Des combats ont opposé au cours de la nuit dans un quartier de la banlieue nord-est de Damas des soldats fidèles au président Bachar al Assad et des militaires qui avaient refusé de tirer sur une manifestation antigouvernementale, rapportent des habitants, dimanche. Deux manifestants ont été tués samedi en où le ministère de l'Intérieur a mis en garde contre toute manifestation sur les places publiques à Damas, à la suite d'un appel en ce sens lancé sur Facebook. Enfin, le chef de la Ligue arabe, Nabil El-Arabi, va se rendre en urgence à Damas porteur d'"une initiative pour résoudre la crise" en Syrie. Des combats ont opposé au cours de la nuit dans un quartier de la banlieue nord-est de Damas des soldats fidèles au président Bachar al Assad et des militaires qui avaient refusé de tirer sur une manifestation antigouvernementale Plusieurs dizaines de soldats ont déserté et se sont réfugiés dans une zone agricole de vergers après que les troupes pro-Assad ont ouvert le feu sur une importante foule de manifestants près du quartier d'Harasta. Le ministère de l'Intérieur avait donné l'ordre d'empêcher les protestataires de marcher sur le centre de la capitale. "L'armée a tiré à l'arme lourde pendant toute la nuit à al Gouta et les soldats ont essuyé en réponse des tirs d'armes légères", a raconté un habitant d'Harasta joint par téléphone. Les autorités syriennes ont à plusieurs reprises démenti tout cas de désertion dans les rangs de l'armée. De leur côté, les opposants font état d'un nombre croissant de défections parmi la troupe qui appartient principalement à la majorité sunnite tandis que les gradés sont d'origine alaouite. Mise en garde du régime contre les "citoyens" Par ailleurs, deux manifestants ont été tués samedi en Syrie, où le ministère de l'Intérieur a mis en garde contre toute manifestation sur les places publiques à Damas, à la suite d'un appel en ce sens lancé sur Facebook. Les deux manifestants ont été tués samedi matin dans un quartier périphérique de Damas et à Kafar Nabel, dans le nord-ouest du pays, lors de manifestations qui ont suivi les prières, ont annoncé des militants des droits de l'Homme. La contestation sans précédent qui vise depuis plus de cinq mois le régime du président Bachar al-Assad a touché les principales localités de Syrie mais n'a jusqu'à présent pas atteint Damas et Alep, les deux plus grandes villes du pays, à l'exception de manifestations de petite envergure dans certains quartiers. Mais un appel posté sur Facebook, l'un des vecteurs les plus utilisés pour appeler aux manifestations, propose désormais de se rassembler pour un "tremblement de terre de Damas", suscitant l'inquiétude du régime. Dans un communiqué, le ministère de l'Intérieur a demandé samedi aux "citoyens" de ne pas "participer à des manifestations et des rassemblements sur les principales places publiques de Damas", "afin de protéger leur sécurité". Outre les deux morts, les organisations syriennes de défense des droits de l'Homme ont fait état de 17 blessés, dont l'imam de la mosquée Al-Rifaï, dans le quartier de Kafar Sousseh, à l'ouest de Damas. La Ligue arabe entre en ligne Le chef de la Ligue arabe, Nabil El-Arabi, va se rendre en urgence à Damas porteur d'"une initiative pour résoudre la crise" en Syrie, selon un communiqué publié dans la nuit de samedi à dimanche au terme d'une réunion extraordinaire des chefs de diplomatie arabes. Le communiqué ne précise ni la teneur de cette initiative, ni la date du départ de M. El-Arabi pour Damas. La Ligue arabe a exhorté dimanche le régime de Bachar al Assad à mettre fin au "bain de sang" en Syrie "avant qu'il ne soit trop tard" et elle a annoncé l'envoi de son secrétaire général Nabil Elarabi à Damas pour y prôner la mise en oeuvre de réformes politiques et économiques. Réunis au Caire, les ministres arabes des Affaires étrangères ont aussi souligné l'importance de la stabilité en Syrie pour la région, ce qui a été interprété comme un message conciliant adressé à Damas. "Le conseil (de la Ligue arabe) exprime sa préoccupation et son inquiétude quant aux dangereux développements sur la scène syrienne, qui ont entraîné des milliers de victimes, à la fois des morts et des blessés", déclarent les ministres dans un communiqué. "Il souligne aussi l'importance de mettre fin au bain de sang et de s'en remettre à la raison avant qu'il ne soit trop tard", ajoutent-ils. Il s'agissait de la première réunion officielle de la Ligue arabe consacrée à la Syrie depuis le début, en mars, du soulèvement contre le régime de Bachar al Assad. La répression de ce soulèvement a fait 2.200 morts, selon les Nations unies. Moscou et Téhéran ont du mal à désavouer Damas Principaux alliés de la Syrie, la Russie et l'Iran ont indiqué samedi se soucier de la situation, sans toutefois désavouer le régime. Moscou a annoncé l'envoi lundi à Damas d'un émissaire, vraisemblablement le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov qui s'est déjà entretenu de la situation en Syrie avec l'ambassadeur syrien à Moscou, selon l'agence Itar-Tass. La Russie a engagé un bras de fer avec les Occidentaux vendredi au Conseil de sécurité de l'ONU, en présentant un projet de résolution sur la Syrie éliminant les sanctions contre Damas prévues par les Européens. Moscou, qui se contente d'appeler le président Bachar al-Assad à accélérer les réformes, a laissé entendre qu'il pourrait opposer son veto à toutes sanctions. De son côté, le ministre iranien des Affaires étrangères Ali Akbar Salehi a estimé samedi que le gouvernement syrien devait répondre aux "revendications légitimes de son peuple", tout en mettant en garde contre un "vide politique" en cas de chute du président Bachar al-Assad. Le président Mahmoud Ahmadinejad avait déjà appelé mercredi le gouvernement syrien à trouver avec ses opposants "une solution, loin de la violence" qui selon lui "sert les intérêts des sionistes".