Le gouvernement espagnol a estimé, jeudi, à au moins 30 millions d'euros le manque à gagner de la flotte espagnole obligée de quitter les eaux territoriales marocaines à la suite du véto du Parlement européen à la prorogation de l'accord de pêche UE-Maroc. «L'UE doit compenser les dommages occasionnés aux professionnels de la pêche espagnols qui, d'après une évaluation préliminaire, vont dépasser les 30 millions d'euros pour les deux mois et demi où ils ne vont pas opérer» dans les eaux du Maroc, a indiqué la ministre espagnole de la pêche, Rosa Aguilar, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'une réunion des ministres européens de la pêche convoquée à la suite de la décision du Parlement européen. L'accord de pêche entre l'UE et le Maroc avait été renouvelé une année et devait expirer le 27 février prochain, mais la décision du PE entraîne la cessation immédiate de l'activité des bateaux de pêche espagnols, notamment andalous et canariens, dans les eaux marocaines. L'arrangement permettait à quelque 120 navires battant pavillon de onze pays de l'UE d'opérer dans les eaux du Maroc en échange d'une contrepartie financière européenne de 36,1 millions d'euros annuelle. Il s'agit d'une «estimation indicative» a tenu à souligner la ministre espagnole dont les propos sont rapportés par les médias espagnols, estimant que les compensations que revendiquent l'Espagne doivent «sortir des fonds communautaires». «Que l'on ne demande pas aux Etats membres de débourser l'argent car nous ne sommes pas responsable de cette situation. Les dommages occasionnés doivent être assumés par l'Union Européenne», a encore dit la ministre espagnole dont le pays peine à sortir de la récession économique qui a entrainé dans son sillage plus de 5 millions de chômeurs. Dans la matinée, la ministre espagnole de la pêche avait affirmé, dans des déclarations à la presse, peu avant sa participation à la réunion des ministres européens de la pêche, que son pays «exige une compensation pour les dommages que va subir la flotte de pêche espagnole». Elle avait également affirmé que son pays allait défendre cette flotte et les marins qui se retrouvent sans emploi, précisant que Madrid compte aussi militer en faveur de la renégociation d'un accord avec le Maroc. Aussitôt après le vote controversé du Parlement européen, l'exécutif espagnol avait réagi avec fermeté, affirmant qu'il désapprouvait complètement cette décision qui porte préjudice aux intérêts de sa flotte.