Le peuple tunisien vit une sorte d'euphorie et de soulagement après avoir obligé l'ex-président Ben Ali à fuir et à se réfugier en Arabie Saoudite pour échapper à son triste sort et à la vindicte populaire. Le peuple tunisien, qui a souffert des années atroces de la dictature et de l'autoritarisme, a réussi la «Révolution du jasmin » et a mis fin à l'ère de la répression et du bafouement des droits humains. Certes, il y a eu une certaine résistance de lobbies et de la garde présidentielle qui s'opposent au changement démocratique et craignent pour leurs privilèges acquis au détriment du peuple, mais la volonté populaire finira par triompher. La constitution du gouvernement d'union nationale et le retour progressif du calme vont permettre au peuple tunisien de franchir une nouvelle phase de sa vie politique en se dotant d'institutions réellement représentatives, issues des urnes et exprimant les choix authentiques des citoyens. La nouvelle équipe gouvernementale doit assurer le fonctionnement normal des établissements publics et des circuits commerciaux pour répondre aux besoins du peuple et réussir la transition démocratique. Les élections présidentielles, qui seront organisées deux mois après la vacance du pouvoir, donneront l'occasion de mesurer l'engagement authentique pour rompre avec les pratiques du passé et pour concrétiser le changement auquel aspire le peuple tunisien. Du temps de Ben Ali, on était souvent amené à amender le texte de la Constitution pour proroger le mandat présidentiel et permettre au président fugitif de succéder à lui-même. Les consultations électorales ne reflétaient absolument pas la volonté des citoyens et consacraient des résultats qui atteignent 99,99%. D'autre part, le nouveau gouvernement d'union nationale doit veiller à établir la démocratie, assurer le respect des Droits de l'Homme et le pluralisme politique et syndical. Il doit organiser des élections législatives pour doter le pays d'institutions réellement représentatives et pour consacrer la séparation effective entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. La Tunisie, qui a défié la dictature et la répression, a besoin maintenant de sécurité et de stabilité pour garantir un développement humain qui permet au peuple de profiter de ses ressources et de participer à la gestion de ses affaires tant au niveau national que local. Le peuple tunisien, qui respire l'air de la liberté, doit se sentir fier de ce qu'il a accompli et doit être intimement associé aux chantiers de développement dans le cadre de la démocratie participative. Il doit tout mettre en œuvre pour que la transition se passe dans le cadre de la solidarité populaire et de la conjugaison des efforts de tous pour garantir le bien-être et l'avenir des générations présentes et futures et pour trouver des solutions aux problèmes épineux dont a souffert la jeunesse des années durant.