A l'instar des autres femmes de par le monde, la femme marocaine célèbre aujourd'hui la fête du 8 mars. C'est une occasion pour elle de passer en revue les acquis obtenus au cours de l'année écoulée et souligner les reculs qu'on peut enregistrer au niveau des droits de la femme et surtout en ce qui concerne la représentation politique et les conditions socio-économiques de larges couches de la population féminine, notamment dans les milieux démunis et au monde rural où elles souffrent de la pauvreté, de la précarité, de la marginalisation et de l'exploitation. Avec l'adoption de la nouvelle Constitution le 1er juillet 2011, on ne peut que se féliciter des grandes avancées réalisées en matière de garantie des libertés et droits fondamentaux des citoyennes et des citoyens. L'article 19 de la Constitution stipule en effet que « l'homme et la femme jouissent à égalité des droits et libertés à caractère civil, politique, économique, social, culturel et environnemental énoncés dans le présent titre (NDLR : titre II) et dans les autres dispositions de la Constitution, ainsi que dans les conventions et pactes internationaux dûment ratifiés par le Maroc, et ce, dans le respect des dispositions de la Constitution, des constantes du Royaume et de ses lois ». S'agissant de l'égalité entre l'homme et la femme, le même article précise que « l'Etat œuvre à la réalisation de la parité entre les hommes et les femmes ». De toute évidence, cet objectif est loin d'être réalisé compte tenu du déficit enregistré au niveau législatif et réglementaire et particulièrement au niveau des mentalités qui n'arrivent pas à s'adapter à l'évolution mondiale et à la tendance générale de faire de la parité le moyen efficace et incontournable pour réaliser le développement humain et concrétiser la mise en œuvre des stratégies adoptées dans ce sens. L'article 19 prévoit en plus la création d' « une Autorité pour la parité et la lutte contre toute forme de discrimination ». Concernant la violence à l'égard des femmes, l'article 22 de la Constitution stipule dans son deuxième alinéa que « Nul ne doit infliger à autrui, sous quelque prétexte que ce soit, des traitements cruels, inhumains, dégradants ou portant atteinte à la dignité humaine ». D'un autre côté, l'article 32 de la Constitution considère « la famille, fondée sur le lien légal du mariage » comme étant « la cellule de base de la société ». L'Etat doit œuvrer pour garantir par la loi sa protection sur les plans juridique, social et économique afin d'assurer son unité, sa stabilité et sa préservation. Cet article prévoit la création d'un Conseil consultatif de la famille et de l'enfance. Un autre acquis de taille qu'on doit souligner, c'est que l'actuelle Chambre des Représentants comprend 65 femmes élues, lors des législatives du 25 novembre 2011, sur un total de 395 sièges. 60 sièges ont été assurés aux femmes par la liste nationale et 5 sièges grâce aux listes régionales. Il convient de rappeler qu'en 2007, 34 femmes seulement siégeaient à la Chambre des Représentants sur un total de 325 sièges. Mais ce qui a choqué les organisations féminines, la société civile et tous ceux qui sont attachés à la défense des droits de la femme et préoccupés par la nécessité de lui accorder la place qu'elle mérite au sein de la société et dans la vie politique, économique, sociale et culturelle, c'est le recul enregistré au niveau de la représentation de la femme dans l'actuel gouvernement en comparaison avec celle enregistrée en 2007. En effet, une seule femme figure au sein du gouvernement Benkirane au lieu des 7 femmes ministres que comportait le gouvernement Abbas El Fassi. Cette représentation actuelle, limitée à un seul portefeuille ministériel, ne reflète pas la présence réelle des femmes dans la société marocaine et le rôle qu'elles jouent dans le développement et le progrès du Maroc. La mise en œuvre des dispositions de la Constitution en matière de respect des libertés et droits fondamentaux de la femme et de la réalisation de la parité doit entrer en vigueur sans tarder. Nous espérons que le gouvernement actuel parviendra à réaliser les objectifs énumérés dans la Constitution et à se conformer à l'esprit et à la lettre de la nouvelle Constitution ainsi qu'aux engagements pris par le gouvernement.