La France et l'Italie se sont déclarées, mardi, favorables à une réforme du traité de Schengen sur la libre circulation des personnes en Europe afin de garantir sa survie dans les circonstances actuelles marquées par la résurgence du problème migratoire. «Nous voulons que Schengen vive, et pour que Schengen vive, Schengen doit être réformé», a déclaré le président français, Nicolas Sarkozy, au terme du 29ème Sommet italo-français tenu à Rome. «Nous voulons le renforcement de son texte, nous voulons le renforcement de ses évaluations, nous voulons davantage de moyens pour que les frontières de l'espace Schengen soient garanties», a affirmé le chef de l'Etat français en assurant que «c'est justement parce que nous croyons en Schengen que nous voulons son renforcement». Le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, a admis également, lors d'une conférence de presse conjointe avec le président Sarkozy, la nécessité d'apporter «des modifications» audit traité «dans les circonstances exceptionnelles» auxquelles ont donné lieu les arrivées en Italie de dizaines de milliers de migrants essentiellement tunisiens et les tensions que la gestion de cet exode a générées pour les relations entre la France et l'Italie. «Je le dis franchement: les choses doivent être réglées entre pays amis sur la base des traités existants», a expliqué Berlusconi. «Personne ne saurait nier Schengen, mais dans des circonstances exceptionnelles, nous pensons qu'il doit y avoir des modifications du traité sur lesquelles nous avons décidé de travailler ensemble», a-t-il ajouté. Se sentant abandonnée dans une Europe restée sourde à ses demandes de solidarité face à la déferlante migratoire, l'Italie a décidé, début avril, dans l'espoir de se soulager d'au moins une partie des migrants embarqués sur ses côtes sud, de leur délivrer des permis de séjour temporaires qui leur permettraient de circuler dans tout l'espace Schengen. Mais ce n'était pas pour plaire à la France, qui se sachant la destination de prédilection de la grande majorité de ces migrants, est allée jusqu'à exprimer le souhait de revoir les «clauses de sauvegarde» des accords de Schengen. Entendant protéger le territoire français contre un afflux massif des migrants, les autorités de ce pays ont même procédé, le 17 avril dernier, au blocage du trafic ferroviaire entre la ville italienne de Ventimille, à 8 km de la frontière française, et la Côte d'Azur pour empêcher l'arrivée de trains transportant des centaines d'entre ces derniers. Le nombre de migrants ayant débarqué depuis le début de l'année sur les côtes sud de l'Italie, principalement de la Tunisie, est évalué à environ 25.000. Une fois munis d'un titre de séjour en Italie, qui est membre de l'espace Schengen, ces migrants peuvent théoriquement se déplacer à leur guise dans l'ensemble de cet espace qui comprend 23 des 27 Etats de l'UE plus la Suisse, la Norvège et l'Islande.