Georges-Olivier Châteaureynaud était parmi les écrivains invités au stand France au 17ème Salon du livre de Casablanca pour présenter notamment son nouveau roman, de genre fantastique, « Le Corps de l'autre » (Editions Grasset). Prix Renaudot en 1982 pour son roman « La faculté des songes » et prix Goncourt de la nouvelle en 2005 pour le recueil « Le Singe savant tabassé par deux clowns », Châteaureynaud est surtout connu pour avoir écrit une centaine de nouvelles qui se caractérisent par un imaginaire fécond et la dimension d'un réalisme fantastique. Il est considéré comme l'un des piliers du renouveau du genre de la nouvelle tombé en désuétude à un certain moment et considéré comme un genre mineur. Dans son nouveau roman « Le Corps de l'autre » c'est l'histoire de la transmigration de la vie d'un vieil homme, critique littéraire, dans le corps de son propre assassin, un jeune skinhead. Rien à voir avec le « Faust » de Goethe. La rencontre au salon avec Châteaureynaud a coïncidé avec la parution du numéro 9 de la revue « Qaf Çad » du groupe de recherche sur la nouvelle de la faculté de lettres de Ben Msik où une nouvelle de l'écrivain français « La Ville aux milles musées » était publiée en arabe traduite par Mohamed Zefzaf. Ce texte inédit avait été découvert chez l'écrivain marocain Mohamed El Herradi. Avant cette nouvelle, le seul texte de Chateaureynaud traduit en arabe c'était le roman « L'Autre rive » chez un éditeur libanais à Beyrouth. N'ayant jamais connu Mohamed Zefzaf, c'est donc un pur hasard de ce qu'on pourrait appeler une « fraternité en écriture » qui seule sait outrepasser les limites du temps et de l'espace. Mohamed Zefzaf était lui-même un grand nouvelliste et ce texte semble l'avoir tellement séduit qu'il s'est mis à le traduire en arabe comme s'il aurait voulu satisfaire l'envie de l'écrire lui-même. A la question de savoir ce que cela lui fait de découvrir une de ses nouvelles traduite en arabe par un l'écrivain marocain Mohamed Zefzaf, Châteaureynaud répond : « J'en suis enchanté. Quand on écrit des histoires c'est comme des bateaux ou des bouteilles à la mer. Et de voir tout à coup qu'une des bouteilles a touché terre grâce à la plume d'un autre écrivain c'est évidemment un plaisir ». La nouvelle traduite parle d'un monde en clochardisation dans une ville où il y n'y a que des musées, une ville pour touristes exclusivement et non moins hantée par des nuées d'enfants des rues futurs poètes en guenilles tout le temps pris en chasse par les gardiens des musées. A propos de ce beau texte Chateaureynaud déclare : « Le thème principal de cette nouvelle c'est évidemment la culture. Est-ce que notre culture n'est qu'une ville composée uniquement de musées et est-ce qu'on peut vivre dans une ville qui n'est qu'un immense musée. La culture ne doit pas gêner, étouffer la vie et c'est le sens que je donnais à cette nouvelle. Maintenant chacun peut la lire comme elle veut ». Notre auteur né en 1947 est venu au Maroc une seule fois, il y a des dizaines d'années effectuant un bref séjour à Tanger en passant par Sebta. A la question de savoir si le Maroc l'a inspiré dans l'un de ses textes il répond : « Je me suis servi de ce bref séjour à Tanger dans une nouvelle. Elle est d'abord parue dans un recueil collectif sur les villes. C'est une histoire fantastique. Dans cette nouvelle j'ai fait de Tanger une sorte de ville de l'Au-delà. Le personnage se réveille dans une ville qui ressemble à Tanger, qui pourrait être Tanger et en fait c'est l'Au-delà. A l'époque où j'avais séjourné dans cette ville du nord du Maroc il y avait une ambiance très particulière ». Auteur de nombreux recueil de nouvelles dont « Le Jardin dans l'île » (éditions Zulma dilecta) Châteaureynaud a des filiations aussi bien avec Maupassant qu'avec Edgar Poe sans oublier l'écrivain, pour lui l'un des plus importants, Robert Louis Stevenson auteur de « L'Etrange cas du docteur Jekyll et Mr Hyde »