La communauté internationale a salué la mort de Mouammar Kadhafi après 42 ans de règne sans partage à la tête de la Libye, espérant la fin prochaine de l'intervention de l'Otan et appelant les Libyens à la réconciliation. Le président des Etats-Unis Barack Obama a affirmé jeudi que la disparition de l'ex-dictateur marquait «la fin d'un chapitre long et douloureux» pour les Libyens et appelé les nouvelles autorités de Tripoli à bâtir un pays «démocratique» et «tolérant». «Je suis très fier du travail que nous avons effectué dans cette opération. Et je suis encore plus fier de ce que les Libyens ont réussi», a-t-il estimé. M. Obama, dont l'administration avait pris soin de ne pas apparaître seule au premier rang dans la lutte contre le régime libyen, n'a pas manqué de faire le rapprochement avec les tensions en cours dans le reste du monde arabe. «Pour la région, les événements d'aujourd'hui prouvent une fois de plus que les régimes à poigne finissent toujours par disparaître (...) Les jeunes rejettent avec force la dictature. Et les dirigeants qui essaient de leur refuser leur dignité n'y parviendront pas», a prédit le président américain. La France, en pointe dans l'intervention de l'Otan en Libye, a salué par la voix du président Nicolas Sarkozy une «étape majeure» pour la libération de la Libye, estimant qu'une «page nouvelle» s'ouvrait pour le peuple libyen, «celle de la réconciliation dans l'unité et la liberté». Son ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a souligné que l'intervention de l'Otan serait «évidemment terminée» dès que le CNT proclamerait la libération du territoire libyen. Son collègue de la Défense, Gérard Longuet, a déclaré que l'aviation française, à la demande de l'état-major de l'Otan, avait «stoppé» le convoi au sein duquel se trouvait Mouammar Kadhafi, avant des accrochages au sol entre Libyens, au terme desquels l'ancien leader est décédé. Un responsable américain de la défense a ensuite indiqué qu'un drone américain avait également tiré un missile contre ce convoi. Londres «ne va pas pleurer» Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a estimé que la fin de l'opération «historique» de l'Otan était «désormais beaucoup plus proche». Il a appelé les Libyens à «prévenir toutes représailles contre des civils et à faire preuve de retenue dans le traitement réservé aux forces vaincues». Le Premier ministre britannique David Cameron, dont le pays a lui aussi été à l'avant-garde dans le conflit libyen, s'est dit «fier du rôle joué» par Londres dans la chute du «dictateur brutal», dont la disparition «renforce les chances pour les Libyens de se forger un avenir fort et démocratique». Sans se prononcer sur les circonstances du décès, son ministre des Affaires étrangères William Hague a indiqué qu'il désapprouvait «les exécutions extrajudiciaires» tout en assurant qu'il «n'allait pas pleurer». «La guerre est finie», a affirmé le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, qui fut un allié de Kadhafi et réticent à le lâcher au début du soulèvement. «A l'évidence, ce jour marque une transition historique pour la Libye», a réagi le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. Il a toutefois averti que «le chemin à parcourir pour la Libye et son peuple allait être difficile et pavé de défis». La chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays a refusé de participer à l'opération militaire de l'Otan, a souhaité que le Libye puisse prendre «un nouveau départ politique dans la paix». Pékin a de son côté appelé la Libye à une «transition politique unitaire» et à la préservation de l'»unité nationale». Appels à la réconciliation Peu de réactions par contre au Proche-Orient, toujours sous le coup du «printemps arabe», et en Afrique. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, a espéré que la mort de Kadhafi «tourne la page de la tyrannie» et que les Libyens regardent «l'avenir sans sentiments de rancune ni revanche». Le voisin égyptien, qui s'est lui-même libéré du régime Moubarak en début d'année, a espéré «que le peuple libyen ouvrira une nouvelle page et reconstruira son pays après la mort du colonel Mouammar Kadhafi». Le Caire s'est dit «prêt à aider à la reconstruction de ce pays». Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a salué l'élimination du dirigeant libyen, qui comme celle de Saddam Hussein, démontre selon lui la «capacité du peuple à vaincre les dictateurs». L'ex-Premier ministre libanais Saad Hariri, leader de l'opposition anti-syrienne, a voulu voir dans la mort de Kadhafi un signe de «la fin inévitable de tous les tyrans». L'Union africaine a constaté qu'un chapitre d'histoire était fini. «Nous espérons que la Libye devienne un pays plus stable, qui s'occupe de réconciliation et de reconstruction», a déclaré une source proche de l'organisation. Le gouvernement sud-africain, qui a longtemps refusé, au nom de la souveraineté africaine, toute intervention extérieure, a souhaité que cette mort amène une cessation des hostilités et un retour de la paix, exhortant le CNT à la «réconciliation». Le Premier ministre australien Julia Gillard a évoqué «un jour de soulagement en Libye», estimant que l'Australie était «prête à aider le CNT à mettre rapidement en marche une société de justice et de rassemblement qui ramène la Libye dans la communauté des nations démocratiques». De son côté, le président vénézuélien Hugo Chavez, soutien sans faille de Mouammar Kadhafi, a condamné «l'assassinat» de l'ex-dirigeant libyen, un «martyr» et un «grand combattant».