Haut lieu de négoces, les souks populaires de Marrakech connaissent une effervescence de taille et une dynamique sans précédent durant le mois sacré du Ramadan tout comme à l'approche de l'Aid Al Fitr ou toute autre manifestation à vocation religieuse. Jouissant d'une place symbolique auprès des familles marrakchies, ces espaces névralgiques confèrent à l'ancienne médina de Marrakech un charme tout particulier compte tenu de la qualité et de la diversité des différents produits exposés à la vente et qui vont des denrées alimentaires, aux articles d'artisanat et de décoration, jusqu'aux vêtements traditionnels. Une ballade au cœur des anciens souks de la cité ocre, entre autres, Rahba Lakdima, Sidi Ishak, Talâa, El Baroudiyine, Arsat Lamâach et Bab Doukkala, laisse le visiteur vite emporté par la magie, la splendeur et la richesse de ces espaces hautement décorés, et qui ont démontré un degré élevé de résistance aux aléas du temps, dans une tentative de préserver le cachet historique et civilisationnel de toute une ville. Ces espaces ont le mérite également de former l'essentiel de l'ancienne médina de Marrakech et par voie de conséquence, de figurer automatiquement sur la liste des différents circuits proposés aux touristes étrangers en visite dans la cité des sept saints, d'autant plus qu'ils offrent la chance aux visiteurs de se frotter à l'histoire de cette ville, d'apprécier la richesse de son patrimoine ancestral et de voyager au cŒur même des traditions marocaines et d'un mode de vie combien singulier. Une telle richesse s'illustre à travers le fait que ces souks traditionnels abritent aussi des ateliers et des Fondouks de différents artisans, outre le fait que chaque souk constitue à part entière un véritable répertoire de l'artisanat local. Approchés,nombre de Marrakchis estiment que la particularité de ces espaces réside dans le fait que chaque Souk se veut une entité à part entière, disposant de ses spécificités, ses caractéristiques et ses symboles profonds aussi bien d'un point de vue économique que social. C'est dire également que si certains habitants de la cité ocre trouvent du plaisir à se rendre à ces souks pour mieux s'approvisionner et bénéficier des prix raisonnables proposés par les marchands, en fonction du pouvoir d'achat de chaque ménage, d'autres, au contraire, s'y rendent quotidiennement dans le but de se balader et de découvrir ce qu'il y a de nouveau. A l'intérieur de ces souks, on est vite emporté par l'authenticité de ces espaces combien agrémentés par les odeurs typiques des épices, des plantes médicinales et aromatiques et de certaines friandises (gâteaux traditionnels) préparés pour la circonstance, estiment certains habitués de ces coins. Et de poursuivre que ces marchés présentent la particularité d'être en mesure de satisfaire tous les besoins même ceux d'une clientèle de plus en plus exigeante, relevant que les prix appliqués à l'intérieur de ces souks sont très compétitifs et ont été conçus de manière à répondre également aux attentes des démunis. “Nous veillons à doter ces souks de tous les produits de manière à répondre aux besoins de tous les ménages sans exception”, ont expliqué, pour leur part, certains jeunes commerçants, relevant que l'avènement du mois sacré du Ramadan, en pleine période d'été, a eu pour effet direct une floraison des commerces de fruits, de jus frais et autres produits alimentaires à forte consommation. Et de poursuivre que le mois sacré du Ramadan présente une occasion idoine pour la fructification des commerces et la réalisation de gains importants notamment en raison de l'engouement des visiteurs et des clients pour les souks traditionnels, faisant observer que la plupart des jeunes s'adonnent à ce genre d'activités uniquement durant les vacances pour subvenir aux besoins de leurs familles et éventuellement assurer les dépenses relatives aux frais de scolarité. A l'intérieur de ces Souks, et outre la tentation qu'ils exercent, l'incitation des visiteurs à se procurer des produits se fait souvent de manière burlesque, en tentant d'engager une discussion directe avec les visiteurs, les amener à visiter les magasins ou tout simplement en leur lançant une invitation solennelle à travers la répétition du célèbre adage, “Li machra i tnezah” (Celui qui n'achète pas, au moins qu'il se promène). Par ailleurs, l'approche de l'Aid Al Fitr se sent à l'intérieur de ces souks, puisque la demande d'habits traditionnels (Djellaba, Caftan, Takchita, Jabadour, et Babouches) est de plus en plus importante, ce qui illustre clairement cet attachement des Marocains aux traditions ancestrales. Un tel engouement pour les habits traditionnels a profité ostensiblement aux autres métiers de l'artisanat (tissage, broderie etc.), offrant ainsi aux artisans locaux l'occasion de persévérer sur la voie du développement de leurs activités et faire montre de plus de créativité, surtout que les défis à relever sont multiples: améliorer la qualité du produit, faire face à la concurrence étrangère et répondre à une clientèle de plus en plus exigeante. En dépit des changements profonds intervenus sur le mode de vie des Marrakchis, ces derniers demeurent très attachés aux traditions héritées de leurs ascendants.