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Le Japon face à une triple catastrophe, Séisme, tsunami et fusion du coeur de deux réacteurs Des milliers de morts et la crainte d'une catastrophe nucléaire
Les autorités japonaises craignent une fusion du coeur de deux réacteurs d'une centrale nucléaire du Nord-Est endommagée par le séisme de vendredi. Le Premier ministre japonais Naoto Kan a déclaré dimanche que la situation restait grave à la centrale nucléaire de Fukushima 1 estimant que le Japon vit sa plus grave crise depuis la Seconde guerre mondiale, deux jours après les violents séisme et tsunami qui ont frappé le nord-est du pays et dont le bilan pourrait dépasser de très loin les 10.000 morts pour la seule préfecture de Miyagi, selon les estimations de la police locale. Lors d'une réunion avec les responsables des secours, le chef de la police de la préfecture de Miyagi a estimé que le bilan dépassait sans doute les 10.000 morts, a précisé à l'Associated Press Go Sugawara, un porte-parole de la police. La préfecture de Miyagi, qui compte 2,3 millions d'habitants, est l'une des trois préfectures les plus touchées par la catastrophe survenue vendredi. Pour l'heure, le bilan à Miyagi s'établissait à 379 morts confirmés. Selon un bilan officiel, mais toujours provisoire, au moins un millier de personnes ont été tuées au Japon. Parmi elles, figurent 200 victimes dont les corps ont été retrouvés dimanche le long de la côte nord-est. Les autorités recensaient également 678 disparus. Catastrophe nucléaire Au lendemain du séisme de 8,9 degrés de magnitude et du tsunami dévastateur qui a suivi, une explosion puis une fuite radioactive se sont produites samedi au réacteur n°1 de la centrale Daiichi de Fukushima, 240 km au nord de Tokyo, dont le combustible serait entré partiellement en fusion. L'enchaînement d'incidents dans les centrales nucléaires japonaises touchées par le séisme suscite des interrogations sur un risque d'accident majeur et sur les moyens des autorités d'y répondre, dans une région dévastée et désorganisée. Arrêt automatique au moment des fortes secousses telluriques, baisse du niveau d'eau, panne du système de refroidissement, montée anormale de température et de pression, explosion d'un bâtiment : le réacteur 1 de la centrale de Fukushima N°1 a connu une série noire vendredi et samedi. L'Agence de la sécurité nucléaire et industrielle japonaise a classé cet accident au niveau 4 sur l'échelle internationale de mesure appelée Ines, un rang qui signifie qu'il n'y a pas de risque important hors du site", selon les documents de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Les ingénieurs de Tokyo Electric Power Co (Tepco), opérateur de la centrale Daiichi, ont commencé à refroidir le coeur du réacteur n°3 à l'aide d'eau de mer pour éviter une nouvelle explosion, a fait savoir Tokyo, reconnaissant implicitement avoir réagi trop lentement avec le n°1. "A la différence du réacteur n°1, nous avons ventilé et injecté de l'eau à un stade précoce", a expliqué Yukio Edano, secrétaire général du gouvernement lors d'une conférence de presse. Une explosion n'affecterait probablement pas la structure qui renferme le coeur du réacteur, a-t-il toutefois assuré, jugeant peu probable que le combustible soit déjà entré en fusion, ce qui serait catastrophique. Il n'a en revanche pas exclu cette éventualité pour le réacteur n°1. "C'est une possibilité. Nous ne pouvons le confirmer parce que c'est à l'intérieur du réacteur, mais nous gérons la situation sur la base de cette présomption", a-t-il expliqué. Selon David Lochbaum, directeur du programme de sûreté nucléaire à l'Union des scientifiques responsables, le recours à l'eau de mer signifie que le système de refroidissement est totalement hors service. La radioactivité autour de la centrale dépasse le seuil de sécurité mais ne représente pas de "menace immédiate", assure quant à elle la compagnie Tepco. Une évacuation a été ordonnée dans un rayon de 20 km autour de la centrale et 10 km autour des autres installations nucléaires situées à proximité. Environ 140.000 personnes ont quitté la région et les autorités s'apprêtent à distribuer des pastilles d'iode pour prévenir le développement de cancers de la thyroïde. Cent quatre-vingt-dix personnes se trouvaient à moins de 10 km de la centrale lorsque la radioactivité a dépassé le seuil de sécurité et 22 contaminations ont été confirmées jusqu'ici. Avant les révélations au sujet du réacteur n°3, l'agence de sûreté nucléaire des Nations unies avait classé l'accident au niveau quatre sur une échelle qui en compte sept. Tchernobyl a atteint le septième échelon et l'accident de Three Miles Island, survenu en 1979 aux Etats-Unis, était de niveau cinq. Catastrophe humaine Dans les décombres du Nord-Est, les opérations de secours se poursuivent avec l'aide d'équipes étrangères, mais l'inquiétude s'accroît a mesure que l'on découvre l'ampleur de la catastrophe. Selon l'agence de presse Kyodo, le contact a été perdu avec 10.000 personnes dans une localité du nord-est, soit plus de la moitié de la population Selon l'Institut d'études géologiques américain, la magnitude préliminaire du séisme de vendredi a atteint 8,9, mais les autorités japonaises ont relevé dimanche à 9 leur estimation. C'est de toute façon le plus violent séisme jamais enregistré au Japon, un tremblement de terre suivi de plusieurs centaines de puissantes répliques. Les équipes de secours recherchaient des rescapés sur des centaines de kilomètres de côte, tandis que des centaines de milliers de survivants affamés attendaient de l'aide dans des centres d'urgences isolés. D'après la chaîne publique NHK, quelque 380.000 personnes ont été évacuées vers des abris d'urgence, dont bon nombre restaient sans électricité. Au moins 1,4 million de foyers étaient privés d'eau depuis le séisme et 2,5 millions n'avaient plus de courant. De larges secteurs de la campagne restaient hors d'atteinte, cernés par les eaux. Nombre de stations-service étaient fermées et l'essence venait à manquer pour les déplacements en voiture. Si le gouvernement japonais a doublé le nombre de soldats déployés dans le cadre de l'effort de secours, qui atteignait désormais 100.000 hommes, il semblait débordé par cette triple catastrophe. Au tremblement de terre et au tsunami, s'est ajouté en effet un accident nucléaire dans la centrale de Fukushima Dai-ichi, à 270km au nord-est de Tokyo, où une défaillance du système de refroidissement provoquait des craintes pour deux réacteurs. Catastrophe économique Le gouvernement japonais devait se réunir dans la soirée pour évoquer les mesures économiques à prendre pour faire face aux conséquences de la catastrophe. L'impact de la catastrophe sur l'économie japonaise devrait être des plus impact "considérable" a prévenu dimanche le porte-parole du gouvernement nippon, Yukio Edano. "Le tremblement de terre devrait avoir un impact considérable sur les activités économiques d'un grand nombre de secteur", a-t-il averti lors d'une conférence de presse. Nombre d'activités côtières ont été anéanties et les infrastructures ravagées par une vague de dix mètres de haut dans la métropole de Sendai. Pour soutenir l'économie locale, comptant au total pour 8% du Produit intérieur brut (PIB) de la troisième économie du monde, la Banque du Japon a versé dimanche 55 milliards de yen (480 millions d'euros) à treize banques implantées dans la région. La région du Kanto, plus au sud, qui comprend la mégapole de Tokyo et représente 40% du PIB, a été touchée aussi, de façon parfois spectaculaire comme à Iichihara (est de Tokyo), où une raffinerie de pétrole de la compagnie Cosmo Oil a partiellement brûlé. La plupart des infrastructures et bâtiments ont toutefois tenu le choc dans cette zone urbaine stratégique. La filière nucléaire nippone, qui assure entre 25% et 30% de la production électrique nationale, connaît quant à elle la plus grave crise de son histoire depuis qu'une explosion s'est produite samedi dans l'enceinte du réacteur N°1 d'une centrale de la préfecture de Fukushima (nord-est), déréglée par la violence du séisme. Nombre de firmes nippones ont par ailleurs cessé leur activité. Les principaux constructeurs d'automobiles -Toyota, Nissan, Honda, Mitsubishi Motors et Suzuki- ont ainsi annoncé la suspension de l'ensemble de leur production au Japon pour lundi. Cet arrêt des chaînes de production concerne non seulement les usines situées dans les zones touchées par le séisme mais aussi les autres sites du Japon. Ces entreprises fonctionnent en effet en flux tendu et une rupture d'approvisionnement de la part d'un fournisseur peut empêcher une usine de montage de fonctionner.