Signe des temps : les Moqadems et Chioukh organisent un sit-in à Casablanca. Qui l'aurait cru ? Ces auxiliaires d'autorité, relevant du ministère de l'Intérieur, étaient réduits au silence des années durant et représentaient pour les citoyens une source de suspicion. Certains d'entre-eux étaient accusés, parfois à tort, d'être à l'origine de la prolifération de la petite corruption puisqu'ils étaient appelés à intervenir dans la délivraison de papiers administratifs indispensables pour les citoyens tels que le certificat de résidence, le certificat d'indigence, l'acte de naissance, l'acte de célibat et autres pièces administratives. Que réclament-ils au juste lors de ce sit-in ? De toute évidence, l'augmentation des salaires figure au centre de leurs revendications. D'ailleurs, le ministre de l'Intérieur n'a pas tardé de réagir puisqu'il a annoncé devant la Chambre des Représentants que les Moqadems et Chioukh vont bénéficier d'une augmentation consistante de leurs salaires. L'absence de statut et de la couverture sociale figurait aussi au centre des revendications de ces auxiliaires d'autorité. Ce sit-in revêt donc une importance particulière dans la mesure où il reflète l'espace de liberté qu'offre notre pays et les garanties offertes aux citoyens en général et à toutes les catégories socio-professionnelles pour exprimer leurs doléances et réclamer l'acquisition des droits fondamentaux dont ils estiment être privés. En tolérant ce sit-in, le Maroc donne encore une fois la preuve de l'ouverture qu'il connaît et du respect des droits individuels et collectifs. C'est une occasion aussi pour que les citoyens changent l'image qu'ils avaient des Moqadems et des Chioukh. En somme, ce sont des agents au service de l'administration et des citoyens. Ils ont le droit d'exprimer en toute liberté leurs revendications et d'exiger qu'on se penche sur leur situation et sur leur vécu quotidien. Le Maroc, qui permet la tenue de sit-in et l'organisation de manifestations pacifiques et civilisées, se met à l'avant-garde des pays qui œuvrent pour l'instauration de la démocratie et la consécration des droits humains. Cet esprit de tolérance et d'ouverture dément catégoriquement ce que véhiculent les adversaires de notre pays qui l'accusent, dans le cadre de campagnes d'intoxication et de mensonges flagrants, d'être irrespectueux des libertés publiques et des Droits de l'Homme. Mais cette tolérance ne doit pas signifier l'anarchie et si le Maroc respecte le droit de manifester et d'exprimer des revendications, les citoyens doivent faire preuve de sens de responsabilité en préservant les biens publics et en se conformant à la réglementation en vigueur.