Le programme du gouvernement dans le secteur de l'éducation puise ses fondements et sa légitimité dans la poursuite de la mise en œuvre des chantiers de réforme prévus par la Charte nationale de l'éducation et de la formation et la continuation des efforts engagés par le plan d'urgence visant à augmenter la cadence des réalisations dans des espaces d'interventions prioritaires comme la généralisation de l'enseignement primaire, l'égalité des chances, la mise en œuvre d'actions et procédures appropriées visant à réduire le surpeuplement que connaissent certains établissements d'enseignement, la réduction du taux de déperdition scolaire, la consolidation de la culture de l'excellence, le renforcement de l'expérience des établissements pilotes, leur institutionnalisation et leur consolidation, le renforcement de la politique d'orientation des élèves et surtout le renforcement du rôle des académies en tant qu'autorités régionales. L'objectif affiché est de pouvoir ressusciter la confiance dans l'école publique. Cela passera à travers la mise en place de l'école de l'excellence et l'évaluation de l'action des académies. En effet, afin de consacrer la politique de déconcentration administrative dans la gestion des affaires pédagogiques et la mise en place d'une administration de proximité, devenue un choix stratégique pour renforcer les capacités de gestion des institutions régionales appelés à constituer la base de départ pour toute politique globale de développement, on a procédé à la création des Académies régionales de l'éducation et la formation (AREF) en 2002 et qui a constitué une étape importante vers la gestion déconcentrée de l'éducation et de la formation et son orientation vers une politique de proximité tenant en compte les spécificités régionales et locales afin de répondre avec efficience aux demandes exprimées par les partenaires sociaux, les parents d'élèves et surtout la clé de voûte de tout l'édifice, les besoins des apprenants. Au niveau de la gouvernance, l'arsenal réglementaire a été renforcé et la décentralisation accentuée en vue d'une meilleure gestion des ressources et d'une meilleure application de la politique éducative. Ce qui a permis de passer à une autre étape beaucoup plus importante pour le consolider et le renforcer dans le cadre du programme d'urgence, en impliquant la famille dans la vie scolaire et en mobilisant toutes les composantes de la société civile dans le projet éducatif. Si l'objectif affiché de la réforme de l'éducation reste l'optimisation de la gestion des ressources humaines pour répondre de manière continue et durable aux exigences de la généralisation de l'enseignement à travers la décentralisation de la gestion des ressources humaines (recrutement régionalisé du personnel avec une dotation globale par AREF), renforcement de la formation initiale et continue du personnel d'enseignement, cet objectif ne peut être atteignable sans l'émergence d'une élite régionale, de vrais gestionnaires de la chose éducative, capables d'anticiper sur les problèmes et surtout capables de décliner régionalement des objectifs conçus pour la nation. La planification régionale de l'éducation basée sur une gestion de proximité fondée sur des plans d'action spécifiques et pertinents à dimension régionale, demande la formation de gestionnaires capables de vision stratégique tout en intégrant les contraintes du quotidien. La création des AREFs au Maroc, auxquelles a été conférée l'exécution de la politique de l'enseignement et de la formation au niveau régional, représentait une mutation distinguée, et exclusive au secteur de l'éducation nationale, pour la consolidation du processus de la décentralisation et de la déconcentration. L'autorité de tutelle reste responsable de la mise en place de la politique éducative et de l'identification des priorités et des objectifs. Concernant la préparation des budgets, le ministère se contente d'assurer un suivi car désormais ce sont les AREFs qui s'en occupent. Ces nouvelles attributions demandent un personnel qualifié et surtout un système de contrôle rigoureux pour éviter des dérives possibles qui puissent rendre caduque cet effort. Les axes de la réforme budgétaire sont désormais explicités, une programmation pluriannuelle, une gestion budgétaire axée sur les résultats avec des Indicateurs de performance quantifiables et une contractualisation des relations entre services centraux et déconcentrés. L'idée est de donner plus de clarté aux choix stratégiques pour avoir une visibilité des actions engagées et à venir, de créer les conditions nécessaires susceptibles d'accroître la performance en orientant le budget vers les résultats moyennant des indicateurs de performance. Avec la GAR, gestion axée sur les résultats, on voulait responsabiliser les gestionnaires autour d'objectifs prédéfinis mesurés par des indicateurs de performance, renforcer l'efficacité de la dépense publique en assurant un lien logique entre les objectifs, les crédits alloués et les résultats attendus, renforcer la culture de transparence, de performance et de reddition des comptes. Mais tout système a besoin d'instance d'évaluation et de régulation, voire de sanction pour pouvoir évoluer, on se demande si on a toujours pris les dispositions nécessaires pour s'assurer d'une bonne utilisation de l'argent des contribuables. Avec le programme d'urgence, la réforme du système éducatif semble assez engagée pour déclarer, en toute objectivité, que le Maroc dispose, grâce au cumul des expériences acquises, d'une vision claire, d'une approche rationnelle et d'une volonté politique pour une refonte complète du système national d'éducation et de formation. Le plan d'urgence ( 2009-2012) touche à sa fin. Une évaluation objective, basée sur les réalisations effectives et mettant en exergue les contraintes possibles est plus que souhaitable pour que les responsables actuels puissent avoir une idée claire sur l'état des lieux et pouvoir évaluer leur action plus tard.