La volatilité des cours mondiaux du brut, ainsi que les fluctuations, toujours à la hausse, des prix des denrées alimentaires de base rendent de plus en plus précises les menaces annoncées d'émeutes de la faim dans certaines régions vulnérables, comme souligné par de nombreuses études. Le pire, c'est que l'instabilité des marchés mondiaux n'arrange pas les choses puisque certaines régions de la planète seront condamnées durant les années à venir à faire face à de graves pénuries alimentaires, alors que dans les pays les plus pauvres, les prix des denrées de première nécessité vont demeurer hors de portée de la majorité des populations. L'arme alimentaire, on le sait maintenant, est détenue par les multinationales et la faim est désormais un facteur de tensions sociales et d'instabilité politique, voire source de conflits et de migrations de masse. Dans notre pays, la sécurité alimentaire passe par la garantie d'une souveraineté alimentaire à toutes épreuves, c'est-à-dire par moins de dépendance vis-à-vis des cours des marchés mondiaux. Cela est beaucoup plus facile à dire qu'à faire, mais le problème est beaucoup plus complexe avec la libéralisation et le libre-échange qui imposent une logique qui méprise souvent la logique sociale. Il s'agit d'une équation où la politique agricole est au centre de la quadrature du cercle car la nouvelle donne impose de recadrer le Plan Maroc vert vers davantage de périmètres irrigués consacrés aux céréales et davantage de surfaces réservées à des cultures répondant aux besoins alimentaires de base. Il s'agit de favoriser par tous les moyens une agriculture non tournée vers l'exportation, une agriculture capable de développer la paysannerie- sorte de classe moyenne rurale- en développant autour des activités génératrices de revenus à travers l'investissement, la création d'emplois et de richesses en milieu rural. Mais, il n'y a pas que la politique agricole, mais surtout la capacité de garantir que les denrées de base soient disponibles à des prix socialement soutenables pour la majorité. Si la compensation ne profite pas exclusivement aux couches défavorisées, un nouveau système reste à inventer car l'expérience a montré, sous d'autres cieux, que la croissance n'est pas la clé de voûte puisqu'elle peut laisser loin derrière elle les démunis.