Le peuple marocain célèbre aujourd'hui le 68ème anniversaire de la présentation, le 11 janvier 1944, du Manifeste de l'Indépendance. Cet important document a constitué un tournant dans l'Histoire de la lutte du peuple marocain pour la libération et l'indépendance. Il a constitué une rupture entre les revendications pour de simples réformes politiques, administratives et économico-sociales et la réclamation de l'indépendance, dans le cadre du respect de l'intégrité territoriale du Maroc sous l'égide de la Monarchie marocaine et en vue d'établir la démocratie et l'Etat des Institutions. Les signataires du Manifeste de l'Indépendance, pour revendiquer l'indépendance, sont partis du fait que le Maroc a toujours constitué « un Etat libre et souverain et qu'il a conservé son indépendance pendant 13 siècles jusqu'au moment où, dans des circonstances particulières, un régime de protectorat lui a été imposé ». Ce régime, « qui avait pour raison d'être de doter le Maroc d'un ensemble de réformes administratives, financières et militaires sans toucher à la souveraineté du peuple marocain sous l'égide de son Roi »…, « a tenté de briser par des moyens divers l'unité du peuple marocain, a empêché les Marocains de participer de façon effective au gouvernement de leur pays et les a privés de toutes les libertés publiques et individuelles ». Le Manifeste de 1944 a considéré que le Maroc, qui « constitue une unité homogène sous la haute direction de son Souverain, prend conscience de ses droits et de ses devoirs tant dans le domaine interne que dans le domaine international et sait apprécier les bienfaits des libertés démocratiques qui sont conformes aux principes de notre religion ». Partant de ces considérations, les signataires du Manifeste de 1944 ont demandé « l'indépendance du Maroc dans son intégrité territoriale » sous l'égide de Sa Majesté le Roi et ont « sollicité de Sa Majesté de prendre sous Sa haute direction le mouvement de réformes qui s'imposent pour assurer la bonne marche du pays et de laisser à Sa Majesté le soin d'établir un régime démocratique… garantissant les droits de tous les éléments et de toutes les classes de la société marocaine et définissant le devoir de chacun ». La commémoration du 11 Janvier intervient cette année au moment où le Maroc vient d'être doté d'une Constitution considérée par les observateurs comme très avancée sur le plan des réformes, de la séparation des pouvoirs et de la préservation des libertés individuelles et collectives. Le préambule de cette Constitution stipule que le Royaume, « fidèle à son choix irréversible de construire un Etat de droit démocratique », « poursuit résolument le processus de consolidation et de renforcement des institutions d'un Etat moderne, ayant pour fondements les principes de participation, de pluralisme et de bonne gouvernance. Il développe une société solidaire où tous jouissent de la sécurité, de la liberté, de l'égalité de chances, du respect de leur dignité et de la justice sociale dans le cadre du principe de corrélation entre les droits et les devoirs de la citoyenneté ». Le nouveau texte de la Constitution confirme le fait que le Maroc est un Etat musulman souverain attaché à son unité nationale et à son intégrité territoriale et il « entend préserver, dans sa plénitude et sa diversité, son identité nationale une et indivisible ». Le Maroc réaffirme par la même occasion son attachement « aux Droits de l'Homme tel qu'ils sont universellement reconnus » et sa volonté « de protéger et promouvoir les dispositifs des Droits de l'Homme et du droit international humanitaire ». La Constitution de juin 2011 constitue donc le couronnement d'un long processus engagé depuis le 11 janvier 1944 et marqué par différentes étapes dans la voie de l'établissement de la démocratie, de la justice sociale et de la séparation des pouvoirs. Pour les signataires du Manifeste du 11 Janvier, l'indépendance ne pouvait être conçue que dans le cadre de l'intégrité territoriale du Maroc et de l'instauration de la démocratie politique, économique et sociale.