Les Sud-Soudanais ont voté massivement au au référendum d'autodétermination qui a pris fin samedi soir et attendent maintenant le résultat officiel de ce scrutin qu'ils préparent depuis un demi-siècle avec une certitude en tête: ils auront leur pays indépendant. Les bureaux de vote de Juba, capitale de la région semi-autonome du Sud-Soudan, ont fermé leurs portes comme prévu à 18H00 (15H00 GMT). La commission référendaire a annoncé simultanément la fermeture des autres bureaux de vote, et le dépouillement a commencé. Dans un bureau de vote installé dans une école de Juba, des scrutateurs dépliaient précautionneusement chaque bulletin à la lueur de torches électriques avant d'annoncer le vote et de passer le bulletin à deux autres scrutateurs, sous le regard d'observateurs soudanais et internationaux. "Sécession", "sécession", "sécession"... Dans ce bureau, plus de 97% des premières centaines de bulletins réclamaient l'indépendance. A Khartoum, le Congrès national, parti du président soudanais Omar el-Béchir, a annoncé qu'il accepterait de toute façon le résultat du scrutin. "Le référendum s'est déroulé dans le calme et en douceur, avec un grand degré de liberté et d'équité", a déclaré Rabie Abdulatti, un responsable du parti, promettant: "Il est très clair que le parti va accepter le résultat quel qu'il soit, unité ou sécession". Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a appelé samedi les Soudanais et les institutions du pays à "la patience et la retenue" . Dans un communiqué à Bruxelles, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a salué le déroulement "pacifique" du référendum. "Le peuple du Sud-Soudan s'est présenté en grand nombre pour exercer, avec patience et dignité, son droit de voter sur l'autodétermination", a-t-elle souligné. Une heure avant la fin du vote, un évêque de l'église épiscopale de Juba, Paul Yugusuk, avait soufflé dans la "dernière trompette", une sorte de vuvuzela orange, recouverte d'un drapeau du Sud-Soudan. "C'est un signal pour montrer que ce n'est pas seulement la fin du vote, mais la fin de l'esclavagisme, de l'oppression et le début de notre liberté", a-t-il déclaré. Selon la commission, plus de 80% des quelque quatre millions d'électeurs inscrits ont participé au référendum. "C'est un excellent résultat au regard de toutes les normes internationales. J'ai vu plusieurs élections dans ce pays et je peux dire que ce scrutin a été le plus pacifique, le mieux ordonné et le plus tranquille", s'est félicité Mohammed Ibrahim Khalil, président de la commission référendaire. "Nous avons observé un processus très ordonné au Nord comme au Sud", a assuré l'ex-président américain Jimmy Carter, dont la fondation éponyme observe le scrutin. La commission référendaire avait annoncé dès jeudi un taux de participation supérieur à 60%, seuil nécessaire pour la validation du scrutin. Les résultats préliminaires pourraient filtrer au cours des prochains jours, et les résultats définitifs sont attendus pendant la première moitié de février. Mais le triomphe de l'option sécessionniste ne fait plus l'ombre d'un doute pour la population, les analystes et les observateurs: la seule question est de savoir quel sera le pourcentage de soutien à cette option. Dans la capitale soudanaise Khartoum, l'ambiance n'était pas à la fête samedi à la perspective de la partition du plus vaste pays d'Afrique entre un Nord de 32 millions d'habitants, musulmans et en grande partie arabes, et un Sud d'environ neuf millions de personnes qui se considèrent "africaines". La sécession du Sud est une pilule difficile à avaler pour nombre de Nordistes, confrontés de surcroît à une hausse vertigineuse des prix des denrées alimentaires et de l'essence.