Chaque toile de Fatima-Zahra nous projette vers, un passé chargé de merveilleux souvenirs, une mémoire aux recoins nostalgiques et une enfance pleine de couleurs et d'images que l'artiste voulait comme fixer à jamais. Et c'est devant sa toile que l'artiste parvient le mieux à extérioriser ses sentiments et à donner libre cours à son imagination et à ses rêves. C'est là aussi que ses souvenirs lui permettent de remonter aussi loin dans le temps et que la magie de cette touche de chaleur et de couleurs dont elle a le secret, parvient à souligner toute la beauté et la splendeur féminines. « Regard de Femme de l'ici et de l'ailleurs » est le thème sous lequel expose Fatima-Zahra El Yamani jusqu'au 30 novembre à la galerie de l'Alliance franco-marocaine d'El Jadida. Une multitude de visages et autant de regards différents. Des visages qui ont pour dénominateur commun leur beauté, le soin des maquillages et l'élégance que laisse deviner les coupes des quelques parties visibles de leurs vêtements. On aurait dit des mannequins pour magazines de mode ! Et si« l'ici » a été représenté par des Regards de Femmes aussi bien citadines que rurales, « l'ailleurs » semble s'être limité ,par contre, au seul model occidental. Nulle trace d'un regard de femme subsaharienne, à titre d'exemple ! Pourquoi ? Est-ce la conséquence naturelle de ces rêves d'adolescente où Fatima-Zahra se cherchait? De l'impact de ses lectures ? D'images télévisuelles ?...Qu'importe, ce qui compte à notre sens, c'est qu'elle nous fasse rêver à travers ses rêves, à travers cet art suscité par ses émotions et ses impressions, et ces œuvres néo-figuratives très expressives. Comme Chaibia Talal dont elle s'inspire, Fatna Lagbouri, Ben Allal et tant d'autres peintres de « l'ici et de l'ailleurs », Fatima-Zahra El Yamani est aussi autodidacte. Or, sa personnalité romantique et sa sensibilité à fleur de peau, reflètent la Femme, cette douce Femme qui par sa simplicité sécurisante et sa façon humble d'aborder autrui, fait resurgir un être à l'esprit talentueusement artistique. Le peintre Talal n'a pas tari d'éloges envers la jeune peintre : « Je suis impressionné par la diversité de ses œuvres et par le choix de ses couleurs. Quant à sa touche suave et sensible, c'est une ode de fraicheur. ». Pour parfaire le moindre petit détail de cette panoplie de visages et surtout de ces regards aussi expressifs les uns que les autres, Fatima-Zahra semble y avoir mis toute sa sensibilité de femme et son talent d'artiste. C'est le témoignage de nos joies et de nos peines… la porte ouverte sur l'âme. Paul Eluard disait dans « La courbe de tes yeux » Le monde entier dépend de tes yeux purs/ Et tout mon sang coule dans leurs regards Et aujourd'hui, lorsqu'on regarde ces yeux, ces regards et ces visages peints par Fatma-Zahra, nous ne pouvons qu'être fascinés par toute l'étendue du chemin parcouru par cette artiste-peintre issue du Moyen Atlas (Azrou).