Le ministre français des Affaires européennes Laurent Wauquiez a estimé jeudi en Allemagne que l'Europe devait garder "un rôle important" au sein du Fonds monétaire international (FMI). Mais Pékin estime que les pays émergents doivent être représentés à la direction du FMI tandis que le Brésil pense que la succession de DSK ne doit pas être réservée à un Européen. Sans répondre à la question de savoir si le successeur de "DSK" devait être un Européen, M. Wauquiez a déclaré dans une interview à la chaîne publique ZDF: "La chancelière (allemande) Angela Merkel l'a dit très clairement: qui est le plus gros contributeur au FMI ? L'Europe. C'est pourquoi nous devons continuer à jouer un rôle important". Il a estimé que la décision de M. Strauss-Kahn de démissionner de ses fonctions de directeur général était "probablement la bonne" pour que le FMI fonctionne "normalement". Mais les Chinois ont une autre vision de la question. Pour Pékin, les pays émergents doivent être représentés à la direction du Fonds monétaire international (FMI), a estimé jeudi le ministère chinois des Affaires étrangères. "Nous croyons comme toujours que le FMI doit poursuivre ses réformes structurelles et sélectionner le successeur (de M. Strauss-Kahn) sur la base du mérite, de manière transparente et impartiale", a déclaré le porte-parole du ministère, Jiang Yu. "En principe, nous pensons que les nouveaux marchés émergents et les pays en développement doivent être représentés à la direction du FMI", a poursuivi Mme Jiang lors d'un point de presse régulier. La presse chinoise s'est fait l'écho jeudi de spéculations selon lesquelles Zhu Min, ancien vice-gouverneur de la banque centrale chinoise et dernièrement conseiller de Dominique Strauss-Kahn au FMI, pourrait lui succéder. Suite à une réforme du FMI annoncée en novembre dernier, la Chine va devenir le troisième pays en terme de quote-parts au sein du Fonds, derrière les Etats-Unis et le Japon. Ne pas précipiter les choses Plus direct que Pékin, le ministre brésilien des Finances Guido Mantega a déclaré mercredi que la direction ne devait plus être réservée à l'Europe, comme cela est traditionnellement le cas, la présidence de la Banque mondiale revenant pour sa part à un Américain. "Nous ne devons pas décider de façon précipitée de la succession de la direction d'une institution d'une telle importance", a affirmé, mercredi, Mantega dans une lettre adressée aux membres du G20, ajoutant que "le temps est fini où ce poste important était réservé à un citoyen européen". "Aucune nationalité ne doit être exclue, et aucune préférence régionale ne peut restreindre le choix du meilleur candidat possible", a-t-il précisé. Le ministre brésilien a estimé que "si le FMI veut avoir de la légitimité, son directeur général ne doit être choisi qu'après une ample consultation avec les pays membres". Pour sa part, le ministre japonais des Finances, dont le pays est le deuxième pourvoyeurs de fonds du FMI, a appelé jeudi l'organisme international à choisir un nouveau dirigeant de manière "ouverte et transparente", et en se basant sur les capacités du candidat. Ses commentaires interviennent quelques heures après la démission de Dominique Strauss-Kahn de son poste de directeur général, alors qu'il est incarcéré dans une prison de New York pour des accusations d'agression sexuelle. Les dirigeants du G20 se sont engagés par le passé "à élire le dirigeant d'une institution financière internationale à travers un processus ouvert et transparent, et en fonction des capacités" du candidat, a rappelé Yoshihiko Noda, le ministre des Finances, devant la presse. "Je pense que la personne adéquate sera élue ainsi", a-t-il ajouté. Le ministre a refusé de préciser si le Japon avait un candidat favori ou s'il chercherait à obtenir le poste pour un de ses concitoyens. Sans attendre que la succession de DSK soit officiellement ouverte, les Européens ont commencé à avancer leurs pions pour conserver dans leur giron le poste de directeur général qui leur est traditionnellement réservé.