Le malaise va grandissant, le désordre règne dans les tribunes lors des matches de football où l'anarchie destructrice semble ne plus pouvoir être arrêtée. Au contraire, le mal s'étale et des tribunes des stades de football il est parti, aujourd'hui, envenimer les rencontres de hand ball, basket ball, voire même les matches du championnat féminin. Le fait est là, patent. On n'assiste pas à des scènes de hooliganisme, c'est pire. Le hooliganisme est le fait de supporters rivaux qui profitent des matches de leurs clubs pour en découdre et régler leurs comptes. Or, ce qui se passe, chaque week-end, dans nos stades, est le fait de véritables casseurs qui viennent saccager des biens publics, profitant de la force du nombre. Si les sièges des tribunes sont régulièrement dévastés, les transports (cars, trains, gares) ne sont pas épargnés. Et la horde des mineurs - une majorité d'adolescents constitue l'essentiel du public marocain – s'attaque même aux personnes qu'elle trouve sur le chemin des stades. A Casablanca, les avenues menant au complexe sportif Mohammed V, deviennent des zones de non-loi, alors que dans les quartiers populaires, les marchands de sandwiches ou de fruits et légumes voient régulièrement, leurs chariot renversé et leur pauvre capital éparpillé et écrasé dans la rue. Au lendemain des matches, les citoyens ordinaires sont souvent privés de leur bus pour se rendre sur leur lieu de travail, car les cars endommagés le week-end, partent à l'atelier pour réparation et ne sont donc pas disponibles. Devant la multiplication de ces faits criminels et leur persistance, on s'interroge : que fait la police ? Et bien, les forces de l'ordre paraissent aussi désarmées que le citoyen lambda. Appliquer rigoureusement la loi, avec toute la batterie de sanctions que prévoit l'arsenal juridique, reviendrait à carrément instaurer un état d'exception. On ne peut tout de même pas matraquer des centaines de gosses mal élevés, mal éduqués, et qui sont presque en rupture avec la société. L'arme des forces de l'ordre est, bien sûr, la matraque, mais de telles scènes sont barbares et dérangeantes. Et la matraque, à elle seule, ne peut corriger une crise sociale, où les valeurs de civilisation sont oubliées, et dont les dégâts se voient, chaque jour, dans les rues, les marchés, les écoles, tout autant que dans les stades. Mardi soir à Rabat, des dizaines de voyous ont gâché le spectacle d'un beau FUS-KAC. Les scènes, les mêmes, outrageantes, insultantes, se déroulent à Casa, Meknès, El Jadida, Safi, Kénitra, etc… etc. Même les peines sévères de prison, prévues par la loi, semblent n'avoir qu'un intérêt relatif. La violence continue et grossit en faisant chaque jour plus d'adeptes. Va-t-on alors en arriver à interdire au public l'accès aux stades sportifs ? D'aucuns déjà, proposaient que les matches ne soient plus regardés qu'à la télévision !!! Et cela pour protéger les biens et les citoyens. Se dirigera-t-on alors vers un football coupé de sa veine populaire ? Un football aseptisé qui se regarderait dans un aquarium. Déjà, les matches à huis clos sont régulièrement programmés par la FRMF pour sanctionner la violence des publics. Cela ne semble avoir aucun effet. Au contraire… Alors, donc, vers quelle solution extrême va-t-on se diriger ? La réponse fait peur.