Il y a longtemps que l'on n'aura pas connu un tel mois d'Août. En disant cela on reste sur le plan sportif, puisque ce mois, en principe, le plus chaud de l'année était, jadis, un mois de trêve pour les compétitions sportives, et particulièrement celles du football. Or, en ce mois d'Août 2011, les matches se succèdent. Les seizièmes de finale de la Coupe du Trône ont meublé les soirées de Ramadan, il y a aussi les Coupes d'Afrique où les MAS, WAC et Raja sont soumis à un rythme insoutenable. La reprise du championnat, vous savez, celui qui autrefois s'appelait « 1ère division » et qu'on a rebaptisé en « Botola » avant de l'appeler « Elite » alors que cette année, il se nommera « Pro-Elite1 », bref, le championnat reprendra dès le week-end prochain. Et il est censé être professionnel. Appellation d'origine incontrôlée et indéterminée mais que tout le monde a admise. Les clubs ne sont pas mieux structurés qu'avant, la plupart ont gardé les mêmes dirigeants, voire les mêmes manies, les mêmes tics, et les mêmes mentalités, mais il va falloir que vous les considériez comme des « pros ». Dès ce week-end, on va rentrer dans l'ère professionnelle du football national. Oui, oui, c'est vrai… Ne riez pas, ne soyez pas sarcastique ou sceptique… après demain on sera tous des « pros ». Rira bien qui rira le dernier. Inutile de demander autour de vous si le match Réal-Barça de dimanche dernier a connu le succès auprès des téléspectateurs d'ici. La réponse est « oui », un million de fois « oui ». « Al Jazeera » détentrice des droits a scotché les aficionados des 2 clubs dans les cafés. Il y a eu le plein partout, et aussi des bagarres entre supporters des deux camps. Le football ça se partage, c'est vivant, ça dépasse les frontières. Et au Maroc vous avez ceux qui sont fous de Messi et qui, par contre, détestent Ronaldo. Ceux qui trouvent que Mourinho est un génie, alors que les autres vous diront qu'il n'arrive pas à la cheville de Gardiola. Ce qui est incroyable dans le foot, c'est que personne n'aime l'autre, celui du camp d'en face – chacun aime celui vers qui penche son cœur, il en est quasiment fou et, du même coup, il détestera l'autre. C'est soit le Réal, soit le Barça. Et les deux clans s'évitent comme la peste, ils ne se mélangent pas, ils ne s'apprécient pas, ils ne communiquent pas. Tous bloqués dans leurs certitudes trouvent les autres ringards. Dimanche soir, une victoire du Réal aurait pu rendre fous les Barçaouis et ce soir-là jamais le Réal n'a été aussi près de battre son rival – mais le Barça a, définitivement quelque chose de plus que le Réal de Madrid. Il sait rester modeste. Vous n'avez qu'à voir la différence de comportement chez les joueurs pour comprendre que les uns sont installés dans la confiance sereine, alors que les autres se perdent et se jettent dans des combats désespérés à force d'être vains. Dimanche, le but, incroyable, de Villa est venu de nulle part battre le meilleur gardien du monde, Casillas du Réal, au moment où le Barça semblait tout près d'être écrasé. Et puis Messi y est encore allé de ses coups de génie, et Mourinho en est rentré tout triste, et muet, dans les vestiaires. Ce soir-là, Mourinho avait tout essayé. Sans réussir. Aura-t-il l'éclair de lucidité pour prendre sa revanche ce soir en plein cœur de Barcelone ? Difficile à croire même si en foot on ne sait jamais. Cependant, dans ce sport de toutes les angoisses et de toutes les incertitudes, il y a une vérité incontournable. Personne ne peut faire tout, tout seul. Pour ne l'avoir jamais compris, Ronaldo, le joueur à l'égo boursouflé, devient à chaque clasico de plus en plus pathétique. Dimanche, il n'est pas étranger dans le semi échec de son club. Mais qui à Madrid peut le lui dire ? Et surtout le lui faire comprendre… Des nouvelles d'Eric Gerets. Après Dakar et son match réconfortant, il est parti, accompagné de son ami et adjoint Cuperly, pour une tournée européenne. Voyages studieux où Gerets veut superviser nos pros. Hier mardi, il était à Londres, pour voir Arsenal –Udinese match barrage pour passer en ligue des champions… et puis ce sera la France, la Hollande, la Belgique, peut être l'Allemagne. Retour le 28 août au Maroc, avec, on le suppose, plein de notes et de remarques techniques. Trois jours plus tard, ce sera le départ vers Bangui, par avion spécial après une préparation à Marrakech. « On ira en commando là-bas, a-t-il déclaré aux membres de la FRMF, pas la peine de partir une semaine avant ou d'aller s'installer en Guinée pour s'acclimater et s'adapter. Nos joueurs sont des pros … qui vivent la chance … extraordinaire de jouer pour l'équipe nationale d'un grand pays ; la plupart sont en Europe et gagnent très bien leur vie. C'est un plus et c'est tant mieux tant sur le plan économique que technique. Le match de Bangui est périlleux, le voyage et le séjour ne seront pas confortables. On va donc les écourter au mieux, pour essayer de réussir l'exploit. On en a, bien sûr, les moyens, même si contre l'Algérie, il y a eu une dizaine de minutes où les Algériens auraient pu nous surprendre et inverser le cours des choses. On en a discuté avec les joueurs avant le match amical de Dakar. Dans cette rencontre la première mi-temps a bien fonctionné, la deuxième beaucoup moins. Ce sont toutes ces lacunes sur lesquelles il faut travailler avant le rendez-vous de Bangui un voyage où l'on doit ramener avec nous les 3 points ». Qu'ajouter de plus sinon… Inchaâ Allah.