Le cinéma se doit d'honorer le livre . Les adaptations cinématographiques d'oeuvres littéraires prolifèrent. Elles apportent aux livres inspirateurs un surcroît de succès auprès du public. Et certains scénarios originaux appartiennent autant au genre littéraire qu'au genre cinématographique. D'autre part, apporte au professeur des éléments attractifs pour un enseignement vivant de la littérature. Cette pédagogie connut des développements nouveaux avec les progrès du structuralisme linguistique et son extension à une meilleure connaissance du film. De nombreuses études et recherches tendent à prouver que certaines conceptions filmiques n'étaient pas étrangères à des artistes et écrivains qui ont vécu bien avant la naissance du cinéma . Dans le domaine littéraire , d'éminents professeurs ont ouvert une voie de recherches afin de renouveler l'attrait des jeunes pour des auteurs anciens et même antiques . Le précinéma fait l'objet de nombreux travaux de recherche dans les universités . Ce précinéma , surtout dans la littérature n'est pourtant pas admis par tout le monde , en particulier par certains cinéastes et critiques pour qui le cinéma est un art spécifique . Ils aperçoivent une hérésie monstrueuse dans le fait qu'on puisse déceler une nature filmique dans un simple assemblage de mots alors que la lecture filmique ne saurait intervenir que par l'intermédiaire d'un écran . Puisse ce débat préciser et rénover la conception du précinéma ! Car ses détracteurs l'ont caricaturisé en traits si outranciers qu'ils l'ont réduit à une puérilité sans consistance . Ceux qui veulent défendre le précinéma doivent mieux cerner cette notion et déterminer à partir de quel moment un texte littéraire possède ou non des qualités filmiques . Il conviendra alors de rechercher des applications générales . L'enseignement de la littérature , tout d'abord , ne pourrait -il être vivifié pour l'étude de certains écrivains par l'apport du précinéma ? De multiples expériences pédagogiques ont été engagées . Des confrontations périodiques ont eu lieu . La critique littéraire , en second lieu , ne pourrait-elle s'enrichir en certaines occasions des procédés du précinéma pour accroître ses méthodes d'investigation ? Les jeunes cinéastes n'auraient-ils pas intérêt, en s'adaptant aux formes modernes de l'évolution cinématographique, à suivre l'exemple du cinéaste soviétique SERGUEI EISENSTEIN qui , pour mieux apprécier l'esthétique du montage , entreprenait de rigoureuses traductions filmiques dans les oeuvres de POUCHKINE, MILTON ou DICKENS. Nous retrouvons ici les applications du précinéma à la pédagogie. Le professeur rend plus vivants certains textes anciens en les expliquant à partir de précédés du langage audiovisuel qui est plus directement sensible à l'esprit des jeunes. Les images exprimées par l'écrivain peuvent ainsi être valorisées et surtout mieux senties par les étudiants. L'adaptation cinématographique de grandes oeuvres de la littérature, d'autre part, permet non seulement d'éclairer d'un jour tout nouveau des oeuvres réputées classiques, mais aussi de montrer quelles inspirations originales un vieux texte peut encore susciter. Les professeurs de lettres ayant été les premiers à utiliser des oeuvre cinématographiques pour un enseignement littéraire en sont venus inévitablement à jeter les bases d'un enseignement du cinéma proprement dit dans les lycées et collèges. Il faut don aborder cet enseignement sous son angle le plus spécifique. C'est un problème complexe et délicat, mais aux solutions trop embryonnaires, alors que l'esprit de la jeunesse est influencé par sa plus grande partie par des oeuvres ou des messages audiovisuels. Avec le précinéma, l'adaptation cinématographique et, dans une certaine mesure, avec le structuralisme , nous aurons observé les relations étroites qui existent entre la littérature et le cinéma. Le film et le roman conservent leur spécificité propre et apparaissent irréductibles l'un et l'autre, ce qui n'empêche pas des contacts originaux et fructueux entre les deux genres. Il faut enfin apprécier l'apport d'écrivains du « nouveau roman « à l'art cinématographique. Nous pensons tout particulièrement à MARGUERITE DURAS et à ALAIN ROBBE-GRILLET qui étaient conscients de la spécificité respective du roman et du film qui ont composé leurs oeuvres en fonction exclusive du cinéma ou de la littérature. Le cinéma doit aujourd'hui à des écrivains du «nouveau roman «, et de grands cinéastes, comme ALAIN RESNAIS ont bénéficié de cette précieuse collaboration. C'est pourquoi cette méditation sur le rapport entre la pédagogie, le roman et le film semblait s'imposer d'elle-même hier et apporter des éléments fructueux pour tout bénéficiaire.