Avec l'annonce du projet de réforme de la Constitution dans le discours royal du 17 juin, «le Maroc recueille les fruits d'un engagement fort en faveur de la consolidation des institutions démocratiques entamé de longue date», souligne le think tank américain Foreign Policy Research Institute (FPRI) dans une analyse publiée dimanche sur son site électronique. «L'expérience marocaine en matière de réformes constitue un modèle pour les pays du monde arabe, en ce sens que le changement politique, aussi substantiel puisse-t-il être, intervient par le biais d'efforts provenant de manière simultanée du sommet et de la base de la société», note cet institut de recherche spécialisé dans les études géostratégiques concernant notamment la région arabe. L'annonce par SM le Roi Mohammed VI, vendredi dernier, du projet de réforme de la Constitution représente à juste titre le couronnement d'une quinzaine d'années de réformes soutenues et de promotion des droits de la société civile, pour enfin aboutir «au grand tournant» qu'a constitué le discours royal, note l'auteur de cette analyse Ahmed Charai, membre du conseil d'administration du FPRI, et éditeur de la version francophone de Foreign Policy Magazine. LE PROJET DE LA NOUVELLE CONSTITUTION FAIT ENTRER LE MAROC DANS LA MODERNITE «Au-delà du nouvel équilibre des pouvoirs que garantit le projet de la nouvelle Constitution, celle-ci fait entrer le Maroc dans le giron des Etats modernes», fait-il observer dans un article intitulé: «Printemps marocain (Yes we can !)», un titre emprunté au slogan de la dernière campagne électorale du Président Barack Obama. Il explique, dans ce contexte, que ledit projet établit et reconnait la prééminence des conventions internationales telles que ratifiées par le Maroc par rapport aux législations nationales. «Il s'agit là d'une grande avancée tout particulièrement pour ce qui est des droits de la femme», relève-t-il, rappelant que le projet de la nouvelle Constitution consacre une réelle indépendance de la justice dans le but de lutter contre la corruption et d'assurer la protection des droits de l'Homme. UNE REFORME INSCRITE DANS UNE LOGIQUE DE CONSOLIDATION DEMOCRATIQUE Le FPRI relève, en outre, que l'annonce du projet de la nouvelle constitution procède d'une logique de consolidation des institutions démocratiques au Maroc, «un pays dépositaire d'une longue tradition de pluralisme politique», rappelant qu'au Royaume s'activent une douzaine de grandes formations politiques, une presse indépendante et des ONG des droits de l'Homme. Dans le même sillage, le FPRI estime que le Maroc peut se targuer d'avoir organisé des élections libres et transparentes grâce auxquelles un gouvernement d'alternance avait vu le jour en 1998 par le biais d'une coalition conduite par le parti de l'Union Socialiste des Forces Populaires (USFP), notant que «ce fut la première fois qu'un parti d'opposition accède au gouvernement dans le monde arabe». En 2002, le passif des violations passées des droits de l'Homme a été soldé grâce à la mise en oeuvre d'un processus de réconciliation nationale, rappelle-t-on encore dans le même ordre d'idées. Le FPRI relève, par ailleurs, que les manifestations qu'a connues le Maroc ont été largement pacifiques, davantage dans le même esprit des mouvements non-violents que prêchait, dans les années 60, le révérend américain et militant des droits civiques, Martin Luther King Jr. Contrairement à la Tunisie et à l'Egypte où des changements de régimes violents ont eu lieu, «le Maroc dispose d'une large et dynamique classe politique qui participe au façonnement de l'avenir du pays», note encore l'institut de recherche américain. «Si la violence est le dernier refuge des sans-voix, au Maroc les gens jouissent de la liberté de rassemblement, de la liberté d'expression et d'utilisation des forums de discussion en ligne pour exprimer leurs idées. C'est pour cette raison que la violence n'y est pas nécessaire», conclut l'analyse.