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Exil de membres de la famille Kadhafi en Algérie Le Département d'Etat américain: «Pas compatible avec la résolution 1970 du CS de l'ONU»
The Guardian: «La gérontocratie algérienne se met du mauvais côté de l'histoire»
Le politologue algérien Mohamed Hennad: «Le système politique algérien a perdu la boussole» La porte-parole du Département d'Etat, Victoria Nulland, a déclaré mardi que l'arrivée en Algérie de membres de la famille Kadhafi «n'est pas compatible avec les dispositions de la résolution 1970 du Conseil de sécurité imposant une interdiction de voyager». «Il y a des préoccupations à ce sujet sachant que l'entrée en Algérie de membres de la famille Kadhafi ne s'inscrit pas en droite ligne de ladite résolution», a souligné Mme Nulland lors de son point de presse quotidien, ajoutant que la lettre adressée à ce sujet par Alger au Conseil de sécurité des Nations Unies est actuellement «à l'étude». Il est clair, a poursuivi la responsable américaine, qu'»il doit y avoir une réponse de la communauté internationale au sujet de cette interdiction de voyager» qui frappent les membres de la famille Kadhafi. Le Conseil national de transition (CNT) avait jugé «très imprudent» le comportement de l'Algérie, qui agit selon lui contre «les intérêts du peuple libyen». «Le gouvernement algérien est très imprudent de travailler contre les intérêts du peuple libyen. Il devrait penser à l'avenir», avait déclaré le porte-parole du CNT à Londres, Guma Al-Gamaty. Deux fils du colonel Kadhafi, Hannibal et Mohamed, sa fille Aïcha et sa seconde épouse Safia sont entrés lundi en Algérie, rappelle-t-on. Réagissant à la fuite de membres de la famille Kadhafi en Algérie, le journal britannique The Guardian a critiqué, mardi, le soutien accordé par le régime algérien au dirigeant libyen déchu, Mouammar Kadhafi, soulignant qu'en accueillant des membres de la famille du colonel libyen, la «gérontocratie algérienne s'est mise du mauvais côté de l'histoire». Le journal rappelle d'emblée que le Maroc, qui a approuvé une nouvelle Constitution par référendum en juillet dernier, a reconnu le Conseil national de transition (CNT) libyen et exprimé son soutien aux aspirations légitimes du peuple libyen. L'Algérie, quant à elle, se trouve désormais isolée et de plus en plus identifiée comme soutenant les opposants de la révolution, indique le journal, relevant que le régime algérien n'a pas seulement manqué de reconnaitre le CNT, mais il a ouvertement offert l'asile aux membres de la famille Kadhafi. La publication souligne, dans ce contexte, que la décision algérienne de ne pas reconnaitre le CNT et d'accueillir les membres de la famille Kadhafi, au-delà des considérations «humanitaires» évoquées par les responsables algériens, est motivée par des considérations politiques. «Le régime algérien risque fort bien de faire face au même sort que celui des anciens régimes tunisien, égyptien et libyen», estime le quotidien, rappelant qu'en janvier dernier, au moment où le soulèvement tunisien battait son plein, l'Algérie a fait face à des troubles généralisées motivées par les mêmes raisons. Le régime algérien doit sa survie en partie à des facteurs historiques, indique le journal, rappelant que nombreux sont les Algériens qui gardent toujours des souvenirs amers de la guerre civile qui a déchiré le pays durant les années 1990 faisant plus de 100.000 morts. «Le régime algérien a été jusqu'à présent chanceux», indique le journal, notant qu'en continuant de soutenir «un perdant» (Kadhafi) et en manquant de reconnaitre les changements rapides dans son voisinage, l'Algérie se positionne du mauvais côté de l'histoire. Les pressions pour le changement dans ce pays devront s'accentuer au lieu de diminuer, poursuit le journal. Rappelant un rapport publié récemment par l'Institut Royal britannique des Etudes Internationales, plus connu comme Chatham House, The Guardian indique que le régime algérien se trouve «de plus en plus isolé dans la région d'Afrique du nord qui vit au rythme de changements rapides». Le régime algérien «n'a certes pas fait face à un soulèvement de grande envergure, mais les ingrédients (d'un tel soulèvement) sont là», indique l'institut londonien, citant notamment un taux de chômage élevé, la colère face à la corruption et le désillusionnement face à un système politique peu représentatif. «Au lieu d'initier des réformes sérieuses, le gouvernement algérien a réagi aux troubles dans le monde arabe selon une approche mariant argent et répression», souligne la publication londonienne. Et d'ajouter que contrairement à la Tunisie et à l'Egypte, «le régime algérien n'est pas vraiment un one man show». «Il s'agit d'une gérontocratie collective, dont les membres vieillissent graduellement sans être remplacés par un sang neuf», explique le Guardian, ajoutant qu'une telle situation incite à conclure que «la chute du régime algérien dans l'oubli n'est que question de temps». «Les dirigeants algériens souhaiteraient contenir la ferveur révolutionnaire en cherchant à créer des problèmes pour le gouvernement de transition en Libye voisine», indique le journal, notant qu'une telle attitude s'apparente à «une grave erreur». Dans un entretien publié mercredi au quotidien français «La Croix», le politologue algérien Mohamed Hennad a estimé qu'en accueillant des membres de la famille Kadhafi sur le territoire national, «le système politique algérien a perdu la boussole» et apporté «une preuve supplémentaire» du soutien d'Alger au régime du Guide libyen déchu. «L'accueil de membres de la famille Kadhafi sur le territoire national sera évidemment perçu comme une preuve supplémentaire du soutien du pouvoir algérien au régime du colonel Kadhafi», affirme ce professeur de sciences politiques à l'université Bouzeareah à Alger. «L'Algérie n'a pas entretenu de bonnes relations avec son voisin libyen. Pour autant, elle préfère que les systèmes autoritaires restent en place. Elle aimerait bien que les changements en cours dans le monde arabe capotent», relève-il. Devant la confusion de la situation, l'universitaire s'interroge si le régime algérien «a agi sur demande ou conclu un arrangement» ou encore s'il allait extrader les deux fils du colonel Kadhafi, Hannibal et Mohamed, tout en gardant sur son sol sa femme et sa fille. Le politologue conclut que «le système politique algérien est très faible et sa politique étrangère souffre d'incurie. Il a perdu la boussole. La situation tourne au bourbier».