Les autorités italiennes ont relevé lundi à 29 le nombre de personnes toujours portées disparues dans l'accident du paquebot Costa Concordia au large de la Toscane, contre 16 précédemment, signe de la confusion qui règne sur place. D'autre part, on commence à craindre le pire pour ce qui est des conséquences environnementales du naufrage du paquebot. Un liquide non identifié a commencé à s'échapper du navire, et des barrages flottants étaient en cours d'installation pour palier à tout risque de marée noire. Le paquebot, de 114.500 tonnes, est l'un des plus gros navires de croisière à faire naufrage. Le Costa Concordia, qui avait à son bord 4.200 passagers et membres d'équipage, s'est échoué vendredi soir après avoir heurté un rocher très près de la côte de l'île du Giglio. A ce jour, le bilan fait état de six morts dans l'accident. 29 personnes étaient toujours portées disparues. Le navire de 290 mètres de long, déjà pour partie immergée, s'est incliné un peu plus lundi, menaçant de plonger dans les eaux de la mer Tyrrhénienne des parties encore émergées. Le basculement du bâtiment a contraint les secouristes à suspendre lundi pendant quelques heures leurs recherches d'éventuels survivants coincés à bord. De faibles mouvements du bateau sont toujours enregistrés, mais ils ne paraissent pas présenter de danger, a déclaré par la suite un porte-parole des pompiers, Luca Cari. Les recherches ont toutefois été suspendues pour la nuit et reprendront au lever du jour. Toutes les parties émergées du paquebot ont été fouillées, a déclaré un autre pompier, Luciano Roncalli, laissant entendre qu'il n'y avait plus guère d'espoirs de retrouver des survivants dans le labyrinthe des bars, courts de tennis et autres salles désormais sous les eaux. Catastrophe environnementale à craindre L'inquiétude tient désormais aux 2.300 tonnes de carburant que renferment les soutes du navire, d'autant plus que l'île du Giglio se trouve dans un parc national aux eaux limpides. Un liquide non identifié a commencé à s'échapper du navire, a-t-il poursuivi, soulignant que des barrages flottants étaient en cours d'installation. «Le risque environnemental pour l'île du Giglio est très, très élevé», a déclaré Clini lors d'une conférence de presse. «L'objectif est d'éviter une fuite de carburant, et nous y travaillons.» «Les contrôles se poursuivent pour prendre les décisions nécessaires à la protection de l'environnement», a ajouté le ministre. Les réservoirs du navire, qui venait juste de faire le plein à Civitavecchia au moment du naufrage, contiennent 2.300 tonnes de carburant. La zone où le Costa Concordia a sombré est réputée pour ses eaux limpides, sa faune marine variée et ses coraux. C'est également un site prisé pour la plongée sous-marine. Plusieurs groupes de défense de l'environnement demandent depuis plusieurs années qu'il soit interdit aux paquebots de très grande taille de s'approcher de l'archipel toscan dont fait partie Giglio. «La simple présence de ces monstrueuses villes flottantes pollue le paysage, et les déchets qu'elles produisent souillent les rivières, les mers et les villes où elles font escale», a dénoncé Alessandra Motola Molfino, présidente du groupe écologiste Italia Nostra («Notre Italie»). «La catastrophe du Costa Concordia prouve malheureusement l'inconséquence de ce type de tourisme, qui exploite et piétine la beauté et l'héritage culturel de l'Italie, sans produire ni croissance ni bien-être», a-t-elle ajouté. Les compagnies de renflouement mobilisées autour du Costa Concordia tachent à présent de vider les cuves du navire. Le ministre italien de l'Environnement, Corrado Clini, a déclaré qu'il allait décréter l'état d'urgence, étant donné le risque de fuites de carburant dans le parc national de l'archipel toscan. Pour l'instant, aucune fuite n'a été décelée dans les eaux au large de l'île du Giglio, a-t-il dit à la télévision italienne. «Le risque environnemental pour l'île du Giglio est très, très élevé», a déclaré Clini lors d'une conférence de presse. «L'objectif est d'éviter une fuite de carburant, et nous y travaillons.» Si la mer, qui a forci, devait déplacer l'épave et provoquer son naufrage ou sa rupture, les propriétaires, le croisiériste américain Carnival, n'auraient plus aucun espoir de renflouer le paquebot, qui avait coûté des centaines de millions de dollars et avait été lancé en 2005. L'erreur est humaine Le PDG de la compagnie Costa Croisières, filiale de Carnival à qui appartient le bateau, a imputé le naufrage à une «erreur humaine» de la part du capitaine. Ce dernier, Francesco Schettino, a été arrêté samedi. Il est accusé d'homicides involontaires multiples et d'abandon du navire avant que la totalité des passagers et membres d'équipage aient été évacués. «La compagnie va se rapprocher du capitaine et va lui fournir toute l'assistance nécessaire mais nous devons reconnaître les faits et nous ne pouvons nier une erreur humaine», a déclaré le patron de Costa Croisières, Pier Luigi Foschi, au bord des larmes, lors d'une conférence de presse à Gênes. «La compagnie désavoue un tel comportement à l'origine de l'accident consistant à détourner le paquebot de sa route idéale (...) Ces navires sont ultra sécurisés. C'est un événement exceptionnel qui était imprévisible», a-t-il ajouté. De plus, un enregistrement d'une conversation téléphonique captée entre une capitainerie du port et le commandant du navire Costa Concordia risque d'accentuer les critiques faites à l'égard de ce dernier. Selon la retranscription de cette conversation, diffusée par l'agence de presse italienne Ansa, le capitaine aurait refusé de remonter à bord pour évacuer les passagers.