Les œuvres récentes de l'artiste plasticienne Nadia Skali (vit et travaille à Casablanca) nous fait voir une peinture structuviste et bien recherchée axée sur l' expression libre et l'élan abondant des couleurs et des formes. Elle extériorise les états d'âme instantanés et extatique dont la forme archétypale récurrente est la structure géométrique détournée. Après avoir peint avec adresse et sensibilité des scènes pittoresques du Maroc profond à travers l'art du vitrail, Nadia Skali donne libre cours à sa faculté conceptuelle et imaginative, en tissant dans un flou lointain un monde lyrique et informel et en mettant en scène des spectacles et des rythmes de sa nature intérieure. Ses œuvres connotatives mettent en toile le motif ornemental et l'élan des formes à travers un langage symbolique riche en messages et sens. Chaque œuvre relate une histoire et dégage une lumière cosmopolite. La toile labyrinthique est considérée comme une arène dans laquelle agir, plutôt que comme un espace où reproduire, redessiner, analyser ou exprimer un objet, réel ou imaginaire. Ce qui naissait sur la toile n'était plus une image mais un geste débordant qui émane de la vie intrinsèque et substantielle. Le jet imposant de la couleur en tant que leitmotiv est né d'une idée de soi très profonde chez cette artiste oniriste. Ainsi, le temps, l'être et l'espace, l'identité invisible et la relation subjective au monde sont des données fondamentales. Le principe qui soutient le langage informel est l'autoréférentialité de l'œuvre. Le tableau ne réfère plus qu'à lui-même. C'est en quelque sorte la spécificité du médium. Nadia Skali libère la peinture des contraintes du réalisme anecdotique. Le médium pouvait donc prendre une orientation moins définie, plus abstraite, qui se rapprocherait davantage de la musique pure. Elle cherche à reproduire rythme et harmonie. L'imagination créatrice La quête spirituelle conduit Nadia Skali à explorer toujours plus avant les territoires oniriques et à produire des œuvres qui déroulent comme malgré elles des narrations. Chaque tableau mêle mémoire et histoire, passé et présent. Elle nous expose son expressionnisme abstrait qui n'est pas une école mais une tendance et une communauté de convictions partagées par certains peintres venant de la figuration. Dans le sillage de Mondrian, elle présente des œuvres ouvertes, non-finies, grâce à des procédés comme fragmentations, gestion géométrique de l'espace, articulation. Elle nous montre les traces de nos rêves et nous donne bien à penser qu'il y a différentes manières de voyager. Les toiles déclenchent l'imagination créatrice et laissent conduire par les sensations de couleurs fuyantes et de tous les tons de terre brûlée. Ainsi par delà l'espace et le temps de la mémoire ou des associations d'idées règnent dans cette œuvre l'alchimie des détours de l'esprit et celle des désirs enfuis. Qui donc dira ce qu'il reste du voyage quand il approche de son but ? Seule la musique des couleurs, et le rythme des formes ou la mesure du trait nous informent encore, au bord du chemin. C'est au sujet des traces de nos plus anciens rêves que l'artiste nous parle ici. Ceux là même dont plus personne, et peut-être pas nous-mêmes, ne se souvient. En améliorant davantage la qualité de son acte plastique et en accentuant son harmonie, Nadia Skali intègre dans ses peintures de nouveaux matériaux qui dégagent les valeurs du temps. Ce procédé personnalisé, qui n'appartient qu'à elle, est un moyen de conférer, comme par magie, à ses univers expressionnistes une renaissance, une vie nouvelle, tout en gardant l'empreinte du passé et de la mémoire. Reste à dire que cette artiste est passionnée par le mouvement qui évoque la nature universelle des aspirations humaines. Cette artiste a exposé à la la Foire Internationale de l'Art Contemporain de Casablanca dans sa deuxiemme édition organisée par Everycom.