Le Maroc a regretté mercredi, le recours, une fois de plus, par les autorités algériennes, à des arguments ou à des préalables injustifiés pour maintenir le statu quo, faire reculer l'échéance de la réouverture des frontières entre les deux pays et perpétuer une situation singulière et exceptionnelle dans le monde et qui constitue une entrave sérieuse au droit à la libre circulation des populations des deux pays. «Le Royaume du Maroc, loin de toute considération conjoncturelle ou alibi artificiel, demeure engagé, avec force et sincérité, sur la voie d'une véritable normalisation des relations bilatérales, au bénéfice des deux peuples frères, porteurs et acteurs d'une relation bilatérale forte et dense», a indiqué le ministère des affaires étrangères et de la coopération dans un communiqué en réaction aux récentes déclarations du Premier Ministre algérien, Ahmed Ouyahia, sur la question des frontières terrestres fermées. Le communiqué rappelle que lors d'une conférence de presse tenue, le 29 mai, le Premier Ministre algérien, a évoqué les relations bilatérales entre le Maroc et l'Algérie et notamment la question des frontières terrestres fermées. Le Premier Ministre algérien a, à cet égard, indiqué que « l'ouverture des frontières avec le Maroc n'est pas à l'ordre du jour», et que leur réouverture exige «un climat empreint de bonne foi et de confiance mutuelle entre voisins», «mais, a ajouté M. Ouyahia, ces derniers temps, on observe des déclarations de l'agence officielle marocaine et une agitation du lobby officiel marocain aux Etats-Unis pour vouloir impliquer l'Algérie dans l'envoi de mercenaires en Libye, dans l'envoi d'armes en Libye». Qualifiant de surprenante à plus d'un titre, la déclaration du chef du gouvernement algérien, à la fois sur le fond et le timing, le communiqué rappelle qu'aucun responsable marocain n'a évoqué le rôle de l'Algérie dans la facilitation du recrutement ou du passage des mercenaires vers la Libye. En effet, même si de nombreux membres de l'opposition libyenne et des médias internationaux ont largement évoqué la responsabilité algérienne, les officiels marocains se sont abstenus d'aborder ou d'exploiter ce sujet, de quelque manière que ce soit. En outre, l'Agence «Maghreb Arabe Press» (MAP), expressément citée par le Premier ministre algérien, s'est contentée de rapporter les différentes déclarations, positions et analyses relatives à cette question. A l'instar d'autres agences de presse, chaînes de Télévision et sites Internet, la MAP s'est limitée à reprendre des éléments d'information ou des déclarations, en prenant soin, déontologie oblige, de se référer à leurs sources, qu'elles soient politiques, journalistiques et académiques, européennes, africaines ou encore américaines. L'observateur est, donc, en droit de s'interroger sur le recours ciblé à la seule MAP, sur un sujet abondamment traité à l'international, pour justifier le maintien de frontières fermées avec le Maroc. La remarque vaut tout autant pour l'évocation par le Premier ministre algérien d'une soi-disant «agitation du lobby officiel marocain aux Etats-Unis». Le communiqué ajoute que l'étonnement du Maroc est d'autant plus grand que les relations bilatérales ont connu une évolution prometteuse au cours des derniers mois, à la faveur des échanges de visites ministérielles fructueuses dans plusieurs domaines de coopération, identifiés, au demeurant, par la partie algérienne. Dans le même sillage, il est légitime de s'interroger sur l'opportunité de relever l'évolution des échanges commerciaux «informels» entre les deux pays, dans le contexte de frontières terrestres fermées. Ce constat laisse perplexe au regard des risques multiples et trafics en tous genres engendrés par le développement de l'économie informelle, au-delà des pertes fiscales conséquentes pour les deux pays.