contre 46,5% (+0,5%) pour le président sortant. Une étude CSA pour BFM-TV, RMC, 20 Minutes et CSC diffusée mercredi, met les deux hommes à égalité au premier tour (28%) et François Hollande perd aussi une partie de son avance au second. L'économie, l'Europe et l'immigration Alors qu'il subit une baisse des intentions de vote, étant peu à peu rejoint par son rival à droite, François Hollande a tout d'abord répondu aux questions des journalistes avant de débattre, parfois dans le brouhaha, avec le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé. Estimant se «préparer à ce rendez-vous» «depuis de longs mois», François Hollande a expliqué qu'il n'était pas qu'un candidat anti-Sarkozy: «Je ne suis pas seulement un candidat contre mais un candidat pour». Le candidat a par ailleurs martelé son souhait de «rassembler les Français» pour redresser la France. Le candidat a rappelé sa proposition envers «ceux qui s'octroient un revenu au-delà d'un million d'euros, ils devront s'acquitter d'un impôt supplémentaire», ajoutant qu'il «rétablira le plafonnement des impôts directs nationaux à 85% des revenus», tout comme «l'impôt sur la fortune». Le candidat a précisé que sur les effectifs de la Fonction publique, «nous les stabiliserons. Il y aura effectivement des secteurs où il n'y aura pas de remplacement lors des départs de retraite, parexemple l'administration des impôts.» Renégocier le traité européen de discipline budgétaire François Hollande a repoussé jeudi l'idée de «sanctuariser» les objectifs de réduction de déficits en France. Il a annoncé qu'en cas de victoire de son camp, la France refuserait de ratifier le traité européen de discipline budgétaire qui ne serait pas complété par volet relatif à la croissance. Si la gauche l'emporte à la présidentielle et aux législatives, «le Parlement ne ratifiera pas un traité qui n'aura pas été complété par un dispositif de croissance, suis-je assez clair?» «Je suis un Européen qui va changer l'orientation du continent (...) On nous regarde», a insisté le candidat. François Hollande s'était engagé jusqu'ici à réduire le déficit public de la France à 4,5% du produit intérieur brut fin 2012, 3% fin 2013 et à atteindre l'équilibre à l'horizon 2017. François Hollande souhaite une renégociation du traité européen de discipline budgétaire signé par 25 pays de l'Union. Le Parti socialiste français a refusé d'inscrire dans la Constitution la «règle d'or» budgétaire nécessaire à la ratification de ce texte. Limiter l'immigration économique François Hollande a proposé jeudi la création d'une brigade spécialisée dans la lutte contre les filières clandestines et l'instauration d'un débat au Parlement chaque année sur le volume de l'immigration économique. «Je considère que l'immigration économique dans un contexte de croissance ralentie doit être limitée», a-t-il déclaré. «Il ne peut pas y avoir d'immigration économique s'il n'y a pas de demande très précise et pas d'offre de travail». «Il y aura un débat au parlement chaque année pour savoir quel est le volume de l'immigration économique», a-t-il ajouté. François Hollande a également indiqué sa volonté de lutter contre l'immigration irrégulière et les filières de travail clandestin. «Je fais une proposition là dessus : il y aura une brigade spécialisée de lutte contre les filières clandestines, les passeurs, chaque année 40.000 à 50.000 personnes entrent sur le territoire en situation irrégulière, c'est là que nous devons agir», a estimé le député de Corrèze. Sur le plan de la régularisation, le socialiste a rappelé qu'il n'y aurait pas de mouvement massif. Il faut «avoir des critères, objectifs, simples, applicables», a-t-il indiqué.